HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Opuscules. De la divination dans le sommeil (texte complet)

Chapitre 2

  Chapitre 2

[2] CHAPITRE II. § 1. Ὅλως δὲ ἐπεὶ καὶ τῶν ἄλλων ζῴων ὀνειρώττει τινά͵ θεόπεμπτα μὲν οὐκ ἂν εἴη τὰ ἐνύπνια͵ οὐδὲ γέγονε τούτου χάριν (δαιμόνια μέντοι· γὰρ φύσις δαιμονία͵ ἀλλ΄ οὐ θεία). § 2. Σημεῖον δέ· πάνυ γὰρ εὐτελεῖς ἄνθρωποι προορατικοί εἰσι καὶ εὐθυόνειροι͵ ὡς οὐ θεοῦ πέμποντος͵ ἀλλ΄ ὅσων ὥσπερ ἂν εἰ λάλος φύσις ἐστὶ καὶ μελαγχολική͵ παντοδαπὰς ὄψεις ὁρῶσιν· διὰ γὰρ τὸ πολλὰ καὶ παντοδαπὰ κινεῖσθαι ἐπιτυγχάνουσιν ὁμοίοις θεωρήμασιν͵ ἐπιτυχεῖς ὄντες ἐν τούτοις ὥσπερ ἔνιοι ἀρτιάζοντες· ὥσπερ γὰρ καὶ λέγεται ἂν πολλὰ βάλλῃς͵ ἄλλοτ΄ ἀλλοῖον βαλεῖς͵ καὶ ἐπὶ τούτων τοῦτο συμβαίνει. § 3. Ὄτι δ΄ οὐκ ἀποβαίνει πολλὰ τῶν ἐνυπνίων͵ οὐδὲν ἄτοπον· οὐδὲ γὰρ τῶν ἐν τοῖς σώμασι σημείων καὶ τῶν οὐρανίων͵ οἷον τὰ τῶν ὑδάτων καὶ τὰ τῶν πνευμάτων (ἂν γὰρ ἄλλη κυριωτέρα ταύτης συμβῇ κίνησις͵ ἀφ΄ ἧς μελλούσης ἐγένετο τὸ σημεῖον͵ οὐ γίνεταικαὶ πολλὰ βουλευθέντα καλῶς τῶν πραχθῆναι δεόντων διελύθη δι΄ ἄλλας κυριωτέρας ἀρχάς. § 4. Ὅλως γὰρ οὐ πᾶν γίνεται τὸ μελλῆσαν͵ οὐδὲ τὸ αὐτὸ τὸ ἐσόμενον καὶ τὸ μέλλον· ἀλλ΄ ὅμως ἀρχάς γέ τινας λεκτέον εἶναι ἀφ΄ ὧν οὐκ ἐπετελέσθη͵ καὶ σημεῖα πέφυκε ταῦτά τινων οὐ γενομένων. § 5. Περὶ δὲ τῶν μὴ τοιαύτας (464a) ἐχόντων ἀρχὰς ἐνυπνίων οἵας εἴπομεν͵ ἀλλ΄ ὑπερορίας τοῖς χρόνοις τοῖς τόποις τοῖς μεγέθεσιν͵ τούτων μὲν μηδέν͵ μὴ μέντοι γε ἐν αὑτοῖς ἐχόντων τὰς ἄρχας τῶν ἰδόντων τὸ ἐνύπνιον͵ εἰ μὴ γίνεται τὸ προορᾶν ἀπὸ συμπτώματος͵ τοιόνδ΄ ἂν εἴη μᾶλλον ὥσπερ λέγει Δημόκριτος εἴδωλα καὶ ἀπορροίας αἰτιώμενος. § 6. Ὥσπερ γὰρ ὅταν κινήσῃ τι τὸ ὕδωρ τὸν ἀέρα͵ τοῦθ΄ ἕτερον ἐκίνησε͵ καὶ παυσαμένου ἐκείνου συμβαίνει τὴν τοιαύτην κίνησιν προϊέναι μέχρι τινός͵ τοῦ κινήσαντος οὐ πάροντος͵ οὕτως οὐδὲν κωλύει κίνησίν τινα καὶ αἴσθησιν ἀφικνεῖσθαι πρὸς τὰς ψυχὰς τὰς ἐνυπνιαζούσας (ἀφ΄ ὧν ἐκεῖνος τὰ εἴδωλα ποιεῖ καὶ τὰς ἀπορροίαςκαὶ ὅποι δὴ ἔτυχεν ἀφικνουμένας μᾶλλον αἰσθητὰς εἶναι νύκτωρ διὰ τὸ μεθ΄ ἡμέραν φερομένας διαλύεσθαι μᾶλλον (ἀταραχωδέστερος γὰρ ἀὴρ τῆς νυκτὸς διὰ τὸ νηνεμωτέρας εἶναι τὰς νύκταςκαὶ ἐν τῷ σώματι ποιεῖν αἴσθησιν διὰ τὸν ὕπνον͵ διὰ τὸ καὶ τῶν μικρῶν κινήσεων τῶν ἐντὸς αἰσθάνεσθαι καθεύδοντας μᾶλλον ἐγρηγορότας. § 7. Αὗται δ΄ αἱ κινήσεις φαντάσματα ποιοῦσιν͵ ἐξ ὧν προορῶσι τὰ μέλλοντα καὶ περὶ τῶν τοιούτων͵ καὶ διὰ ταῦτα συμβαίνει τὸ πάθος τοῦτο τοῖς τυχοῦσι καὶ οὐ τοῖς φρονιμωτάτοις. Μεθ΄ ἡμέραν τε γὰρ ἐγίνετ΄ ἂν καὶ τοῖς σοφοῖς͵ εἰ θεὸς ἦν πέμπων· § 8. οὕτω δ΄ εἰκὸς τοὺς τυχόντας προορᾶν· γὰρ διάνοια τῶν τοιούτων οὐ φροντιστική͵ ἀλλ΄ ὥσπερ ἔρημος καὶ κενὴ πάντων͵ καὶ κινηθεῖσα κατὰ τὸ κινοῦν ἄγεται. § 9. Τοῦ δ΄ ἐνίους τῶν ἐκστατικῶν προορᾶν αἴτιον ὅτι αἱ οἰκεῖαι