Ainsi donc, encore aujourd'hui, Bukavu et sa région sont des zones de guerre. Rien n'y parait pourtant, à première vue : une très jolie ville, construite sur des presqu'îles qui entrent dans le lac Kivu, une architecture coloniale très belle, un climat frais, un lac donc, qui lui donne un air de canton suisse.
Et pourtant, la présence massive de soldats de l'ONU, la kyrielle de véhicules aux sigles d'ONG diverses et variées, et peut-être l'espèce de tristesse générale qui se dégage de la ville, sont autant de signes que rien n'est fini dans les Kivu.
Avec Hippolyte, on fait une petite expo à l'Alliance française, on visite les écoles primaires et secondaires de la ville (magnifiques écoles, surplombant souvent le lac), on rencontre même Arnold, l'enfant-soldat héros du reportage dessiné de Stassen (dans XXI).
Et puis, on prend le temps de ne rien faire aussi, dans cette jolie ville, sinon d'admirer la belle villa du consul de France, ou de sortir un soir et d'aller dans une surréaliste soirée d'humanitaires : des dizaines de jeunes gens, garçons et filles, qui n'ont pas 30 ans, qui parlent anglais, allemand, espagnol, italien, et qui boivent beaucoup, et dansent sur de la variété internationale, comme si soudain, nous n'étions plus au coeur géographique du conflit le plus meurtrier depuis la seconde guerre mondiale, mais dans une quelconque soirée Erasmus.
Mais c'est peut-être justement parce que ces presque gamins voient toute la journée des enfants-soldats, des femmes violées, des paysans déplacés, des victimes civiles du conflit, qu'ils dansent sur les Black Eyed Peas en riant fort. Va savoir.
samedi 20 novembre 2010
Kinshasa - Kananga - Kamina -Kalémie - Bukavu
Neuf heures de vol pour rejoindre Bukavu depuis Kinshasa. Il faut dire que c'est un vol MONUSCO, et qu'il fait de multiples escales dans le pays, soit pour décharger sa cargaison de casques bleus (urugayens, égyptiens, ghanéens...), soit pour en faire le plein.
Bien sûr, il n'y a pas que des soldats dans l'avion (dans *les* avions, puisque j'en changerai 3 fois), il y a aussi du personnel civil de l'ONU, des diplomates étrangers, quelques personnalités congolaises.
Si on excepte les Congolais (et moi), tout ce beau monde ne parle qu'anglais, ce qui ne manque pas de m'étonner/m'agacer alors que nous survolons le plus grand pays francophone du monde.
Chaque escale est un petit bout du pays que je dévore avec avidité, puisqu'il est à peu près sûr que je ne reviendrai jamais dans ces villes perdues du grand Congo.
De Kananga, capitale du Kasaï Occidental, je ne verrai donc que l'aéroport de l'ONU et je n'en garderai comme souvenir que ce sandwich au corned-beef assez dégueulasse qui me filera un mal de bide pour la journée.
Mais en survolant le Nord du Katanga, je découvre l'immense plaine africaine, une interminable plaine bornée par nulle montagne, au milieu de laquelle, sous le couvercle d'un temps orageux effrayant, apparait l'aéroport de Kamina. Un aéroport seul, au milieu de nulle part, sans ville visible à l'horizon (en fait, j'apprendrai qu'elle se trouve à une soixantaine de kms de là), et qui date de Mobutu, des Belges peut-être. C'est très impressionnant.
Puis, dans le dernier coucou, le plus petit du voyage, qui se dirige plein Est, je m'assoupis un peu, et quand j'ouvre les yeux, je vois la mer. Évidemment, ce n'est pas la mer - il ne peut pas y avoir la mer en plein milieu de l'Afrique - mais c'est mieux encore : le lac Tanganyika à perte de vue ! L'avion descend vers Kalémie, et son minuscule aéroport installé sur la rive même du grand lac.
Il fait bon, chaud, un temps d'île tropicale, les eaux du lac sont transparentes, lagonesques, et il y a des hélicos frappés du sigle U.N. qui décollent et atterrissent toutes les 10 minutes.
