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coucou bon w end a toi et a vénus
pour la semaine prochaine
j e prepare un article sur le passage a l ad
Par lescockersdemaryse, le 31.01.2025
oui vraiment j en ais des larmes au yeux
pourquoi tant de solitude en fin de vie
même en ayant de bons enf
Par douceuretdetente, le 31.01.2025
mon amie
j ai lu ,,et relu
oui ces choses là arrivent dans les couples
j en suis vraiment émue
j espèr
Par douceuretdetente, le 31.01.2025
bonjour mon amie brigitte
dern ier jour de janvier ,,
et dimanche la chandeleur
ag réable de se retrouver e
Par douceuretdetente, le 31.01.2025
pas grave ma douce pour le retard!je vais aller voir quand je vais enfin avoir un moment car beaucoup de pers
Par mamynoha2, le 30.01.2025
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Date de création : 13.06.2011
Dernière mise à jour :
31.01.2025
11529 articles
Mélissa Da Costa, née le 7 août 1990, est une romancière française autrice de best-sellers.
Mélissa Da Costa grandit à la campagne dans l'Ain, près de Mâcon.
Son père travaille dans le bâtiment et sa mère est assistante maternelle.
Elle écrit depuis toute petite mais ne se sent pas légitime pour devenir écrivain.
Après des études d'économie, elle occupe un emploi de chargée de communication dans le domaine de l’énergie et du climat.
Elle dépose en 2018 un roman sur la plateforme numérique d'auto-édition monbestseller.com sur laquelle elle est repérée et publiée par une petite maison d'édition, Carnets nord. Renommé Tout le bleu du ciel, le roman connaît un succès important et est publié en poche.
Elle suit également des formations en aromathérapie, naturopathie et sophrologie.
La lecture fait partie de sa routine quotidienne, au milieu du sport et de l’écriture.
Suivront d'autres titres publiés chez Albin Michel, Les Lendemains (2020), Je revenais des autres (2021), Les Douleurs fantômes (2022), La doublure (2022) et Les femmes du bout du monde (2023) .
Ses romans sont des best-sellers, ils figurent dans le top 10 des livres les plus vendus en France en 2021.
En janvier 2023, Mélissa Da Costa figure dans le classement publié par Le Figaro des dix auteurs français qui ont le plus vendu de livres en 2022.
Elle atteint la troisième place derrière Guillaume Musso et Joël Dicker avec 844 547 exemplaires vendus au cours de l'année 2022.
Déjà sur mon blog, rubrique ″Mes lectures″
TOUT LE BLEU DU CIEL MELISSA DA COSTA 01 (centerblog.net)
TOUT LE BLEU DU CIEL MELISSA DA COSTA 02 (centerblog.net)
LES LENDEMAINS MELISSA DA COSTA (centerblog.net)
Critiques :
"Disons le tout net, Je revenais des autres est le meilleur ouvrage de l'auteure"
Lire-Le Magazine Littéraire
"Un livre touchant. Une ode à la résilience. A lire absolument"
Le Progrès
" On abandonne [les personnages] avec regret. Un panorama [...] qui ravira les amoureux du cinéma de Cédric Klapish.
" Lire-Le Magazine Littéraire
"Je revenais des autres est un très beau roman qui rappelle avec lucidité et intelligence que c'est toujours dans le regard et l'écoute des autres que l'être humain puise sa force et sa grandeur"
L'Avenir
Arvieux en été
L'histoire :
Philippe a quarante ans, est directeur commercial, marié et père de deux enfants.
Ambre a vingt ans, n'est rien et n'a personne. Sauf lui.
Quand submergée par le vide de sa vie, elle essaie de mourir, Philippe l'envoie loin, dans un village de montagne, pour qu'elle se reconstruise, qu'elle apprenne à vivre sans lui. Pour sauver sa famille aussi.
Je revenais des autres est l'histoire d'un nouveau départ.
Le feuilleton d'un hôtel où vit une bande de saisonniers tous un peu abîmés par la vie.
Le récit de leurs amitiés, doutes, colères, rancœurs, amours aussi.
Le roman des autres, ceux qu'on laisse entrer dans sa vie, ceux qui nous détruisent mais surtout ceux qui nous guérissent.
