Navin Ramgoolam : « L’économie mauricienne à un point critique, mais nous rebâtirons »


Le Premier ministre Navin Ramgoolam, a, lors d’une déclaration au Parlement ce mardi 10 décembre, dressé un tableau sombre de la situation économique de Maurice. Armé de chiffres, il a décrit une économie fragilisée, marquée par une dette publique record, un déficit budgétaire aggravé et une inflation galopante. Il a par ailleurs conclu sur une note optimiste, affirmant que son gouvernement mettra tout en œuvre pour redresser le pays.

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Selon les données dévoilées, la dette publique de Maurice a atteint Rs 559,1 milliards à la fin juin 2024, soit 83,4 % du PIB. Cette augmentation est attribuée à plusieurs facteurs, notamment des injections de fonds publics pour soutenir des entreprises publiques en difficulté et des projets mal gérés, tels que le métro express et des logements sociaux. Entre 2014 et 2024, la dette a plus que doublé, augmentant de Rs 321 milliards.

En parallèle, le déficit budgétaire pour l’exercice 2023-2024 a été révisé à Rs 38 milliards, représentant 5,7 % du PIB. Ce chiffre dépasse largement les prévisions initiales de Rs 27,4 milliards. Cette détérioration est due à une baisse des recettes fiscales (-Rs 13,8 milliards) et à des dépenses mal planifiées. Par exemple, les recettes prévues provenant de la TVA et des droits d’accises sur l’alcool et le tabac ont été largement surestimées.

Bien que l’inflation ait légèrement baissé à 3,7 % en 2024, elle reste préoccupante en raison de l’augmentation constante des prix des produits de première nécessité. Entre 2019 et 2024, le coût de nombreux biens essentiels a augmenté de 10 à 114 %, affectant gravement le pouvoir d’achat des Mauriciens, en particulier les ménages les plus vulnérables.

Plusieurs entreprises publiques sont confrontées à des déficits alarmants. Parmi elles :

  • State Trading Corporation : déficit de Rs 5,6 milliards.
  • Wastewater Management Authority : déficit de Rs 527 millions.
  • Central Electricity Board : découvert bancaire de Rs 5,49 milliards.
  • Mauritius Post Ltd : pertes de Rs 83 millions, avec un déficit cumulé de Rs 2 milliards dans ses fonds de pension.

Ces chiffres reflètent une mauvaise gestion financière et un manque de transparence dans les décisions stratégiques selon le rapport du Premier ministre.

Navin Ramgoolam a également critiqué la gestion de la Mauritius Investment Corporation (MIC), créée pour injecter Rs 81 milliards dans des entreprises en difficulté. Financé par l’impression monétaire, ce programme a amplifié les pressions inflationnistes et exposé la Banque de Maurice à des risques financiers significatifs.

La Banque de Maurice n’a pas ajusté sa politique monétaire de manière appropriée ces dernières années, notamment en tenant compte de la situation économique globale et des tendances des taux d’intérêt dans d’autres pays comme les États-Unis.

Cela a conduit à une situation où les taux d’intérêt sur les actifs financiers en dollars américains (USD) étaient beaucoup plus élevés que ceux des actifs en roupies mauriciennes. En conséquence, la roupie s’est dépréciée plus rapidement, ce qui a contribué à augmenter l’inflation dans le pays.

Le document souligne qu’il est impératif de revoir complètement cette approche de la politique monétaire pour éviter de tels déséquilibres à l’avenir.

Critiquant sévèrement la gestion économique précédente, il a qualifié les pratiques de « voodoo economics ». Selon lui, ces approches irresponsables ont compromis l’avenir du pays et des générations futures.

Malgré ce diagnostic inquiétant, le Premier ministre a dévoilé un plan pour stabiliser et redresser l’économie mauricienne. Parmi les mesures annoncées :

  1. Réduction de la dette publique : adoption de politiques fiscales rigoureuses pour ramener la dette à un niveau soutenable.
  2. Réformes structurelles : mise à jour des cadres de gouvernance dans les secteurs essentiels comme l’énergie, l’eau et les infrastructures.
  3. Renforcement des institutions économiques : restauration de la transparence pour regagner la confiance des investisseurs et des partenaires internationaux.
  4. Soutien aux ménages : contrôle des prix des produits de première nécessité et subventions ciblées pour les groupes vulnérables.

Malgré les défis, Navin Ramgoolam a affirmé avec conviction : « Ils ont hypothéqué l’avenir de nos jeunes, mais nous redresserons ce pays. » Il a lancé un appel à la solidarité nationale, insistant sur le fait que la coopération entre le gouvernement, le secteur privé et les citoyens sera essentielle pour construire un avenir meilleur.

Ci-dessous le rapport complet de la situation économique qu’a dévoilé le nouveau Premier ministre au Parlement ce mardi 10 décembre.

State of the Economy by Le Mauricien

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