κινήσεις οὐκ ἐνοχλοῦσιν ἀλλ΄ ἀπορραπίζονται· τῶν ξενικῶν οὖν μάλιστα αἰσθάνονται. § 10. Τὸ δέ τινας εὐθυονείρους εἶναι καὶ τὸ τοὺς γνωρίμους περὶ τῶν γνωρίμων μάλιστα προορᾶν συμβαίνει διὰ τὸ μάλιστα τοὺς γνωρίμους ὑπὲρ ἀλλήλων φροντίζειν· ὥσπερ γὰρ πόρρω ὄντων τάχιστα γνωρίζουσι καὶ αἰσθάνον ται͵ οὕτω καὶ τῶν κινήσεων· αἱ γὰρ τῶν γνωρίμων γνωριμώτεραι. § 11. Οἱ δὲ μελαγχολικοὶ διὰ τὸ σφοδρόν͵ ὥσπερ βάλλοντες πόρρωθεν͵ εὔστοχοί εἰσιν͵ καὶ διὰ τὸ (464b) μεταβλητικὸν ταχὺ τὸ ἐχόμενον φαντάζεται αὐτοῖς· ὥσπερ γὰρ τὰ Φιλαινίδος ποιήματα καὶ οἱ ἐμμανεῖς ἐχόμενα τοῦ ὁμοίου λέγουσι καὶ διανοοῦνται͵ οἷον Ἀφροδίτην φροδίτην͵ καὶ οὕτω συνείρουσιν εἰς τὸ πρόσω. Ἔτι δὲ διὰ τὴν σφοδρότητα οὐκ ἐκκρούεται αὐτῶν κίνησις ὑφ΄ ἑτέρας κινήσεως. § 12. Τεχνικώτατος δ΄ ἐστὶ κριτὴς ἐνυπνίων ὅστις δύναται τὰς ὁμοιότητας θεωρεῖν· τὰς γὰρ εὐθυονειρίας κρίνειν παντός ἐστιν. Λέγω δὲ τὰς ὁμοιότητας͵ ὅτι παραπλήσια συμβαίνει τὰ φαντάσματα τοῖς ἐν τοῖς ὕδασιν εἰδώλοις͵ καθάπερ καὶ πρότερον εἴπομεν. Ἐκεῖ δέ͵ ἂν πολλὴ γίγνηται κίνησις͵ οὐδὲν ὁμοία γίνεται ἔμφασις καὶ τὰ εἴδωλα τοῖς ἀληθινοῖς. Δεινὸς δὴ τὰς ἐμφάσεις κρίνειν εἴη ἂν δυνάμενος ταχὺ διαισθάνεσθαι καὶ συνορᾶν τὰ διαπεφορημένα καὶ διεστραμμένα τῶν εἰδώλων͵ ὅτι ἐστὶν ἀνθρώπου ἵππου ὁτουδήποτε͵ κἀκεῖ δὴ ὁμοίως τί δύναται τὸ ἐνύπνιον τοῦτο. γὰρ κίνησις ἐκκόπτει τὴν εὐθυονειρίαν. § 13. Τί μὲν οὖν ἐστιν ὕπνος καὶ τί ἐνύπνιον͵ καὶ διὰ τίν΄ αἰτίαν ἑκάτερον αὐτῶν γίνεται͵ ἔτι δὲ περὶ τῆς ἐκ τῶν ἐνυπνίων μαντείας εἴρηται περὶ πάσης· {περὶ δὲ κινήσεως τῆς κοινῆς τῶν ζῴων λεκτέον.} [2] CHAPITRE II. §1. Ajoutons cette autre observation générale : comme il y a aussi des animaux qui rêvent, on ne saurait dire que les songes leur soient envoyés par la divinité ; ou du moins s'ils le sont, ce n'est certainement pas pour leur réveler l'avenir. Mais ces songes seront, si l'on veut, l'oeuvre des génies, et n'est point divine. §2. Ce qui prouve encore ceci, c'est qu'il y a des gens tout à fait inférieurs qui ont en songe des révélations de l'avenir, et dont les rêves se réalisent ; certes ce n'est pas la divinité qui les leur envoie. Mais tous les hommes dont la nature est à la fois bavarde et mélancolique, ont très souvent des visions de tout genre. Comme ils ont des émotions nombreuses et de diverses natures, ils finissent, dans leurs songes, par en rencontrer quelques-unes qui se rapportent à la réalité, pareils à ces joueurs qui doublant toujours finissent par gagner. C'est le cas du proverbe : "Si vous lancez beaucoup de flèches, vous finirez toujours par attraper quelque chose." Ici, il en est absolument de même. §3. Il n'y a donc rien d'étonnant que beaucoup de rêves ne se réalisent point. C'est ce qui arrive même