Le ministre des Sports, Deven Nagalingum, a eu une première prise de contact avec les différents groupes de presse jeudi dans son quartier général au Citadel Mall, Port-Louis. Il a d’emblée reconnu qu’il a une grande responsabilité sur ses épaules. « C’est un vaste chantier qui m’attends », précise-t-il, avant de faire ressortir qu’il n’est pas un premier venu, ayant déjà un long passé dans la politique. « C’est mon quatrième mandat au Parlement. J’ai été conseiller municipal, maire de Beau-Bassin-Rose-Hill, PPS (Private Parliamentary Secretary) et quatre fois députés. Je tiens donc à préciser que le sport n’est pas quelque chose de nouveau pour moi. »
Deven Nagalingum a avoué qu’il était un homme de terrain et qu’il ne déroge pas à cette règle. « Je ne suis pas le type de personne qui s’assoit derrière un bureau toute la journée. Je me considère comme un homme de terrain. Je n’aime pas être caressé dans le sens du poil. Au contraire, je préfère que l’on me dise les choses sans langue de bois et sans tourner autour du pot. Je suis quelqu’un d’ouvert, notamment aux critiques constructives, et si besoin est, je suis capable de me remettre en question si le besoin se fait sentir. »
Le ministre des Sports compte ainsi « redonner au football ses lettres de noblesse et s’occuper de la jeunesse mauricienne, avec le soutien du ministère de la Santé et de l’Education. » Il a d’ailleurs indiqué qu’il a déjà effectué plusieurs visites sur des sites de compétitions dont les stades de football. Et son constant est des plus amers. « J’ai été choqué ! À titre d’exemple, il n’y a pas de fire clearance au stade Anjalay Coopen, ainsi qu’au stade George V. Sans compter les problèmes de canalisation qui m’ont laissé sans voix. »
Le constat est également implacable au centre d’entraînement de Pointe-Jérôme dans le sud de l’île. « Je me suis demandé comment des athlètes d’élite pouvaient s’entraîner dans de telles conditions ! Cela m’a donné envie de vomir. Quitter sa maison et ses proches pour se retrouver dans de telles conditions et, qui plus est, pour des sportifs qui font honneur au pays, je trouve cela aberrant et inadmissible. J’ai aussi visité différentes piscines et j’ai donné trois semaines au préposé pour rectifier le tir et revoir leurs fusils d’épaule. Et je compte bien revenir à la charge. »
Le mode de fonctionnement du MSC appelé à changer
Autant dire que le nouveau ministre aura du pain sur la planche, et notamment avec la Mauritius Football Association (MFA), sous la direction de Samir Sobha, qui est reparti pour un nouveau mandat pour la troisième fois de suite. Pour rappel, ce dernier a été condamné à un an d’emprisonnement avec sursis par la justice malgache (25 juillet dernier) pour violences physiques, psychologiques et morales contre son ex-épouse, Rabemanantsoa Hanitra Oliva. Il a, selon ses dires, fait appel contre cette condamnation.
Deven Nagalingum précise: « Je peux déjà vous assurer que mon ministère a écrit aux Affaires étrangères pour bénéficier de tous les renseignements possibles. Et de là, cela passera par la State Law Office (SLO). Quand nous aurons toutes les données à dispositions, je pourrai y voir plus clair, et c’est à ce moment que nous prendrons les décisions qui s’imposent pour permettre au football de repartir sur de bons rails. »
Toutefois, il y a eu une incompréhension lorsque l’Assistant Permanent Secretary (APS), Azhar Mamoojee, n’a pu fournir les bons chiffres demandés par le ministre, concernant les dépenses liées à la gestion de l’Académie de Liverpool. « Je compte solliciter l’avis des experts pour qu’ils me fassent comprendre les gros investissements injectés dans l’Académie de Liverpool, qu’est-ce qu’ils ont rapporté. De là, nous verrons si nous pouvons apporter quelque chose de différent », indique-t-il. Deven Nagalingum compte aussi passer à la loupe le fonctionnement de toutes les fédérations sportives.
D’autre part, le ministre annonce que Michael Glover sera le chairman du Mauritius Multisports Infrastructure Limited (MMIL) en remplacement à Jean-Pierre Sauzier, qui occupait ce poste depuis mai 2020. Le ministre n’écarte pas la possibilité de revoir les règlements du Sports Act. « Je pense que l’on peut toujours revoir certains paramètres. Ce sera fait en temps et lieu, avec la consultation des membres de la presse. »
Le Mauritius Sports Council (MSC) est aussi dans le collimateur du Deven Nagalingum. « Les infrastructures sportives devront tourner correctement. Et qui plus est, il est inconcevable que certains centres de jeunesse ferment leur porte à 17h, ce qui empêche les jeunes de profiter des infrastructures comme il se doit. Plusieurs personnes ont d’ailleurs déjà soumis leur lettre de démission », soutient-il.
Si Deven Nagalingum a démontré ses bonnes intentions, en revanche, l’absence de sa Junior Minister, Karen Foo Kune-Bacha, n’est pas passée inaperçue. A-t-elle été au moins invitée ? Dans les milieux concernés, on avancerait que tel n’aurait pas été le cas.
Ce qui est certain, c’est que la tâche qui attend le ministre des Sports est énorme et il l’a lui-même reconnu. Hormis l’épine de la MFA à enlever du pied, il aura également à s’attarder sur le dossier lié au Comité olympique mauricien (COM), dont la crédibilité est très loin de faire l’unanimité au sein de la classe sportive !