Un Premier ministre qui va puiser dans les discours dâanciens parlementaires honnis, parmi lesquels, celui quâil avait décrit comme lâadepte du âno entryâ parce quâil avait demandé la légalisation de la sodomie, et, ensuite, celui quâil dépeint avec une délectation un peu suspecte comme ayant, dans une main, un verre de Blue Label et, dans lâautre, un cigare, pour expliquer que ce nâest pas demain la veille que son gouvernement présentera le Freedom of Information Bill promis, parce que câest trop compliqué, il faut avouer, que câest pas banal et que câest plutôt déroutant.
Mais quâest-ce qui est logique de nos jours?. Le MSM, ce parti qui se veut majoritaire par le nombre de ses élus à lâassemblée Nationale, qui choisit de ne pas participer à lâexercice démocratique dâune partielle provoquée par la démission dâun de ses anciens députés mais qui ne ratera, par contre, pas le rendez vous du tam-tam du 1er-Mai, cela dépasse lâentendement. Mais lorsquâon a les moyens de mobiliser ses troupes, de payer les autobus, lâescapade à la plage et le briani, pourquoi sâen priver?
Le Premier ministre aura eu le temps, avant dâharanguer ses partisans le 1er mai, de faire un saut à Londres, le temps du sommet du Commonwealth et peut-être aussi en profiter pour discuter avec ses avocats, ceux qui vont le représenter devant le Privy Council dans lâappel interjeté dans lâaffaire Medpoint. Ãgalement abonné aux tribunaux, Navin Ramgoolam, très discret depuis que lâIntegrity Reporting Services Agency a décidé de bloquer les Rs 220 millions découverts dans ses coffres personnels. Ce qui signifie que ses déboires judiciaires sont partis pour durer.
Et comme si tout cela nâétait pas assez éprouvant, il a, ces derniers jours, dû arbitrer un conflit entre son chef de file au Parlement, Shakeel Mohamed et son ancien ministre Asraf Dulull, celui qui avait été confronté à la fameuse affaire Bel Air. Navin Ramgoolam doit, à lâapproche du congrès du PTr, songer à la redistribution des responsabilités au sein du parti. La lutte sâannonce assez âpre pour certains postes, pas celui de leader, certes, mais celui de Deputy Leader, libre depuis le retrait de Rashid Beebeejaun. Ceux qui y voyaient Arvin Boolell, légitimé par sa victoire au No 18 et son retour au Parlement, devront sans doute repasser.
Quant au PMSD â qui, lors de la campagne pour la partielle dans le supposé fief de son leader Xavier Duval â, il avait pris lâengagement public et solennel dâaller seul aux prochaines élections générales. Or, il a dû vite redescendre sur terre après avoir vu filer la caution de son candidat au No 18 et finir par admettre lâévidence quâil ira en alliance, sans, bien entendu, dire si câest avec son partenaire le plus récent le MSM ou celui, historique, quâest le PTr. Mais sâil ne déclare pas clairement ses intentions, il semble avoir une préoccupation, pour ne pas dire une obsession: lâalliance MSM/MMM, un thème majeur, presque quotidien, de ses interventions publiques depuis la partielle.
Justement, une partie du MMM semble très troublée par les appels du pied répétés du MSM en direction de leur parti. Après Sir Anerood Jugnauth, qui a dit que Paul Bérenger était un âbon Premier ministreâ, que même un Joe Lesjongard a statué que Xavier Duval nâétait pas un bon leader de lâopposition, en tout cas, pas autant que son prédécesseur, le leader du MMM, les spéculations vont bon train.
Or, ceux qui peinent encore à se remettre de la claque retentissante de décembre 2014 rejettent tout rapprochement avec le parti orange. Ceux-là se posent la question de savoir si câest leur triste destin de venir jouer les nettoyeurs, les sauveurs, les pourvoyeurs de sérum ou les roues de secours des gouvernements après chaque quatre ans de gestion calamiteuse et pourrie, comme hier avec le PTr et aujourdâhui avec le MSM, sans sâexposer au rejet et au dégoût.
Ceux-là préfèrent que leur parti garde son âme, quâil prenne le difficile pari de tomber dans la dignité et lâhonneur plutôt que de se fourvoyer dans des petits arrangements de circonstance. Ces questions vont à lâévidence agiter les mauves, déjà bien secoués par leurs interminables contradictions internes et leurs querelles, qui relèvent plus de la lutte des places que de la position de principe. Ce qui est dramatique pour un parti qui avait fait de son programme la lutte des classes plutôt que la lutte des races!
La politique a, de toute évidence, pris une tournure pathétique à Maurice. Il y a un grand désarroi au sein de la population. Hier, on se contentait du moins pire parmi les âtous pareilsâ. Aujourdâhui, on ne sait vraiment plus à qui se fier. Parce que lâhistoire aussi récente quâancienne a amplement démontré quâon nâest jamais à lâabri dâun rabibochage malsain ou dâun rapprochement même lorsquâil est donné comme improbable.
Et câest à ce titre que lâon ne doit absolument pas sâétonner, mais au contraire sâinquiéter que ce nâest plus seulement les jeunes qui sâéloignent du débat public. Le phénomène de désaffection est généralisé puisquâil touche désormais toutes les tranches dââge. Le taux de participation baisse à tous les scrutins, comme à la dernière partielle à Belle-Rose/ Quatre-Bornes, alors que ceux qui ne sont pas inscrits ne se pressent plus pour se trouver sur la liste électorale. Ils nâen ont cure.
à charge maintenant pour ceux qui pèsent encore un peu sur lâéchiquier politique de prendre la mesure de lâurgence de la situation, à rompre avec leur pratiques désuètes et à offrir un peu dâespérance aux Mauriciens. En étant irréprochables dans leurs postures, en se prononçant clairement sur leurs projets et leurs intentions, en ramenant un peu de modestie dans la spirale de ce âpouvoirismeâ qui a colonisé lâesprit des décideurs. Il est, peut-être, tard mais qui dit quâun sursaut doit être totalement exclu!