pour les signes célestes, qui ne se réalisent pas toujours dans les grands corps de la nature ; par exemple, les signes des pluies et des vents. En effet, s'ils survient quelque mouvement plus fort que le mouvement antérieur, qui produisait le signe quand il devait agir, ce mouvement ne se réalise pas. C'est ainsi que souvent les plus belles résolutions qui réglaient notre conduite, doivent céder devant des considérations plus fortes. §4. En général tout ce qui doit arriver n'arrive pas toujours ; et ce qui sera n'est pas du tout la même chose que ce qui doit être. Mais, tout ce que l'on peut dire, c'est que ce sont là des principes d'où il n'est rien sorti, et qu'ils sont les signes de choses qui ne sont pas arrivées. §5. Quant aux songes qui ne viennent pas (464a) des causes que nous avons indiquées, mais qui se rapportent à des temps, des distances, et des grandeurs qu'on ne peut mesurer, ou qui, même sans avoir aucun de ces caractères, ont apparu à des personnes qui n'en avaient pas en elles-mêmes les principes, il faut dire que, si les prévisions de ce genre ne sont pas de pures coïncidences, l'explication suivante est du moins plus admissible que celle de Démocrite, recourant à des copies et à des émanations des choses. §6. Ainsi, quand on agite l'eau ou l'air, l'air et l'eau peuvent communiquer le mouvement à quelque autre objet ; et quand le mouvement initial s'est arrêté, le second peut se propager jusqu'à un certain point, bien que le moteur ait cessé d'agir. De même, il se peut fort bien que certain mouvement, certaine sensation, parvienne jusqu'aux âmes durant les rêves ; et de là Démocrite tire ses copies et ses émanations des choses ; et ces mouvements, de quelque façon qu'ils arrivent à l'âme, sont plus sensibles durant la nuit. Dans la journée, au contraire, ils se dissipent aisément, tandis que l'air est de nuit moins agité que de jour ; les nuits étant plus calmes, ces mouvements font alors impression sur le corps à cause du sommeil, parce que les petites sensations intérieures se sentent mieux quand on dort que quand on est éveillé. §7. Ce sont précisément ces mouvements qui produisent des images, à l'aide desquelles on prévoit ce qui doit advenir dans les cas analogues ; et voilà comment les affections de ce genre se rencontrent chez les premiers venus indistinctement, et ne sont pas réservés aux plus sensés des hommes ; car elles viendraient pendant le jour, et elles viendraient aux sages, si c'était Dieu qui les envoyait. §8. Voilà, selon toute apparence, comment les gens les plus vulgaires peuvent prévoir l'avenir ; car la pensée de ces gens-là n'est guère portée à la reflexion ; mais elle est comme