« Je n’aurai pas aimé être à la place du nouveau ministre des Sports », nous disait, bien avant les législatives du 10 novembre et avec raison, ce passionné du sport. Et il n’avait pas tort de tenir un tel discours en s’appuyant sur nos incessantes prises de position visant, dans un élan patriotique, à redonner au sport ses lettres de noblesse.
Car, pour être malade, le sport mauricien l’a été au cours de ces 10 dernières années au point où plusieurs fédérations se retrouvent désormais en crise. Cela, par la faute de l’ancien gouvernement qui avait pris la décision de nommer deux ministres qui n’avaient aucune culture sportive. Non sans oublier que, depuis, aucune action concrète n’a été prise afin de ramener la confiance et la sérénité.
L’Alliance du Changement n’a pas fait mieux en mettant de côté Franco Quirin, celui qui a pourtant défendu bec et ongles, pendant 15 ans, le sport à l’Assemblée nationale. Contrairement à Deven Nagalingum qui, en dépit du fait de déclarer connaître la chose sportive, aura du mal à trouver ses marques dans ce chantier parsemé d’embûches.
Reste que ses intentions méritent d’être saluées. Le nouveau ministre des Sports, tout comme ses autres collègues ministres, est sur le terrain pratiquement au quotidien, accompagné de sa Junior Minister, Karen Foo Kune-Bacha, pour un constat, afin de relancer ensuite la machine. Certes, il n’a pas la même carrure sportive que Franco Quirin, mais restons tout de même positif et donnons lui le temps de bien connaître les coins et recoins du sport avant de sortir le « fouet » !
Au moins, ce qui est évident, voire encourageant, c’est la différence au niveau de l’approche entre la méthode Nagalingum et la méthode Toussaint. Aussitôt les visites des infrastructures terminées, aussi bien qu’un premier contact avec certains athlètes de haut niveau, Deven Nagalingum a convié la presse à son bureau. C’était jeudi en début d’après-midi, l’occasion d’expliquer ses objectifs, à court et moyen termes.
Le ministre des Sports ne pouvait mieux entamer sa mission qu’après avoir discuté avec l’un des partenaires incontournables et indissociables du sport. Certes, la presse est un contre-pouvoir, mais faut-il encore que ses critiques, surtout lorsqu’elles sont constructives, soient acceptées et non être perçues comme une attaque. Car, at the end of the day, le ministère de Sports et la presse sportive ont un objectif commun: celui d’aider la jeunesse à s’épanouir à travers une activité saine pour être ensuite en mesure de briller au plus haut niveau.
Faut-il cependant que Deven Nagalingum prend le temps de bien écouter, afin de ne pas répéter les mêmes erreurs que son prédécesseur. Il ne faut pas non plus qu’il oublie qu’il est en terrain miné. Il va donc falloir être très prudent et savoir où et quand poser les pieds. Il devra aussi être lucide pour savoir tirer le bon grain de l’ivraie afin de donner une chance au sport de réussir.
Pour cela, il faudra commencer par aider nos fédérations à trouver une bonne assise. Car, progrès il ne pourrait y avoir si une fédération parvient uniquement à évoluer dans la transparence et selon les principes de la bonne gouvernance. D’où l’intérêt de connaître désormais la posture que Deven Nagalingum adoptera sur l’embarrassant dossier de la Mauritius Football Association (MFA). S’il veut commencer à gagner la confiance et le respect des sportifs, c’est là où il devra marquer des points.
Le ministre des Sports devra aussi faire comprendre aux dirigeants et aux sportifs que c’est lui le seul maître à bord. Certes, il sera très important de développer une politique de proximité, mais tout en gardant ses distances et en tapant du poing sur la table quand cela se révèle nécessaire. Car, il n’est pas là pour se faire des amis, mais pour faire comprendre aux acteurs leurs priorités.
Au cas contraire, ce sera peine perdue, car alors, le sport se retrouvera malheureusement une fois encore enchaîné à ces mêmes chaînes de l’opacité, de discrimination et autres inégalités qui ont longtemps nui à son développement. Et ça, nombreux sont-ils à le savoir au sein de l’Alliance du Changement. La réussite du sport passe obligatoirement par un changement d’attitude, de direction et par la façon de voir les choses.
Au moins, apprenons-nous, une équipe composée de personnes compétentes et qui a déjà fait ses preuves est en train d’être mise sur pied afin de donner un gros coup de main à Deven Nagalingum. Tant mieux pour la jeunesse après la désillusion de la mise à l’écart de Franco Quirin. Mais tant que le ministre n’aura pas le courage d’éradiquer la mauvaise herbe, alors la mission sera, au départ même, vouée à l’échec.
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