Arvieux l'hiver
Epigraphe :
Je revenais des autres chaque fois guéri de moi
À l'abri d'un sourire
D'un geste qui donnait champ
Des moissons d'une parole
Je quittais citernes et mirages
du chagrin pour une sorte de bonheur.
Le bonheur ?
Andrée Chedid, Je revenais des autres
Extraits :
Le médecin ne le laissa même pas répondre. la porte se referma sur lui. Coupable. C'était ce qu'il semblait lui hurler. Coupable d'avoir mené une liaison avec elle, alors qu'il avait quarante ans, était marié et père de deux enfants. Coupable d'être à la fois son sauveur et son bourreau.
Des parents qui ne se disputaient jamais. Pour se disputer, il aurait déjà fallu se parler. Or, chez les Miller, le silence était maître. Jamais un cri, jamais un mot plus haut que l'autre. Pendant les repas, on se limitait à parler de la météo.
Mais elle ne l'écoutait et ne le voyait déjà plus. Sous ses yeux défilaient de grandes étendues blanches, une nature sauvage et calme. Elle sentait l'air frais sur son visage. C’était une sensation bizarre, une sensation oubliée depuis longtemps. C’était… oui, c'était ça, un semblant d’émotion, une infime particule de ce qu’elle avait perdu depuis longtemps. De l’espoir.
Autre chose l'attendait quelque part.
"Tu sais, personne n'arrive ici par hasard."
Elle le regarda sans comprendre. Coincée dans ce fauteuil, impossible d'échapper à son sourire et à son regard.
"Personne ne devient saisonnier par hasard", reprit-il.
Elle attendit la suite et, comme rien ne venait, elle demanda, sur la défensive ;
"Pourquoi ?
— Bah...quand on y réfléchit, c'est étrange, non ? Quitter sa ville, sa famille, ses amis, tout ce qu'on a pour partir vivre avec des inconnus la moitié de l'année...ça cache toujours quelque chose."
— Ouais. J'aime bien faire ça. Partout où je pose mes valises, il y a toujours quelqu'un qui aime les livres. Chaque saison. Alors, j'aime bien proposer des échanges. C'est ma petite tradition personnelle. C'est comme un cadeau mais en mieux : c'est un souvenir. Tu vois, chacun de ces livres, c'est une personne que j'ai rencontrée. Et ça, ce sont pas seulement des rayons remplis de livres, mais des rayons de souvenirs.
La librairie était calme. Elle commença à sortir des livres et à en lire des passages. Puis elle en reposa certains sur leur rayon et en mit d'autres de côté.
" Comment tu les choisis ? demanda Tim dans son dos. Tu ne regardes même pas le résumé.
— Non, je les ouvre au hasard au milieu.
— Et tu lis un passage ?
— Ouais. Si le livre arrive à m'accrocher en trois lignes, c'est bon signe."
Elle nota qu'il avait déjà deux livres sous le bras. Il avait été rapide.
" Et toi ? demanda-t-elle.
— Je lis la dernière phrase. Si elle me donne envie de lire les dix mille qui la précèdent, alors j'achète ! "
" Pourquoi ils font encore des résumés , alors ?
— Pour les gens normaux , tiens ! "
— Pas vraiment. Faire un compromis, c'est prendre en compte les deux parties et choisir la solution la meilleure pour les deux. C'est quelque chose de raisonné. Quand t'es amoureux, tu ne fais pas de choix raisonné. Tu es faible, je dirais même que tu es à la merci de l'autre.
"Cette histoire était une erreur. Je t'ai volé plusieurs mois de ta vie. Je m'en rends compte maintenant. Vraiment, j'ai été dégueulasse. Avec toi mais aussi avec Nina. Je n'avais jamais fait ça avant... avant toi. Et je ne veux plus jamais recommencer."
Il leva les yeux vers elle, des yeux anxieux.
"Tu... Tu ne dis rien ?"
Elle aurait voulu lui dire que ce qu'il appelait sa plus grande erreur avait été sa seule véritable histoire d'amour à elle.
" Tu sais, parfois je me dis que j'ai peut-être inventé notre histoire. Que je me suis joué un scénario toute seule dans ma tête.
— Pourquoi ?