déserte, et vide de toute idée ; et quand elle vient à être mise en mouvement, elle subit aveuglément l'impulsion du moteur qui la pousse. §9. Ce qui fait encore que quelques hommes, sujets aux transports extatiques, ont des prévisions de l'avenir, c'est que les mouvements qui leur sont personnels ne les troublent pas, mais sont en eux comme réduits en pièce ; et ces gens-là sont plus disposés à sentir les mouvements qui leur sont étrangers. §10. S'il y a quelques personnes dont les songes se réalisent, et si des amis prévoient surtout ce qui concerne leurs amis, cela vient de ce que les gens qui se connaissent pensent davantage les uns aux autres. Et de même que tout éloignés qu'ils sont, on les reconnaît mieux que d'autres personnes, de même l'on sent ainsi même leurs mouvements ; car les mouvements des personnes connues sont aussi plus reconnaissables. §11. Quant aux mélancoliques, on dirait, à cause même de la violence de leurs sensations, que tout en tirant plus loin, ils atteignent le but plus sûrement ; et que, (464b) par la mobilité extrême qui est en eux, leur imagination crée sur-le-champ tout ce qui doit suivre. C'est comme pour les poëmes de Philaegide : ceux qu'ils transportent prédisent et imaginent les conséquences d'un cas analogue ; et pour eux, c'est comme Vénus même. C'est ainsi que les mélancoliques aussi rattachent les choses qui suivent aux précédentes ; mais à cause de sa violence même, le mouvement ne peut être chez eux vaincu par un autre mouvement. §12. Du reste, l'interprète le plus habile des songes, est celui qui sait le mieux en reconnaître les ressemblances ; car tout le monde pourrait expliquer des songes qui reproduisent exactement les choses. Je dis les ressemblances, parce que les images des rêves sont à peu près comme les représentations d'objets dans l'eau, ainsi que nous l'avons déjà dit : quand le mouvement du liquide est violent, la représentation exacte ne se produit pas, et la copie ne ressemble pas du tout à l'original. Dans ce cas, l'homme habile à juger les apparences serait celui qui pourrait le plus promptement démêler et reconnaître, dans ces représentations tout oscillantes et toutes disloquées, que telle image est celle d'un homme, telle autre celle d'un cheval, ou celle de tout autre objet. Le songe produit ici un effet à peu près semblable ; le mouvement brise le rêve et l'empêche d'être l'exacte copie des choses. §13. Telle est donc la nature du sommeil et du rêve ; telles sont les causes qui produisent l'un et l'autre ; telle est enfin l'explication de la divination tirée des songes.


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Dernière mise à jour : 12/11/2009