L’option de contourner le Royaume-Uni pour ouvrir des négociations avec Maurice pour un Separate Deal sur Diego-Garcia
Depuis une dizaine de jours, le dossier du Chagos Deal est au point mort que ce soit entre Londres et Washington ou encore avec Port-Louis. C’est le cas de le dire avec l’investiture du 47e président des États-Unis, Donald Trump, à la Maison-Blanche et la décision de donner à la nouvelle administration américaine l’occasion de procéder à un examen complet du Chagos Deal conclu entre Londres et Port-Louis. Ce qui n’a pas empêché l’entourage du président Trump de faire monter les enchères avec des déclarations à l’emporte-pièce au sujet d’un éventuel veto au Chagos Much Better Deal réclamé par le Premier ministre, Navin Ramgoolam.
En cette fin de semaine, la guerre des nerfs anglo-américaine est montée d’un cran dans le sens que Washington se met à jouer avec l’idée d’ouvrir des négociations directes avec Maurice sur l’avenir de la base militaire des Américains à Diego Garcia, voire même les îles de l’archipel des Chagos dans leur ensemble. Jusqu’ici, l’Administration américaine s’est toujours refusée de s’entretenir directement de la question des Chagos avec Maurice. À chaque fois, dont la dernière remonte à la fin de l’année dernière, les Américains, en l’occurrence l’ancien secrétaire d’État américain, Antony Blinken, avaient renvoyé Navin Ramgoolam à des interlocuteurs britanniques sur le Chagos Deal.
Toutefois, pas plus tard que hier après-midi, la presse internationale faisait écho de ces éventuelles consultations américano-mauriciennes sur les Chagos, en contournant le Royaume-Uni. Difficile de se prononcer sur cette éventualité ou encore si cette fuite relève de la Diplomatic Warfare Outre-Atlantique en vue d’acculer les Anglais. Le fait demeure que l’entourage de Donald Trump ne serait pas très à l’aise avec les dispositions de l’accord arrêté sur les Chagos.
« US officials are apprised of the threat the deal poses to its nuclear capability in the region. There were suggestions in recent days that if Starmer pushed the deal through the new administration would respond by blocking Mandelson’s appointment as ambassador. The situation has since settled somewhat as Labour continues to claim they can persuade the US to go along with the deal », indiquait une dépêche, hier.
De ce constat, l’option des négociations directes avec Maurice est formulée. « From that a new idea is beginning to gain some traction – a separate deal between the US and Mauritius if the British government continues with its sell out. The US could purchase the British Indian Ocean Territory, or part of it, and place it under sovereign control », poursuit cette même dépêche.
À Maurice, l’Hôtel du Gouvernement suit les dernières tractations politiques et diplomatiques en cours tout en évitant de se prononcer de manière formelle. « We can’t say at the moment », faisait-on comprendre hier soir en ajoutant que « some feelings have been sent to people on the close circle of the President (Trump). »
Par ailleurs, à Londres le Foreign Secretary, David Lammy, est ciblé dans une campagne à l’effet que les membres de la Communauté chagossienne n’ont pas été consultés en dépit des déclarations officielles. Cette offensive a été initiée au sein du parti Travailliste britannique. C’est ce qu’indique The Independent à ce sujet, hier après-midi.
« Speaking at a meeting at Portcullis House for MPs to engage with indigenous Chagossian people, Peter Lamb, Labour MP for Crawley, claimed there is “certainly evidence” that statements made in the Commons by the foreign secretary do not appear to be true, referencing claims that the government has engaged with the Chagossians throughout the process of striking a deal », rapporte le quotidien.
Toutefois, le Foreign Office rétorque en faisant état de deux rencontres avec les Chagossiens, en l’occurrence le 30 septembre et le 3 octobre de l’année dernière. Mais un des participants avance que la première réunion avait duré une trentaine de minutes et la seconde une dizaine.
D’autre part, le Foreign Secretary Lammy avait affirmé que « it is hard to get one view from the Chagossians as there are Chagossians in the Seychelles, in Mauritius and in the United Kingdom, saying the government will continue to do all we can to support them. »
Pour sa part, un porte-parole du gouvernement britannique soutient que « the negotiations were between the UK and Mauritius with our priority being to secure the full operation of the base on Diego Garcia. »
D’autre part, le dossier des Chagos a été de nouveau évoqué lors des débats à la House of Lords, Londres, hier soir. La Parliamentary Under-Secretary of State, Foreign, Commonwealth and Development Office, Baroness Chapman of Darlington, répondant aux interpellations des Lords, maintient que « this deal protects UK and US national security interests by ensuring the long-term effective operations of the base. However, given the importance of the base to the US, it is right that the new Administration have the chance to consider the full agreement. We look forward to discussing the deal with them, which will include sharing the full detail of what has been agreed, including the detailed protections that we have secured for the base. »
Le Hansard de la séance d’hier soir rapporte que face aux pressantes questions de l’opposition conservatrice, Baroness Chapman of Darlingon a affirmé que « of course we are aware that the ICJ ruling is advisory—we have discussed it many times in this House—but just because that ruling was advisory does not mean that there would not be future rulings. We believe that we are in a stronger position to negotiate ahead of a binding ruling than we would be waiting for one. Interestingly, the previous Government shared that view, which is why they commenced two years and 11 or 12 rounds of negotiations themselves. We are working very closely with the new Administration in the United States, and we will talk to them in great detail about what this deal means. »