Changing of the guard à la State House

Après avoir participé à l’installation du nouveau gouvernement et procédé à des nominations constitutionnelles clés, l’ex-président de la République, Pradeep Roopun, ainsi que son adjoint, Eddy Boissezon, ont cédé la place à Dharam Gokhool et Robert Hungley respectivement à la tête de l’État. Ce Changing of the Guard sera officialisé avec la cérémonie de prestation de serment ce samedi.
Les deux anciens dirigeants ont sans doute été très actifs sur le plan social, mais n’ont en fin de compte pas beaucoup marqué les esprits tant ils ont joué un rôle plutôt effacé. On leur reproche même, dans certains quartiers, de ne s’être jamais manifestés, même oralement, pour rappeler à l’ordre les principaux concernés lorsque la démocratie et la liberté d’expression des parlementaires étaient bafouées. Ils n’ont rien dit non plus alors les institutions étaient battues en brèche.
On ne les a pas non plus entendus à l’époque du naufrage du MV Wakashio, lorsque l’environnement marin était en danger. Leur inaction était telle que certains partis politiques avaient commencé par réclamer l’abolition de la fonction de vice-président. Des législations, comme la FCC, ont en outre été adoptées en quatrième vitesse sans que le président ne prenne le temps d’écouter les critiques venant de l’opposition. Le président et le vice-président ont finalement donné l’impression d’être à la merci de l’exécutif.
Le nouveau président, Dharam Gokhool, vient de l’Université de Maurice et a connu une longue carrière politique, aussi bien comme député que comme membre de l’exécutif. Très actif au niveau médiatique, il a toujours fait preuve d’un esprit critique dans ses commentaires. Aujourd’hui, il est appelé à être le gardien de la Constitution de Maurice. Il devrait donc avoir son mot à dire dans les débats autour des changements constitutionnels qui s’annoncent. Nous espérons du moins qu’il saura élever la voix si les droits constitutionnels des citoyens sont menacés d’une manière ou d’une autre, de même qu’il veillera au bon fonctionnement de toutes les institutions et, surtout, sera le symbole de l’unité nationale et du mauricianisme.
Cela fera un mois mardi que la nouvelle majorité a pris le pouvoir, et à peine deux semaines depuis que le nouveau gouvernement s’est installé. L’arrivée de nouvelles compétences à la tête d’institutions clés du pays a été généralement bien appréciée. Les nominations se poursuivent et sont inévitables. Il s’agira de bien s’assurer que ce soient les « right persons » qui soient nommées, et ce, « at the right places ». Il serait dommage que cet exercice soit perçu comme une façon de protéger des proches. De même qu’il serait navrant que le renvoi de certains fonctionnaires soit interprété comme des règlements de compte sans prendre en considération leurs compétences, qui peuvent être très utiles au gouvernement et au pays. 
Au niveau du gouvernement, les nouveaux ministres multiplient les consultations et le dialogue avec les parties prenantes afin de mieux comprendre les départements tombant sous leurs ministères respectifs et maîtriser leurs dossiers avant de prendre des décisions stratégiques. Et certains dossiers avancent plus vite que d’autres. Ainsi, l’incendie de Mare-Chicose a été maîtrisé à 93% et devrait être sous contrôle dans les prochains jours. Des développements sont aussi observés au niveau de plusieurs ministères, qui continuent à jeter les bases pour un bon démarrage l’année prochaine.
Par ailleurs, nous attendons avec impatience un rapport sur l’état de l’économie du pays. Les dernières statistiques indiquent que l’inflation est sous contrôle et est estimée à 3,4% en novembre. De même, les réserves en devises tournent autour de USD 8,3 milliards, et les revenus touristiques pourraient atteindre Rs 90 milliards cette année. Quant au taux du dollar, il a accusé une baisse et est en dessous des Rs 47 (Rs 46,97). La production sucrière, elle, est en baisse.
Certains secteurs demandent par ailleurs une attention urgente, notamment le port, où la mauvaise gestion de la CHCL est pointée du doigt, ou encore au niveau d’Air Mauritius, qui a été classée parmi « the worst airlines of 2024 ». Ce qui n’est pas très réjouissant. Au moment où nous écrivons, l’impatience commençait aussi à gagner la population en ce qui concerne la baisse du prix de l’essence et l’annonce du paiement du 14ᵉe mois, et sans lesquelles le gouvernement partira d’un mauvais pied. Souhaitons que le « feel good factor » puisse continuer en cette période de fin d’année.

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Jean Marc Poché

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