Itinera Electronica
Du texte à l'hypertexte

Cicéron, Les Topiques

Chapitre 25

  Chapitre 25

[25] XXV. Tous les traités de rhétorique enseignent les arguments applicables à chacune de ces questions, et les lieux d'où il les faut tirer. La réfutation de l'accusation, par laquelle l'inculpation est repoussée, se nomme en grec g-stasis, et les Latins pouvaient l'appeler status (état) : c'est en quelque sorte le terrain sur lequel se pose la défense, quand elle s'apprête à repousser l'attaque. Dans le genre délibératif et dans le genre démonstratif, on se sert aussi des réfutations. Souvent, en effet, lorsqu'un orateur a avancé qu'une chose arrivera, on soutient qu'elle n'arrivera pas, soit parce qu'elle est absolument impossible, soit parce que les plus grands obstacles s'y opposent. Dans ce mode d'argumentation est renfermé l'état ou la question conjecturale. Mais lorsqu'on discute l'utilité, l'honnêteté, l'équité, ou les points contraires, on trouve alors les questions de droit ou de définition. La même chose arrive dans le genre démonstratif : car on peut nier le fait même qui est l'objet de l'éloge, ou soutenir qu'il ne mérite pas la qualification que lui donne le panégyriste; ou enfin qu'il n'est digne d'aucun éloge, parce qu'il est contraire au droit, à la justice. César a employé tous ces genres d'arguments avec un peu trop d'impudence, dans sa réfutation de mon éloge de Caton. Le débat qui s'engage après la position de la question est appelé par les Grecs g-krinomenon, le point à juger; mais comme c'est pour vous que j'écris, j'aime mieux l'appeler "qua de re agitur", ce dont il s'agit. Or la partie du discours qui le contient est en effet le fondement de la question; elle en est le point d'appui; et si vous la retirez, la défense n'est plus possible. Mais comme, dans les débats judiciaires, rien ne doit être plus puissant que la loi, il faut tâcher que la loi nous prête son secours, et témoigne en notre faveur. Alors se présentent comme de nouveaux états, appelés questions légales. Tantôt le défenseur soutient que la loi ne dit pas ce que l'adversaire lui fait dire, mais qu'elle dit autre chose; et cela arrive lorsque les termes en sont équivoques ou offrent un double sens. Tantôt il oppose l'intention du législateur aux termes de la loi, et cherche s'il faut en suivre le sens littéral plutôt que l'esprit. Tantôt enfin il oppose à la loi une loi contraire. Il y a donc trois choses qui dans toute espèce d'écrit, peuvent donner lieu à la controverse : l'ambiguïté des termes, l'opposition de l'écrit avec l'intention, et les écrits contraires. Il est évident, en effet, que ces sujets de controverse employés quand il s'agit d'une loi s'appliquent également aux testaments, aux stipulations, à toutes les questions fondées sur un écrit. Les règles de ces discussions ont été exposées dans d'autres ouvrages. [25] Harum causarum propria argumenta ex eis sumpta locis quos euimus in praeceptis oratoriis explicata sunt. (93) Refutatio autem accusationis, in qua est depulsio criminis, quoniam Graece g-stasis dicitur appelletur Latine status; in quo primum insistit quasi ad repugnandum congressa defensio. Atque in deliberationibus etiam et laudationibus idem existunt status. Nam et negantur saepe ea futura quae ab aliquo in sententia dicta sunt fore, si aut omnino fieri non possint aut sine summa difficultate non possint; in qua argumentatione status coniecturalis exsistit; (94) aut cum aliquid de utilitate, honestate, aequitate disseritur deque eis rebus quae his sunt contrariae incurrunt status aut iuris aut nominis; quod idem contingit in laudationibus. Nam aut negari potest id factum esse quod laudetur, aut non eo nomine afficiendum quo laudator affecerit, aut omnino non esse laudabile quod non recte, non iure factum sit. Quibus omnibus generibus usus est nimis impudenter Caesar contra Catonem meum. (95) Sed quae ex statu contentio efficitur, eam Graeci g-krinòmenon uocant, mihi placet id, quoniam quidem ad te scribo, qua de re agitur uocari. Quibus autem hoc qua de re agitur continetur, ea continentia uocentur, quasi firmamenta defensionis, quibus sublatis defensio nulla sit. Sed quoniam lege firmius in controuersiis disceptandis esse nihil debet, danda est opera ut legem adiutricem et testem adhibeamus. In qua re alii quasi status existunt noui, sed appellentur legitimae disceptationes. (96) Tum enim defenditur non id legem dicere quod aduersarius uelit, sed aliud. Id autem contingit, cum scriptum ambiguum est, ut duae sententiae differentes accipi possint. Tum opponitur scripto uoluntas scriptoris, ut quaeratur uerbane plus an sententia ualere debeant. Tum legi lex contraria affertur. Ista sunt tria genera quae controuersiam in omni scripto facere possint: ambiguum, discrepantia scripti et uoluntatis, scripta contraria. Iam hoc perspicuum est, non magis in legibus quam in testamentis, in stipulationibus, in reliquis rebus quae ex scripto aguntur, posse controuersias easdem existere. Horum tractationes in aliis libris explicantur.


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Dernière mise à jour : 20/01/2011