— Il me donne l'impression qu'on n'a été que deux inconnus qui ont vécu deux histoires totalement différentes, dans deux univers parallèles. Chacun dans sa réalité. Il parle d'amusement... Il parle d'erreur de parcours. Comme si c'était qu'une petite passade légère, qu'il fallait pas en faire un drame.
— C'est pas comme ça que tu l'as vécu...
— Non. J'ai inventé de l'amour et des sentiments. J'ai été sacrément idiote. On n'a jamais été en phase en réalité. On a vécu chacun ce qu'on avait envie de croire qu'on vivait.
Depuis deux jours, j'ai l'impression d'être en mille morceaux. Comme si j'avais explosé de douleur. Je flotte au gré du vent, éparpillée, prête à me dissoudre. Je suis devenue indifférente à tout ce qui m'arrive. Et la seconde d'après, je ressens tout de nouveau, très fort. Je ne sais pas ce qui est le pire, d'ailleurs.
Tim a dit qu'on n'a pas forcément besoin de destinataire pour écrire. C'est comme les auteurs de livres, ils n'écrivent pour personne en particulier. Parfois, ils écrivent seulement pour eux-mêmes. Je vais écrire pour moi-même.
— Il faut que tu laisses tomber tout ça. Toute cette colère que tu traînes en permanence avec toi. Ce ressentiment contre tes parents, ça t'épuise. C'est fatigant la colère. Ça fait mal, ça vide de toute énergie... et c'est inutile. Ils ont fait un pas vers toi, alors tu devrais essayer de lâcher prise. Pas forcément pour eux, mais pour toi, pour retrouver une certaine paix.
— La paix, je l'aurai si vous me lâchez!
Ambre ne supportait plus le calme de Rosalie. Elle aurait aimé la voir quitter la pièce en claquant la porte.
— Ça aussi, tu devrais arrêter.
— Mais quoi, bon sang ? Quoi encore ?
— Ton petit manège pour faire fuir les gens. Tu as la trouille qu'on t'aide mais on t'aidera quand même, On est tous dans le même bateau, tu comprends pas ?
— Qu'on arrive toujours à trouver la force de tout surmonter, même si on a l’impression qu’on va simplement mourir de douleur. Et tu sais comment on surmonte tout ça ?
Ambre secoua la tête, les yeux rivés à ceux de Rosalie.
— Grâce aux autres. Aux personnes que tu laisses t' aider. C’est comme des mailles qui s’accrochent les unes aux autres à l’infini. Les autres te font souffrir et ce sont ensuite d’autres « autres » qui te sauvent. Tous les maux viennent des autres mais aussi toutes les guérisons.
— Il y a des milliers de genres de relations. Passionnelle, fusionnelle, platonique, amicale, explosive...D’ailleurs, tu sais, il y a un sociologue qui a déterminé trois sortes d’amour qu’il nomme les amours primaires. Il les a répertoriés dans un bouquin appelé of Love. En gros, si je me souviens bien, tu as l’amour érotique, qui naît de l’attirance physique avant tout. Tu as l’amour ludique : les relations ne sont qu’un jeu, elles se résument au plaisir de séduire. Et tu as l’amour amical. C’est une amitié qui se transforme lentement en amour. Il appelle ça "aimer sans la fièvre ou la folie"
" — J'ai dit que je les trouvais silencieux, mais j'ai jamais essayé de leur parler. Je me plaignais qu'on ne soit pas proches, mais j'ai toujours été froide et distante.
— Tu attendais qu'ils t'appellent au chalet. Et quand ils le faisaient, tu ne répondais pas.
— Ouais, c'est ça. Mais ils n'ont jamais su insister. Ils sont trop faibles.
— Ils le sont tous.
— Les parents ?"
Tim acquiesça, l'air grave.
— Pendant des années, on croit qu'ils sont forts, qu'ils nous protègent. Et puis ... on ouvre les yeux et on se rend compte que ce sont eux les faibles et que nous, on peut les briser en quelques mots.
— Leur problème, c'est qu'ils nous aiment. Malgré tout ce qu'on fait. Je veux pas être parent. Jamais.
— Moi non plus.
Ambre étouffa un petit rire.
— On serait des parents affreux.
— Comme tous, non ?
