Il ne sâagit pas de la lecture du Carnet de Camille, mais plutôt de celle de notre vie. à cette période où la fin de lâannée approche à grands pas, nous sommes nombreux à dire : âComme lâannée est passée vite ! à peine a-t-elle commencé que câen est déjà fini.â Et oui ! 2024 est derrière la porte et aujourdâhui, 24 décembre, nous espérons tous passer un moment familial et convivial.
Câest aussi le moment où nous devrions nous asseoir, tranquillement, en silence, et relire notre année pour ne pas continuer notre course folle de la vie, sans avoir pris du recul, appris de nos expériences et reconnu les moments de grâce. Câest un temps pour comprendre nos erreurs et nos réussites, nos manquements et nos bonnes actions et, aussi, celui de nous poser les bonnes questions, comme, par exemple, celle-là : âOù en suis-je et suis-je à ma place ?â
Parce quâavec le rythme de vie dans lequel nous vivons, nous pouvons passer à côté de tant de choses ; la tête dans le guidon, nous ne voyons parfois même plus lâessentiel.
En ce jour de Noël, où justement tant de superficiel a pris le dessus sur lâessentiel, je regarde les décorations clinquantes et les reflets de la lumière sur les guirlandes et les boules du sapin qui contrastent avec la paille de la crèche, si petite devant lâarbre planté dans les salons, si pauvre face aux brillants des ornements. Il faut le contraste des deux pour comprendre vers quoi, vers qui notre cÅur est attiré, et câest à la lueur de cette humble crèche que la beauté de toutes nos installations festives prennent vraiment une dimension magique.
Et câest précisément là que je choisis de faire un bilan rapide des derniers mois !
Jâai appris quâil faut toujours rendre grâce puisque même un jour de pluie peut apporter du soleil dans nos vies, que les blessures ne font pas seulement souffrir mais peuvent aussi faire grandir, et que dire que la providence agit est un acte de confiance même si elle est source de scandale.
Jâai espéré que les puissants aient plus à cÅur de protéger que dâavoir le désir de faire disparaître, et je me suis trompée. Jâai espéré aussi que lâampleur de la drogue dans notre paradis diminue, mais ses dégâts sont tels quâelle continue à envoyer au Paradis et à faire vivre un enfer. J’étais à côté de la plaque⦠Maurice serait-elle devenue vraiment une plaque tournante ?
Jâai compris quâil ne faut pas crier au loup pour tout et rien, et que celui-ci approche à pas feutrés. Ce nâest que lorsquâil est sous notre nez que nous réalisons que nous sommes face à un animal agile et féroce sans foi ni loi. Jâai compris que les non-dits et les mots voilés ne peuvent être compris comme il se doit et que même si la vérité nâest pas toujours bonne à dire, il faut sâen rapprocher au maximum; les malentendus étant trop souvent des sujets de conflits.
Jâai réalisé que la sincérité est, certes, nécessaire mais que la vérité est plus profonde. Je suis sincère en disant que pour être totalement libre, il ne faut plus rien avoir à perdre. Mais en vérité, si je perds ou donne tout, je serai tétanisée, en manque de sécurité, donc pas libre. Ãa câest la vérité ! Jâai réalisé quâenvers et contre tout, la confiance est plus valable que la méfiance, qui elle, est nocive, et que la ruse et la subtilité peuvent cohabiter avec la confiance.
Jâai saisi que des jours monotones ne sont possibles que si nous manquons dâamour. Lâamour pour la Création, la nature et ceux qui nous entourent est déjà suffisant pour colorer nos journées blêmes. Jâai aussi saisi que la lumière peut jaillir au milieu de la nuit, au creux même dâune situation ténébreuse, et que le cÅur crie ses mots et ses maux sous tout ciel, quâil soit bleu ou noir. Jâai eu l’idée de penser à panser le ciel de notre vie lorsquâil est trop sombre en le nettoyant et le purifiant. Bref, il faut parfois faire le ménage dans notre tête et dans nos relations.
Autre constat. Je suis aujourdâhui témoin dâune chose : nous ne pouvons témoigner que de ce que nous savons, connaissons et expérimentons. Je ne peux pas être témoin du passé, mais je peux lâêtre, et le suis, du présent. Dâailleurs, prenons-nous le temps dâêtre pleinement témoin de ce que nous vivons ? Ou alors, traçons-nous notre route sans même prendre le temps de nous arrêter pour faire un bilan, comme si nous nâétions quâun spectateur détaché ?
Et une dernière chose me vient en tête en faisant cette rapide rétrospective. LâEurope, principalement, parle beaucoup de la vieillesse, de la fin de vie, de la dignité humaine, des droits humains et de l’acceptation des autres. Lâêtre humain est au cÅur de beaucoup de dialogues et de discussions, ce qui est fondamental. Mais en prenant du recul, je me demande si nous ne développons pas des idéologies à partir de chacun de ces combats et que, finalement, ce qui importe le plus nâest pas tant lâhumain, mais le combat que sa situation permet de mener.
Nous ne pouvons pas fabriquer des personnes tels des jouets, voués à des causes, quâon poserait au pied du sapin. Les hommes et les femmes ne sont ni des robots à mettre sur des étagères ni des tickets permettant lâentrée dans des débats. Nous sommes ce que nous sommes et sommes devenus ce que nous sommes par la vie que nous avons et celle que nous avons choisi, ou pas, de parcourir. Chaque individu, unique, nâest pas un numéro et a été façonné dâabord par ses parents, puis par le temps, le soleil, la pluie, le vécu, les imprévus, la patience, la confiance, les mauvais coups et les contre-coups, les encouragements, les déceptions, les rêves⦠Mais ce qui a fait de lui ce quâil est, câest surtout et avant tout ce qu’il a reçu comme amour depuis sa conception.
En faisant une (re)lecture de ces derniers mois, je réalise que tout y passe. Comme quoi cette petite discussion avec soi-même en vaut la peine ! Lâidéal, maintenant, serait de me demander : « Et je fais quoi de tout cela ? Quâest-ce que je prends et qu’est-ce que je laisse? Quâest-ce que cela mâapporte et où cela mâamène-t-il ? »
à votre tour, maintenant, de faire la relecture de votre vie. Bonne lecture !