Enfin, lorsque nous repartons, c'est pour un dernier trajet, cette fois-ci au dessus du Sud-Kivu, direction le lac du même nom, et la ville de Bukavu.
Bukavu, provinces du Sud et du Nord-Kivu, lac Kivu, Goma, l'Est du Congo, c'est l'histoire du pays qui s'est joué ici : Stanley retrouvant Livingstone, la Force Publique affrontant l'armée allemande, la villégiature coloniale belge, les réfugiés du Rwanda au moment du génocide, les kadogos de Kabila s'élançant à l'assaut du Zaïre moribond, la 1ère et la 2ème guerre du Congo... Me voilà parti pour 5 jours dans l'Afrique des grands lacs.
Bien sûr, il n'y a pas que des soldats dans l'avion (dans *les* avions, puisque j'en changerai 3 fois), il y a aussi du personnel civil de l'ONU, des diplomates étrangers, quelques personnalités congolaises.
Si on excepte les Congolais (et moi), tout ce beau monde ne parle qu'anglais, ce qui ne manque pas de m'étonner/m'agacer alors que nous survolons le plus grand pays francophone du monde.
Chaque escale est un petit bout du pays que je dévore avec avidité, puisqu'il est à peu près sûr que je ne reviendrai jamais dans ces villes perdues du grand Congo.
De Kananga, capitale du Kasaï Occidental, je ne verrai donc que l'aéroport de l'ONU et je n'en garderai comme souvenir que ce sandwich au corned-beef assez dégueulasse qui me filera un mal de bide pour la journée.
Mais en survolant le Nord du Katanga, je découvre l'immense plaine africaine, une interminable plaine bornée par nulle montagne, au milieu de laquelle, sous le couvercle d'un temps orageux effrayant, apparait l'aéroport de Kamina. Un aéroport seul, au milieu de nulle part, sans ville visible à l'horizon (en fait, j'apprendrai qu'elle se trouve à une soixantaine de kms de là), et qui date de Mobutu, des Belges peut-être. C'est très impressionnant.
Puis, dans le dernier coucou, le plus petit du voyage, qui se dirige plein Est, je m'assoupis un peu, et quand j'ouvre les yeux, je vois la mer. Évidemment, ce n'est pas la mer - il ne peut pas y avoir la mer en plein milieu de l'Afrique - mais c'est mieux encore : le lac Tanganyika à perte de vue ! L'avion descend vers Kalémie, et son minuscule aéroport installé sur la rive même du grand lac.
Il fait bon, chaud, un temps d'île tropicale, les eaux du lac sont transparentes, lagonesques, et il y a des hélicos frappés du sigle U.N. qui décollent et atterrissent toutes les 10 minutes.
Enfin, lorsque nous repartons, c'est pour un dernier trajet, cette fois-ci au dessus du Sud-Kivu, direction le lac du même nom, et la ville de Bukavu.
Bukavu, provinces du Sud et du Nord-Kivu, lac Kivu, Goma, l'Est du Congo, c'est l'histoire du pays qui s'est joué ici : Stanley retrouvant Livingstone, la Force Publique affrontant l'armée allemande, la villégiature coloniale belge, les réfugiés du Rwanda au moment du génocide, les kadogos de Kabila s'élançant à l'assaut du Zaïre moribond, la 1ère et la 2ème guerre du Congo... Me voilà parti pour 5 jours dans l'Afrique des grands lacs.
