Le gouverneur de la Banque de Maurice, Rama Sithanen, s’est engagé, dans un exercice d’équilibriste pour mettre les points sur les « i » dans deux deux scandales survenus sous le précédent stewardship de Harvesh Seegoolam et susceptibles d’affecter cette institution. Dans le premier cas, soit une fraude de Rs 47 millions (1 million de dollars américains) au guichet de la Mauritius Investment Corporation Limited (MIC), impliquant la société Pulse Analytics — même si Rama Sithanen n’a pas cité le nom, la responsabilité de l’ancien Chief Executive Officer de la MIC, Jitendra Bissessur, est engagée à différents niveaux, dont un cas avéré de forgery dans les minutes of proceedings, est engagée de plein fouet. En guise de défense devant ces faits accablants, intervenant juste à la veille des dernières élections législatives, l’ex-CEO, qui avait voulu reprendre son poste à la Banque centrale, a impliqué un Top Wallah de la BoM Tower. Dans l’autre scandale, dont le gouverneur de la Banque de Maurice a cité nommé, notamment Silver Bank, la complicité du ministère des Finances est dénoncée dans la mesure où des fonds publics de l’ordre Rs 550 millions sont à risques, de même que des placements de la municipalité de Curepipe, de la NIC et du SIFB sont également concernés.
Dans le cas de Pulse Analytics, société qui était engagée dans la publication régulière de sondages, donnant l’Alliance Lepep victorieuse aux dernières élections générales et détails repris et publiés par au moins un quotidien de manière systématique, Rama Sithanen n’a pas mâché ses mots. « It’s a clearcut case of defrauding public funds… Tou inn pass vit-vit », s’est-il appesanti avec force. Cette fraude a été commise le 28 octobre, littéralement à la veille des dernières élections générales, avec les fonds transférés à l’étranger le même jour.
« C’est un cas qui a sauté aux yeux très vite alors que nous avons commencé à faire des exercices sur les transactions, classées dans la catégorie de very high risk », a fait ressortir Rama Sithanen, qui ajoute que cette transaction a été dénoncée notamment par les membres du conseil d’administration de Pulse Analytics. Des membres du conseil d’administration de MIC affirment n’avoir pas été mis au courant de ce décaissement. Même une clause concernant ces conditions imposées par la MIC ayant trait au use of funds n’a pas été respectée, de même qu’aucune des 28 conditions agréées dans le term sheet.
« La Banque de Maurice fera tout son possible pour recouvrer les fonds defrauded de la MIC. Une partie peut être récupérée, mais une autre partie a déjà quitté le pays. Les officiers de la MIC ont déjà consigné une déclaration à la police. Les fonds ont été décaissés en une seule tranche. La Banque de Maurice est en mesure de retracer le mouvement des fonds », a-t-il rassuré. Il a aussi confirmé que le dénommé Jitendra Bissessur a impliqué d’autres hauts officiels de la Banque de Maurice dans ce cas de fraude et que l’enquête policière suit son cours.
Dossier explosif
D’autre part, Rama Sithanen a aussi révélé qu’il est actuellement en présence du dossier explosif de la Silver Bank qu’il considère comme un lost case, même si la Banque de Maurice veut donner une dernière chance aux tentatives en vue de la remettre à flots. il a dénoncé le fait que le propriétaire de la banque est une femme alors que des prêts étaient accordés à son mari.
« De plus, la vitesse à laquelle des prêts étaient accordés à des personnes qui ne le méritaient pas est impressionnante. Même un comité du ministère des Finances avait placé des fonds publics dans cette banque », a révélé Rama Sithanen, qui a fait part de son étonnement devant cette démarche, alors que la banque venait d’ouvrir ses portes.
Afin de mieux cerner la situation, le gouverneur de la Banque de Maurice a expliqué que les loans and advances de la Silver Bank sont estimés à Rs 8,3 milliards, alors que l’impairment provision est de Rs 8 milliards. La municipalité de Curepipe, la NIC, la SIFB et le ministère des Finances ont effectué des placements dans cette banque. Le ministère des Finances aura déjà effectué des retraits d’une partie de son argent, mais il lui reste encore Rs 550 millions à la Silver Bank. « La complicité entre le ministère des Finances et cette banque est évidente. Il faut prendre des décisions tôt aux ou tard », s’insurge-t-il.
Rama Sithanen, qui a mis l’accent sur son devoir de confidentialité, a consacré une large partie de la conférence de presse au fonctionnement de la MIC, une subsidiaire de la Banque de Maurice, mais opérant comme une compagnie privée limited by shares sous la Companies Act. « La MIC a soutenu quelque 70 compagnies tombant dans quatre catégories. Il ne faut faire ni des amalgames ni des confusions afin d’éviter des unintended consequences, qui ne sont pas bonnes pour le pays », maintient-il.
Les compagnies tombant dans la première catégories sont celles qui honorent leurs engagements, même s’il existe quelques problèmes en voie d’être résolus. La deuxième catégorie comprend des compagnies honorant leurs engagements, mais font face à des problèmes du fait que leurs biens sont partially secured.
La troisième catégorie concerne celles qui ont des problèmes financiers et la MIC leur a déjà adressé des rappels à l’ordre pour des arriérés. Il y a une quatrième catégorie composée de ceux qui ont essayé de frauder.
Concernant les fonds dont disposait la MIC, Rama Sithanen a expliqué que les 2 milliards de dollars, soit Rs 81 milliards, n’ont jamais été puisés des réserves de la Banque de Maurice.
« En fait, elle a été créée par un jeu d’écriture. Ce qui explique la dépréciation de la roupie, etc. La Banque de Maurice a créé Rs 81 milliards, investies sous forme d’Equity dans la MIC. Les Rs 81 milliards ont été répartis comme suit : Rs 25 milliards (31%) ont été allouées à Airport Holding Limited. 27% ont été consacrées à des secured redeemable debentures, dont une grande partie au secteur de l’hospitalité, et 10% dans des investissements fonciers et finalement 3% dans l’equity. Ce qui totalise 71% de Rs 81 milliards. Le reste des fonds est constitué de deux composantes ; une partie a été committed et une autre partie est non-committed et non-disbursed », dit-il encore.
Commentant la performance, Rama Sithanen a affirmé que « la MIC a dégradé le balance sheet de la Banque de Maurice en raison de l’impairment d’Air Mauritius. » Il a ajouté avoir eu des consultations avec le Fonds monétaire international sur toute la question en fin de semaine écoulée et qu’il faudra élaborer un alternative institutional arrangement pour la MIC en vue de restituer à la Banque de Maurice sa mission première de Banque centrale.