Le ministre des Utilités publiques, Patrick Assirvaden, fait part de ses inquiétudes concernant l’âge des moteurs de la station de Fort-Georges et des turbines à gaz de Nicolay
La consommation d’énergie électrique dans le pays a atteint le niveau record de 545,7 MW à 21h dans la soirée de mercredi. C’est ce qu’a constaté hier le ministre des Utilités publiques, Patrick Assirvaden, lors d’une visite hier à la station de Fort-Georges, à Port-Louis, en compagnie du président du board du Central Electricity Board (CEB), Hassen Fakim, et du Production Manager, Shamshir Mukoon. Munis de casques antibruit, les visiteurs ont effectué une tournée de la station, où les cinq moteurs étaient en opération, générant autour de 130 MW en permanence. Ces derniers sont alimentés par une moyenne quotidienne de 450 tonnes d’huile lourde.
Le ministre a également visité la centrale thermique de turbines à gaz de Nicolay, qui dispose de trois turbines de 20, 22, 34 MW, âgées de 20 à 30 ans. Celles-ci sont alimentées par du Jet 1 Fuel, utilisé d’ordinaire par les avions, et transformé ici en gaz pour faire tourner les turbines.
Le poids de l’âge sur les moteurs et les turbines est cependant visible, comme le souligne Shamshir Mukoon. Avant que celui-ci donne sa garantie que ces moteurs sont toujours en mesure de répondre à la demande des Mauriciens « grâce au génie des techniciens du CEB ».
Ces moteurs sont démontés et remontés chaque année lors d’exercice de révision. Ce qui constitue un travail extrêmement délicat, dit-il. Un certain nombre de pièces essentielles sont conservées en réserve par le CEB, alors que les pièces plus rares, elles, doivent faire l’objet de commandes et être quelquefois fabriquées par les fabricants concernés.
Dans une déclaration à la presse, le ministre Assirvaden dit avoir choisi de visiter les stations de Fort-Georges et de Nicolay afin de constater de visu la situation. « Ces stations constituent une source d’inquiétudes majeures. Ces cinq moteurs dont dispose la station de Fort-Georges sont âgés de 25 à 33 ans. Les cinq moteurs qui produisent 130 MW d’électricité continuent de répondre à la demande. Dans d’autres pays, ces moteurs sont considérés comme “Vintage” et auront déjà été remplacés. À Maurice, ces moteurs continuent de fonctionner avec la même vigueur grâce aux ingénieurs mauriciens. Mais combien de temps cela durera-t-il ? Cette question est posée depuis une dizaine d’années sans qu’aucune décision n’ait été prise. La nécessité de les renouveler a été évoquée de manière systématique et en même temps que nous évoquions la nécessité d’une transition énergétique », affirme-t-il.
À Nicolay, les trois turbines à gaz exploitées tournent à perte au coût de Rs 17/KWh alors qu’elles sont supposées être utilisées en cas d’urgence. Or, elles sont utilisées à plusieurs reprises par jour à la demande du CEB.
Le ministre s’est aussi dit surpris que le Peak Record ait été atteint aussi tôt. « Nous avions prévu d’atteindre le niveau de 544 MW en février. Or, en janvier, la pointe de 545,7 MW a déjà été réalisée. Nous ne savons pas quel sera le niveau de la demande en février. J’ai toujours pensé que les Peak Hours se situaient entre 18h et 21h. Mais cette fois, nous avons appris que la pointe a été enregistrée à 21h. Les choses sont plus sérieuses que nous ne le pensions », poursuit-il.
Deux réunions d’urgence ont été organisées au niveau du ministère hier avec les ingénieurs du CEB. Une rencontre, présidée par le Deputy Prime Minister Paul Bérenger, a été convoquée pour mardi prochain afin de passer en revue la situation. Patrick Assirvaden a par ailleurs annoncé qu’il comptait visiter très prochainement les centrales thermiques des IPPs, dont les moteurs ont atteint 25 ans et n’ont toujours pas été été remplacés. Le ministre et les ingénieurs présents attribuent cette hausse de la demande d’électricité aux fortes chaleurs, qui sont associées à l’humidité, forçant de nombreuses familles à avoir recours à des climatiseurs et des ventilateurs.
Patrick Assirvaden s’est aussi appesanti sur l’importance du Security of Supply. Il est revenu sur la nécessité d’avoir recours à d’autres sources de carburants, dont le Gaz naturel liquéfié (GNL), qui peut produire de l’électricité de manière plus efficiente. « Après l’indécision de l’ancien gouvernement, il importe qu’une décision rapide soit prise, car le processus menant à la mise en opération d’une station fonctionnant au GNL prend au moins trois ans », précise un ingénieur du CEB. Amenant le ministre à dire que « le temps presse ».
Coupures à répétition
Ce n’est un secret pour personne : si le réseau électrique tient toujours, malgré l’apparente vétusté de ses installations, les coupures de courant, elles, semblent se multiplier avec le temps. Preuve encore ces derniers jours, où plusieurs régions du pays ont été privées d’électricité un certain temps, soit, comme le disent les messages automatiques du CEB, « jusqu’à l’achèvement des travaux ».
Une petite phrase qui en a néanmoins frustré plus d’un, notamment dans la région de Notre-Dame/Bois-Pignolet, qui, du fait d’un important problème survenu sur un transformateur de l’endroit, auront dû patienter pas moins de 14 heures, soit entre 23h mercredi soir et 13h jeudi, avant de pouvoir à nouveau bénéficier de la fourniture électrique. La coïncidence veut qu’au même moment le ministre des Utilités publiques, Patrick Assirvaden, visitait la station de Fort-Georges et les turbines à gaz de Nicolay pour un constat de la situation.