Non, ce nâétait pas un joke! Enivré par le rassemblement politique, à la note faramineuse, quâil a organisé le 1er mai à Vacoas, le Premier ministre a dit, sans crainte du ridicule, que âjâai dit aux ministres, aux PPS et aux députés que les gens voient en nous des modèles et que nous devons nous comporter comme telsâ. Rien que ça ! Et pourtant.
Et les top modèles ne manquent pas dans lâentourage de Pravind Jugnauth. Par qui commencer pour un modèle de référence ? Par la chef de lâEtat Ameenah Gurib-Fakim qui a connu un départ forcé le 23 mars 2018 pour sâêtre adonnée à des excès depuis son installation en juin 2015 et pour avoir pris des libertés avec la carte de crédit gracieusement mise à sa disposition par Alvaro Sobrinho.
Qui dâautre, la Speaker ? Celle qui, ignorant le devoir de réserve quâimpose sa fonction, sâest affichée à une fête du MSM le 23 décembre 2015 à Clarisse House ! Pour ensuite déguiser la célébration en âfête familialeâ. Ah, peut-être le Deputy Speaker Sanjeev Teeluckdharry, un vrai modèle avec ces âgesturesâ et son audition remarquée devant la Commission dâenquête sur la drogue.
Qui ensuite comme modèle ? Sir Anerood Jugnauth, celui qui avait réussi à galvaniser lâélectorat contre lâalliance PTr/MMM en décembre 2014 pour ensuite mieux le duper en installant son fils avant même que la Cour suprême nâait entendu lâappel quâil a interjeté contre sa condamnation à 12 mois de prison pour conflit dâintérêts dans lâaffaire Medpoint ?
Et sâil a brandi comme justificatif le fait de son grand âge pour prendre congé et réaliser le fameux Deal Papa-Piti, son état ne lâempêche toutefois pas de faire de longues escapades à lâétranger et de rencontrer des quidams de troisième ordre comme en témoigne son récent déplacement à Singapour.
Lui, un modèle, certainement pas, puisquâil sâest spécialisé dans le vocabulaire ordurier et quâil âpâ¦â sur ses adversaires lorsquâil ne se prononce pas en faveur de lâaugmentation des tarifs de lâeau et quâil ose affirmer que nous avons une des polices les plus efficaces du monde.
Le fils Pravind ! Celui qui nâhésite pas à se présenter comme le modèle avec un grand âMâ. Quand même ! Lorsquâon est arrivé au poste de Premier ministre par une porte dérobée, pour ne pas dire par une imposte, pour reprendre le terme qui est entré dans lâexpression courante pour le désigner, il nây a vraiment pas de quoi se poser en modèle. Si ce nâest celui de lâimposture.
Il était loin dans la hiérarchie lorsque, du jour au lendemain, il a succédé à son père dans un jeu de chaise musicale digne des républiques bananières. Il fait beaucoup dâefforts pour essayer de sâimposer et a, à cet effet, colonisé la MBC de ses trois directeurs successifs et de son autre nominé politique de président, Bheejaye Ramdenee, lequel, à la limite de la provocation, a assuré quâil nây a aucune ingérence politique à la radio télévision nationale. Une référence, celle-là , en matière audiovisuelle.
Ce Pravind-modèle est aussi capable de dire à la population quâil dispose dâéléments incriminants contre la présidente et quâil instituera une commission dâenquête sur elle pour ensuite faire comme si tout était oublié et enterré. Comme il est aussi parfaitement à lâaise pour parler de la BAI comme dâune âcocotte minuteâ sans dire que lui, son père et leur complice Roshi Bhadain, avaient retiré leurs billes juste avant que lâaffaire nâéclate.
A moins que les modèles soient ce duo Shawkatally Soodhun â Kalyan Tarolah qui sâest beaucoup agité lors du rassemblement du 1er-Mai. Avec ces deux-là , on a lâembarras du choix, lâun a menacé dâun coup de revolver le leader de lâopposition pour ensuite tenir des propos rétrogrades et communalistes, tandis que lâautre a envoyé ses selfies de mauvais goût prises au Parlement à une jeune femme. Et ces modèles-là paranaient fièrement aux côtés de leur leader Pravind Jugnauth mardi à Vacoas.
Mais comme les modèles ne manquent pas au MSM et au ML, on pourrait parler de Raj Dayal et de ses Bal Kuler, de Sudhir Sesungkur et de ses nombreux dérapages, de Prem Koonjoo et de Sandhya Boygah et de leurs petits arrangements familiaux, idem pour Yogida Sawmynaden et son beau-frère casé, son épouse rémunérée par millions ou son conseiller, dont le cas référé à lâICAC a été enfermé dans un tiroir.
Lorsquâon a fini de rire des pitreries de certains de nos politiciens, qui sâintéressent plus aux volutes de fumée du cigare de lâadversaire, à son djembé et à ces âtousaliâ, il reste tout. Le Parlement sera prochainement appelé à débattre du don dâorganes, un sujet crucial et délicat, mais on ne sây intéressera que lorsque le texte aura été proclamé et quâun membre de sa propre famille sera concerné.
La violence est devenue gratuite, celle, domestique ne recule pas. Le dernier cas enregistré sâest déroulé dans la circonscription de la ministre de lâEgalité des genres, Roubina Jadoo-Jaunbaccus, cette autre modèle qui était en la bonne compagnie de Françoise Labelle cette semaine et qui sâest spécialisée dans les visites aux trafiquants de drogue.
Les villes sont punies dâun double peine, who cares ? Entre des maires dâune bouffonnerie inqualifiable et des conseillers dont personne ne connaît lâexistence, il y a ces citadins qui, en sus de payer lâimpôt national, paye aussi la taxe immobilière. Et quâest-ce quâils ont comme services ? Un ramassage dâordures aléatoire parce que lâon peut dépenser follement sur des peccadilles et oublier dâacheter des camions-bennes. Puis, quelques points de lumière dont les ampoules grillées peuvent attendre des mois avant dâêtre remplacées.
Il vaut mieux ne pas parler de lâétat des routes, de la culture, des loisirs et des sports, on nâest plus à la révolution des années 1970 lorsque les administrations régionales avaient transformé les villes en lieux de vie, de rencontre et de solidarité. Ce qui devait être lâesquisse dâun pays modèle sâest fracassé sur lâautel de la médiocrité et du sectarisme.
Josie Lebrasse