HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Synesius de Cyrène (c. 373 - c. 414), L'Égyptien ou De la providence (texte complet)

Livre II, chap 6

  Livre II, chap 6

[2,6] Ἀλλ´ εὐλαβητέον γὰρ ἤδη, μή τι καὶ τῶν ἀρρήτων ἐξορχησώμεθα. τὰ μὲν ἱλήκοι τὰ ἱερά· ἡμῖν δὲ τά τε πάλαι μαθοῦσι περὶ ἀδελφοῦ γενόμενα καὶ γινόμενα θαυμαστόν τι φαίνεται καὶ ἄξιον φροντισθῆναι, τί ποτε ἄρα, ὅταν πού τις γένηται διαφέρουσα φύσις, οὐ κατὰ μικρόν, ἀλλὰ παρὰ πλεῖστον βελτίων χείρων, οἷον ἀμιγής τις ἀρετὴ πρὸς κακίαν κακία πρὸς ἀρετήν, ἐγγύς που παραφύεται καὶ τὸ ἀντικείμενον ἄκρατον, ὡς ἐκ μιᾶς ἑστίας προιέναι τὰ τοσοῦτον ἀπῳκισμένα, καὶ μίαν εἶναι ταῖν δυεῖν βλάσταιν τὴν ῥίζαν. πυθώμεθα οὖν φιλοσοφίας, τί ποτε ἄρα αἰτιάσεται τοῦ παραδόξου πράγματος· δὲ ἴσως ἀποκρινεῖται, δανεισαμένη τι καὶ παρὰ ποιήσεως, ὅτι, « ἄνθρωποι, δοιοὶ γάρ τε πίθοι κατακείαται ἐν Διὸς οὔδει, δώρων, οἷα δίδωσι, κακῶν ἕτερος δὲ ἐάων. τὸ μὲν οὖν πολὺ κατ´ ἴσον, παρὰ μικρὸν ἧσσον ἀφ´ ἑκατέρων ἐγχεῖ καὶ κίρνησιν, ὥστε ἔχειν τῇ φύσει συμμέτρως. ὅταν δέ ποτε ἀπλήστως ἐγχέῃ θατέρας μερίδος, καὶ γένηταί τις πατὴρ ἐπὶ τῷ φθάσαντι τῶν παίδων ἀκριβῶς εὐδαίμων κακοδαίμων, ἐπὶ τὸ λοιπὸν θάτερον ἀκριβῶς ἐστι τὸ λειπόμενον. γὰρ θεὸς διανομεὺς ἀντανισώσει τὸ ἐνδεές, ἐπειδὴ δεῖ τὴν δαπάνην ἴσην εἶναι τοῖν πίθοιν, καὶ τὴν ἀρχήν ἐστιν ἐν τοῖς γένεσι σπέρματα ἀπ´ ἀμφοῖν ἴσα καὶ ἓν ἄμφω γινόμενα τῷ λόγῳ τῆς κοινῆς φύσεως. ὅταν δὲ ὁπωσοῦν καταχωρισθὲν προδαπανήσῃ τις θάτερον, ἀνεπίμικτον ἔχει τὸ λεῖπον». ταῦτα εἰποῦσα, πείσειεν ἂν ἡμᾶς, ἐπειδὴ καὶ τῆς συκῆς ὁρῶμεν γλυκύτατον μὲν τὸν καρπόν, φύλλα δὲ καὶ φλοιὸν καὶ ῥίζαν καὶ πρέμνον, ἅπαντα ὀπωδέστατα. δόξειεν γὰρ ἄν, ὅσον ἔχει χεῖρον φύσις τοῦ δένδρου, τοῦτο ἐν τοῖς οὐκ ἐδωδίμοις ὅλον ἐξαναλώσασα, ἀκραιφνὲς καταλιπεῖν ἐν τοῖς ἀκροδρύοις τὸ ἄριστον. ταῦτ´ ἄρα γεωργῶν παῖδες· ἀνασχώμεθα γὰρ καὶ φαύλων εἰκόνων, εἰ μέλλοιμεν πλέον ποιήσειν εἰς παραδοχὴν ἀληθείας· ἐκεῖνοι τοίνυν ὑπὸ τῆς φύσεως ἴσως αὐτοδιδαχθέντες, δύσοσμά τε εὐώδεσι καὶ γλυκέα δριμέσι παραφυτεύουσιν, ἵνα τὸ ὅσον γῆ μοχθηρὸν ἔχῃ συμπεπλεγμένον, τοῦτο τῇ συγγενείᾳ πρὸς ἑαυτὰ σπῶντα, μόνον ἐάσῃ καὶ ἀπειλικρινημένον ἐν ταῖς βελτίοσι ῥίζαις τὸν χυμόν τε καὶ τὸν ἀτμὸν τὸν ἀμείνονα. καὶ ἔστι τοῦτο πρασιᾶς καθαρτήριον. [2,6] Mais prenons garde de profaner, en les divulguant, quelques mystères; que la religion nous soit propice. Le spectacle que nous a présenté, que nous présente la diversité des frères, est fort curieux et provoque d’utiles réflexions pourquoi, lorsqu’un homme apporte en naissant des penchants qui doivent, je ne dirai pas l’attirer, mais l’entraîner impérieusement vers le bien ou vers le mal, de telle sorte que ses vertus ne soient accompagnées d’aucun vice, ou ses vices d’aucune vertu, pourquoi, tout à côté de lui, la nature produit-elle un être d’un caractère tout opposé? Ainsi une même famille présente les contrastes les plus frappants: d’une souche unique naissent des rejetons tout dissemblables. Demandons à la philosophie comment elle explique cette étrangeté; sa réponse, elle va l’emprunter à la poésie. "C’est, ô mortels, que Jupiter dans l’Olympe a placé deux tonneaux; De l’un sortent les biens, et de l’autre les maux". D’ordinaire les quantités de bien et de mal qui s’échappent des deux tonneaux sont égales ou presque égales, et se tempèrent dans de justes proportions. Mais quand il a coulé de l’un plus que de l’autre, quand le premier né est pour ses parents un sujet de honte ou d’orgueil, alors la part qu’il n’a pas eue, bonne ou mauvaise, revient toute au second fils: car Dieu, le souverain distributeur, établit une compensation. Les tonneaux doivent se vider également; c’est à cette double source que les mortels puisent, en naissant, ces divers penchants dont la réunion forme le fonds commun de la nature humaine. Quand par hasard un homme n’a rien retenu de ce qui sort de l’un des deux tonneaux, tout ce qui lui vient de l’autre demeure sans mélange. En nous tenant ce langage, la philosophie nous persuadera sans peine : ne voyons-nous pas que le fruit du figuier est très doux, tandis que les feuilles, l’écorce, la racine, le tronc sont amers? La raison en est toute simple: tout ce que l’arbre a de mauvais passe dans les parties qui ne se mangent point, tout ce qu’il a d’excellent reste dans le fruit. Voyez encore les jardiniers (car ne craignons point d’emprunter nos comparaisons aux objets vulgaires, si nous pouvons par là faire mieux entrer la vérité dans les esprits) : à côté de plantes suaves et douces, ils en font pousser dont l’odeur est forte, dont le goût est âcre; celles-ci, par une secrète affinité, attirent à elles tout ce que le sol renferme de malfaisant, et laissent aux meilleures plantes les sucs les plus épurés, les parfums les plus exquis: c’est ainsi que l’on purge les jardins.


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Dernière mise à jour : 10/07/2008