La récolte sucrière 2024 touche à sa fin marquée par des défis structurels et climatiques qui ont sévèrement impacté la production nationale. La Chambre d’Agriculture a publié un communiqué cette semaine détaillant les progrès de la campagne, confirmant une diminution significative des volumes de sucre produits par rapport aux prévisions initiales.
Au 30 novembre, près de 90% des superficies de canne avaient été récoltées, avec environ 2 010 595 tonnes de cannes usinées et une production de 206 887 tonnes de sucre, correspondant à un taux d’extraction moyen de 10,29%.
n Facteurs déterminants : climat et logistique
Plusieurs facteurs ont contribué à une baisse notable de la productivité :
1. Conditions climatiques. Depuis mi-août, la productivité moyenne aux champs a chuté de 77,3 TCH (tonnes de canne par hectare) à 68,8 TCH, soit une baisse de 10,6% en 14 semaines. Cette tendance est principalement attribuée à un manque d’eau, causant un dessèchement des cannes.
2. Baisse du taux d’extraction. Après une période de progression normale, une réduction de 6,5% du taux d’extraction a été enregistrée au cours des quatre dernières semaines.
3. Problèmes logistiques et de main-d’œuvre.Le manque de personnel pour la coupe, le chargement, et le transport des cannes a prolongé les délais entre la récolte et l’usinage. Résultat : un volume significatif de cannes avariées, perturbant les processus de broyage et réduisant la qualité globale du sucre produit.
n Révision à la baisse des prévisions. Face à ces contraintes, le Crop Estimate Coordinating Committee (CECC) a, lors de sa réunion du 3 décembre 2024, abaissé pour la troisième fois ses estimations de production de sucre pour 2024. Initialement fixée à 250 000 tonnes en juin, cette estimation a été révisée à 225 000 tonnes.
Par ailleurs, selon le communiqué de la Chambre d’Agriculture, il est probable que certains champs, notamment ceux appartenant à des petits planteurs, ne soient pas récoltés avant la fin de la campagne. Une perte estimée à 5 000 tonnes de cannes pourrait ainsi être enregistrée, aggravant davantage les difficultés des producteurs.
n Un secteur en quête de solutions. L’industrie sucrière, autrefois pilier de l’économie mauricienne, fait face à une convergence de défis, notamment :
l Un déficit structurel de main-d’œuvre, nécessitant une réflexion sur des solutions mécanisées ou des incitations pour mobiliser la force de travail locale
l Des infrastructures logistiques insuffisantes, exacerbant les retards et la détérioration des récoltes
l Le changement climatique, qui impose une gestion plus proactive des ressources en eau et des techniques agricoles adaptées
n Un nouveau modèle économique pour survivre. Alors que la production de sucre continue de diminuer, l’industrie sucrière mauricienne doit urgemment repenser son modèle économique pour survivre. Une stratégie intégrée, incluant des investissements dans l’irrigation, la mécanisation, et une meilleure coordination logistique, semble incontournable pour redonner un souffle à ce secteur emblématique.
Avec la fin imminente de la campagne, les attentes sont fortes quant à une prise de position claire des parties prenantes, y compris le gouvernement, pour assurer la pérennité d’une industrie confrontée à de nombreux défis.