[9] Ne croyez pas que les spectacles manquent au chrétien s’il sait se recueillir en lui-même,
il trouvera des plaisirs vrais et utiles. Je ne parlerai pas de ces beautés qu’il ne nous est
pas encore permis de contempler; mais combien d’autres se présentent à nos regards! La
magnificence du monde, le lever et le coucher du soleil amenant l’alternative des jours et des
nuits; le globe de la lune, marquant par ses diverses phases la fuite rapide du temps; les
constellations qui brillent sur nos têtes, le cercle des saisons, la terre se balançant dans
l’espace avec ses montagnes et ses fleuves; les mers avec leurs flots et leurs rivages; l’air
répandu partout et nous donnant tour-à-tour la pluie et la sérénité; tous ces éléments divers
alimentant chacun les habitants qui lui sont propres, l’air les oiseaux, l’eau les poissons. la
terre les hommes, voilà les spectacles dignes d’un chrétien.
Quel théâtre, bâti par les hommes, pourra être mis en parallèle avec les oeuvres du
Créateur? supposez les pierres aussi grandes que vous le voudrez, ce n’est qu’un fragment de
montagne, et les lambris dorés ne feront jamais pâlir l’éclat des astres. On admire bien
peu les oeuvres humaines quand on se reconnaît fils de Dieu; et d’ailleurs se serait manquer à
sa noblesse que de ne pas réserver au Créateur toute son admiration.
| [9] IX. Habet Christianus spectacula meliora, si uelit; habet ueras et profuturas
uoluptates, si se recognouerit. Et, ut omittam illa quae nondum contemplari
possunt, habet istam mundi pulchritudinem, quam uideat atque miretur,
solis ortum aspiciat, rursus occasum mutuis uicibus dies noctesque
reuocantem, globum lunae temporum cursus incrementis suis
decrementisque signantem, astrorum micantium choros et assidue de summa
mobilitate fulgentes, anni totius per uices summa de summo membra diuisa,
et dies ipsos cum noctibus per horarum spatia digestos, terrae molem
libratam cum montibus, et proflua flumina cum suis fontibus, extensa maria
cum suis fluctibus atque littoribus, interim constantem pariter
summa conspiratione nexibusque concordiae extensum aerem medium
tenuitate sua cuncta uegetantem, nunc imbres contractis nubibus
profundentem, nunc serenitatem refecta raritate reuocantem, et in omnibus
istis incolas proprios, in aere aues, in aquis pisces, in terra hominem. Haec,
inquam, et alia opera diuina sint Christianis fidelibus spectacula. Quod
theatrum humanis manibus exstructum istis operibus poterit comparari?
Magnis licet lapidum molibus exstruatur, cristae sunt montium altiores, et
auro licet tecta laquearia resplendeant, astrorum fulgore uincentur.
Numquam humana opera mirabitur quisquis se recognouerit filium Dei.
Deiicit se de culmine generositatis suae qui admirari aliquid praeter
Dominum potest.
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