Comment un comité régional peut-il décider à la place dâun club de lâentraîneur qui le représentera lors dâune compétition ? Tout simplement invraisemblable ! Et pourtant, câest ce quâaffirme lâentraîneur de boxe de Stanley/Trèfles, Bruno Julie. Cela, après avoir pris connaissance du message véhiculé à ceux présents, mercredi à Vacoas, lors du tirage au sort des Championnats nationaux juniors.
Si tel est le cas, comme le précise Bruno Julie, et si câest effectivement ce que disent les règlements, alors on peine encore plus à comprendre les motivations de lâAssociation mauricienne de boxe (AMB). Même que câest une démarche antidémocratique fortement à décourager, voire une ingérence grossière dans les affaires interne dâun club. Ce qui nous pousse à nous demander si, à lâAMB, on travaille réellement pour le développement et la promotion de la boxe ou si lâon veut tout simplement la mener à sa perte.
En voulant cependant en savoir davantage sur la décision, Bruno Julie apprendra quâun entraîneur de son club peut coacher son boxeur au coin du ring, mais pas lui ! Bruno Julie ne serait, semble-t-il, pas enregistré comme entraîneur de Stanley/Trèfles. Alors, que, pourtant il a récemment agi comme tel lors dâune compétition de lâAMB !
Faut-il le rappeler aussi que Bruno Julie a été suspendu pour une durée indéterminée par lâAMB pour sa participation à une soirée professionnelle en juin. à moins que certains à lâassociation ont la mémoire courte, le seul médaillé olympique mauricien (bronze en 2008) nâa jamais été suspendu en tant quâentraîneur de club, mais de la sélection nationale. Et pire, ce nâest pas nous qui le confirmons, mais bien lâAMB dans une correspondance adressée au principal concerné le 18 septembre.
Dans ce contexte, nâest-ce pas anticonstitutionnel de priver Bruno Julie de ses droits dâaccompagner les jeunes quâil forme au coin du ring ? Ces mêmes boxeurs dont certains seront peut-être appelés à défendre les couleurs nationales à lâavenir. Et qui sait, peut-être même lâémuler un jour sur un podium olympique !
Désormais, il faudra que lâon sache à quel jeu jouent certains à lâAMB. Est-ce la participation de Bruno Julie à la boxe professionnelle qui pose réellement problème ? Cela, alors que lâInternational Boxing Association (IBA) a déjà donné son feu vert depuis plusieurs années pour une pratique à la fois en amateur et en professionnel ? Est-ce à dire que les boxeurs qui ont assisté à la soirée du 10 novembre à Trianon étaient aussi en faute ?
Forcément, et comme le précise lâentraîneur, ces « attaques » contre sa personne commencent à trop faire. Même que la démarche ressemble à de la persécution et il nâa pas tort de le préciser. Ce qui est aussi malheureux pour la personnalité quâil incarne, câest que Bruno Julie ne peut communiquer directement à lâIBA, faute dâêtre détenteur dâune étoile internationale comme entraîneur. Ses deux demandes à lâAMB pour quâil puisse suivre une formation en ligne nâa pas eu de suite, alors quâil était pourtant disposé à prendre les frais à sa charge ! LâAMB peut-elle au moins nous donner une raison valable pouvant cautionner cette posture ?
Ce qui est certain, câest que Bruno Julie fait des jaloux dans lâunivers de la boxe. Dâabord, parce quâil est le seul à être monté sur un podium olympique et ensuite, par la facilité avec laquelle il transmet aux jeunes sa passion et les guide sur la voie du succès. Du reste, trois des boxeurs du club ont été médaillés dâor aux récents Jeux des Iles à Madagascar.
Il faut donc reconnaître que le gars a du potentiel et un statut national surtout. Celle dâêtre le seul médaillé olympique mauricien, dâavoir été, qui plus est, fait MSK par lâÃtat et le Comité international olympique. Ce que ne semble ne pas reconnaître lâAMB et encore moins le ministre Stephan Toussaint et le Comité olympique mauricien.
Nâen déplaise à certains, Bruno Julie est un symbole et son parcours mérite le respect de tous les Mauriciens. Sâil nâétait pas crédible dâailleurs, Stanley/Trèfles nâaurait pas bénéficié de la confiance de ce gros partenaire financier. Peut-on en dire autant pour le comité directeur de lâAMB élu en mai sous la présidence de Pascal Telvar ? Combien sont-ils les sponsors à sâêtre bousculés pour soutenir cette discipline ? Les Championnats nationaux juniors de la semaine écoulée ont-ils profité dâun appui financier autre que celui du ministère des Sports ?
Ce nâest pas en se tirant des balles dans le pied, notamment en privant le seul médaillé olympique mauricien de ses droits, que lâAMB va arranger les choses et redorer son blason. Le respect, ça se mérite, mais faut-il encore que la priorité demeure sportive et non personnelle. Ce nâest peut-être alors que lâAMB pourra retrouver un peu de crédibilité et qui sait, peut-être, faire mieux quâun club de banlieue !
Jean-Michel Chelvan