Croissance et Diversification : L’Afrique de l’Est, région pleine d’opportunités pour Maurice

L’Afrique de l’Est est une région appelée à occuper une place de plus en plus importante sur le marché international, notamment avec l’impact de l’African Continental Free Trade Area (AfCFTA) sur les dynamiques commerciales, particulièrement au sein de l’East African Community (EAC), et des opportunités d’investissement relatives. Certains secteurs sont plus prometteurs, tels que le tourisme, la grande distribution, les énergies renouvelables ou la Fintech.

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Démographie galopante, forte urbanisation, jeunes professionnels dynamiques, classe moyenne en pleine expansion, secteur financier florissant, services de plus en plus innovants… Portée par ces facteurs, l’Afrique de l’Est connaît une croissance économique importante, ouvrant la porte à de multiples opportunités. La conférence East Africa: Powering Africa’s Sustainable Growth, organisée par BLC Robert & Associates, cabinet d’avocats d’affaires ayant un fort ancrage en Afrique et membre du réseau  Africa Legal Network (ALN), a été l’occasion de faire un tour d’horizon des opportunités d’investissement dans la région, tout en offrant une analyse pointue des facteurs macroéconomiques qui influencent son développement.

« D’après les prévisions de la Banque africaine de développement, l’Afrique de l’Est devrait connaître le plus fort taux de croissance du continent durant les années à venir. Cette performance remarquable ouvrira la voie à de nombreuses opportunités pour les entreprises mauriciennes, dont certaines sont déjà présentes dans la région », explique Jason Harel, Co-Founding Partner de BLC Robert & Associates. « Nous avons la chance d’être tout proches et de posséder des expertises qui peuvent être exploitées dans ces marchés, ainsi qu’une culture d’entreprenariat bien établie. Cependant, notre marché local est restreint, alors que l’Afrique de l’Est regorge de possibilités… À condition d’être bien encadré pour contrôler les risques et se mettre en relation avec des partenaires de confiance », dit-il.

Les particularités socio-économiques de la région ouvrent la possibilité aux investisseurs de tous calibres d’élargir leurs horizons, selon lui, et l’exportation de l’expertise mauricienne et de ses capitaux est susceptible « d’engendrer d’excellents retours sur investissements ». Par ailleurs, la régionalisation de nos investissements pourrait aussi attirer les champions économiques d’Afrique de l’Est à Maurice pour profiter de notre centre financier, et ce, afin d’étendre leurs activités vers d’autres pays africains. « Tout cela stimulera l’activité de nos banques, gestionnaires, avocats et cabinets comptables, et par ricochet de notre économie dans son ensemble. »

35% du CA réalisé en Afrique

Le Dr James Mwangi, Group Managing Director et CEO d’Equity Group Holdings, ainsi que Zoë Karl-Waithaka, Managing Director & Partner du Boston Consulting Group, ont partagé leur expertise. Le premier nommé fait partie des financiers les plus importants du Kenya. Sous sa tutelle, le groupe Equity Group Holdings s’est hissé parmi les conglomérats banquiers les plus importants d’Afrique, touchant plus de 14 millions de clients répartis dans six grands pays.

Quant à Zoë Karl-Waithaka, elle accompagne les multinationales cherchant à s’établir en Afrique de l’Est. Son expertise couvre des secteurs tels l’agriculture, les télécommunications, les minerais, le pétrole et le gaz.

Plusieurs spécialistes et opérateurs étrangers et mauriciens ont partagé leur expérience et leurs conseils, incluant Gilbert Espitalier-Noël, CEO du groupe ENL, et Arnaud Lagesse, CEO du groupe IBL, qui a fait une percée remarquable en Afrique de l’Est ces dernières années. Arnaud Lagesse explique que c’est pendant la pandémie que le conseil d’administration a véritablement réfléchi sur l’importance de diversifier ses opérations hors de Maurice afin de mieux répartir les risques. « Pendant cette période extrêmement difficile, notre priorité était de sauvegarder l’emploi et d’assurer notre survie. Nous avons réfléchi avec des consultants et le board sur comment sera IBL après cette crise, qui affectait la création de valeur pour nos actionnaires. On opérait déjà en Tanzanie dans le domaine sucrier depuis 23 ans, mais c’était une seule activité », fait-il ressortir.

C’est ainsi que IBL déploie sa stratégie régionale et se met à investir des milliards de roupies en Afrique de l’Est : « Ce marché est fantastique. Nous avons rapidement investi en allant voir les leaders dans leur segment. Nous avons racheté des parts dans Naivas et Harley’s, et pris une part majoritaire dans une entreprise d’énergie solaire. Et nous produisons déjà 50 MW », s’enthousiasme Arnaud Lagesse. Avec cette expansion régionale, IBL compte désormais près de 50 000 employés et plus de 51% de son chiffre d’affaires (Rs 102 milliards pour l’année écoulée) est réalisé à l’international, dont 35% en Afrique.

Supermarchés pillés et détruits

Il a également parlé des effets des protestations au Kenya, qui ont duré plusieurs semaines en juillet dernier, disant que c’était une période difficile pour le groupe, avec six supermarchés pillés et trois détruits. Toutefois, cela fait partie des risques liés au business, dit-il.

Il a par ailleurs réitéré l’ambition du groupe de devenir un acteur regional « and I am quite confident that we are going to win this battle ». Ajoutant: « We are starting with one of our clusters, the medical cluster, which really now is operating as a regional hub. The CEO of the cluster has even moved from Mauritius to Kenya. »

Le développement du pôle médical – chargé de la supervision des opérations du groupe dans six pays, incluant Maurice – est géré depuis Nairobi.

Monnaies, inflation et taux d’intérêts

Zoë Karl-Waithaka, du Boston Consulting Group, explique qu’il faut être « réaliste » sur les défis de la région, qui reçoit déjà un « sizeable amount of FDI ». Il faut analyser la stabilité des monnaies, l’évolution de l’inflation et des taux d’intérêts, selon elle. Par ailleurs, certains pays comme le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda sont « relativement stables », comparé par exemple à la République démocratique du Congo. Elle a en outre évoqué les « real and perceived risks ».

Selon la Managing Director du Boston Consulting Group, l’Afrique de l’Est regorge d’opportunités dans la Fintech, en raison du fort taux de pénétration des téléphones mobiles, dans la manufacture, le commerce/grande distribution, mais aussi de l’urbanisation et des revenus en hausse, ou encore dans le secteur touristique, notamment dans l’écotourisme.

Les atouts de la Tanzanie

Gilead Teri, Executive Director de Tanzania Investment Centre, s’est appesanti sur la transformation de la Tanzanie ces dernières années, le nouveau gouvernement étant « pro-business » et favorable au secteur privé. Il a évoqué le « New Investment Code », l’amendement à l’Arbitration Act et la réforme de la PPP Act.

Il a aussi mis l’accent sur la protection de l’argent et des biens des investisseurs, et des réformes structurelles au sein du gouvernement. Ces initiatives semblent porter leurs fruits puisque les IDE sont en hausse depuis 2021.

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