vendredi 22 octobre 2010
Crash aérien en RDC
L’accident de l’appareil de la compagnie congolaise Filair, qui s’est écrasé le 25 août à 500 mètres de l’aéroport régional de Bandundu, entraînant la mort de dix-neuf passagers et membres d’équipage, ne serait pas dû, comme cela a été dit officiellement, à une panne de carburant, mais à une panique à bord. Selon un rapport d’enquête sur l’incident, qui porte en exergue la mention « À la demande de CPTA » (Comité professionnel des transporteurs aériens), et le témoignage de l’unique survivant – grièvement blessé –, auxquels J.A. a eu accès, l’appareil, un Let-410 tchèque turbopropulsé (dont le pilote belge et le copilote n’ont pas survécu), transportait en cabine un… crocodile vivant. L’un des passagers avait dissimulé l’animal, qu’il comptait revendre, dans un gros sac de sport dont le saurien s’est échappé alors que l’avion amorçait sa descente sur Bandundu. L’hôtesse, effrayée, s’est précipitée vers le cockpit, aussitôt imitée par les passagers. Déséquilibré, l’appareil est aussitôt parti en vrille, malgré les efforts désespérés du pilote pour le redresser. Si l’on en croit le rapport, une partie des curieux accourus sur les lieux se sont mués en pillards, allant jusqu’à dépouiller de leurs vêtements les corps des victimes. Détail tragicomique : le crocodile, lui, a survécu au crash, avant d’être découpé à la machette. Une vidéo le montre émergeant tranquillement des débris du Let-410…
(source : Jeune Afrique, octobre 2010)
(source : Jeune Afrique, octobre 2010)
jeudi 14 octobre 2010
Les Afriques de Papa
Une expo qui risque d'être chouette pendant Kin Anima Bulles, c'est celle-là : "Les Afriques de Papa".
Elle aura lieu à l'espace Sadi, un lieu typiquement kinois, un peu à l'arrache, dans une parcelle en semi-friche, et on y trouvera des oeuvres de 5 auteurs/artistes venus du Nord et du Sud : le génial Papa Mfumu'eto 1er (grand prêtre de la peinture mystico-religio-secrète africaine), Hippolyte (qui présentera des trucs autour de son bouquin "L'Afrique de Papa"), Jean-Philippe Stassen (qui exposera son travail de "L'Etoile d'Arnold", ébouriffant reportage-bd sur le Kivu paru dans la revue XXI), Arnaud 2bal (plasticien belge et kinois allumé), et Joe Dog (le Bitterkomix du Cap, qui montrera des trucs de son "Pappa in Afrikka").
Dire et écrire
dimanche 10 octobre 2010
Sur les pistes du Bas-Congo
Zongo ! C'est le nom des chutes de la rivière Inkissi, à environ 140 kms de Kinshasa, dans la province du Bas-Congo.
Après une portion de la route de Matadi, il faut tourner à droite et s'enfoncer dans la brousse, en suivant une piste dans un état à peu près merdique (surtout au retour, quand il pleut) sur une petite soixantaine de kilomètres.
On passe une multitudes de villages, de hameaux même, dans lesquels les enfants hurlent "Mundele ! Mundele !" quand ils nous aperçoivent, puis, après deux ou trois heures de poussière, la brousse devient plus verte, car nous approchons de la rivière Inkissi.
Les chutes Zongo tombent dans une sorte de dépression du terrain, et c'est assez spectaculaire. Un peu plus loin, la rivière rejoindra le fleuve Congo, qui fait encore la frontière entre les deux pays du même nom, mais dont le flux semble bien plus rapide qu'à Kinshasa.
Après une portion de la route de Matadi, il faut tourner à droite et s'enfoncer dans la brousse, en suivant une piste dans un état à peu près merdique (surtout au retour, quand il pleut) sur une petite soixantaine de kilomètres.
On passe une multitudes de villages, de hameaux même, dans lesquels les enfants hurlent "Mundele ! Mundele !" quand ils nous aperçoivent, puis, après deux ou trois heures de poussière, la brousse devient plus verte, car nous approchons de la rivière Inkissi.
Les chutes Zongo tombent dans une sorte de dépression du terrain, et c'est assez spectaculaire. Un peu plus loin, la rivière rejoindra le fleuve Congo, qui fait encore la frontière entre les deux pays du même nom, mais dont le flux semble bien plus rapide qu'à Kinshasa.
dimanche 3 octobre 2010
Petits blancs
Je ne me souviens plus si j'avais posté ce lien sur les photos de Finbarr O'Reilly, qui montre une sudafriquie blanche et paupérisée, assez loin des clichés habituels sur les Afrikaners.
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