Le lac de Roue
La vérité, c'était que si elle l'avait vraiment voulu, elle aurait eu tout le loisir de mourir. Philippe ne passait que quelquefois par semaine à l'appartement. Il aurait suffi de le faire pendant qu'il était au bureau. Elle n'aurait pas mis plus d'une heure à se vider de son sang. Il l'aurait trouvée déjà froide et raide. Mais elle avait tenté le pari. S'il tenait sa promesse et venait, il pourrait la sauver. S'il ne venait pas, elle mourrait.
Je pense toujours à Philippe et j'ai toujours mal quand je pense à lui. Mais c'est comme vivre avec une entorse à la cheville. Au début, on souffre énormément, puis la douleur devient plus diffuse, plus lointaine. On a toujours mal mais on n'y prête plus autant attention, on apprend à vivre avec. Au bout d'un certain temps, la douleur fait même partie du quotidien. Elle ne nous empêche pas de vivre. Elle est là, c'est comme ça, on n'y peut rien, mais c'est presque comme si on s'en moquait.
— Je souffre de ce que les psys appellent une phobie de l'abandon.
Ils pensaient qu'elle ironisait, mais ce n'était pas le cas. Elle était tout à fait sérieuse. Et amère.
— Ils disent que j'ai sans doute vécu la mort de mes parents, jeune, comme un abandon. Les personnes comme moi ont disons... une espèce de peur permanente de revivre un abandon.
Quand j’étais petite, je m’amusais un petit jeu. Je m’imaginais que j’avais le pouvoir d’arrêter le temps sur le moment de mon choix, pour pouvoir en profiter. Je me demandais sans cesse : « Est-ce maintenant ? Est-ce que j’aimerais appuyer sur pause ? » Et puis, je me disais qu’il y aurait d’autres moments plus heureux. Ce n’était jamais totalement parfait. Je n’avais droit qu’à une seule pause, pour toute ma vie, alors il fallait bien la choisir. J’ai arrêté ce petit jeu quand je suis entrée au lycée, je crois, plus ou moins.
Et puis l’autre jour, on rentrait d’un après-midi ski : Gabriel, Rosalie, Sophie dans le porte-bébé, Anton, Tim et moi. On est passés à l’appartement de Gabriel puisqu’on avait deux heures devant nous avant de reprendre le service. On avait tous pris des coups de soleil et on était affamés. Je donnais le biberon à Sophie, sur le canapé. Rosalie et Tim préparaient une salade de fruits dans la cuisine. Rosalie riait aux éclats, je l’entendais depuis le salon. Gabriel avait mis de la musique : il avait acheté un nouvel album qu’il voulait nous faire écouter. Anton était accroupi devant la chaînes hi-fi et ils discutaient d’un groupe de rock je crois. Et ça m’est revenu d’un coup, comme ça, sans prévenir, le petit jeu de la pause. Je me suis dit : “Ça, c’est un moment parfait”.
La beauté du paysage leur imposa le silence. Il y avait quelque chose de solennel et de majestueux à se trouver au milieu de ces étendues de neige, seuls, au cœur de la nuit. C'était la nature à l'état brut, sans rien pour la troubler. On n'entendait plus que le crissement de la neige sous leurs raquettes. Ambre ne savait pas quelle impression en elle dominait. Il y avait ce sentiment d'irréalité, car la lune donnait au paysage une lueur phosphorescente, inquiétante et fascinante à la fois. Il y avait aussi cette sensation, puissante et saisissante, d'être seuls au monde et minuscules. Et puis cette excitation au creux du ventre, comme s'ils étaient en train de mener une expédition insolite, inédite et secrète, au cœur de la nuit. Et enfin ce gonflement dans la poitrine, tellement grisant, qu'elle reconnaissait entre tous : ce sentiment de liberté totale et de toute-puissance. Car ils régnaient sur la montagne silencieuse en maîtres. Sacré mélange.
Le silence faisait aussi partie de la magie. Ils étaient seuls au monde. Au-dessus d'eux, le spectacle du ciel : immense, étoilé, la pleine lune triomphante. C'était comme s'ils étaient en dehors du temps, en dehors du monde, en dehors de tout. Elle aurait voulu rester plantée là pour toujours.
« J’aime pas les mots, voilà tout.
– Ce n’est pas une vraie réponse.
– Avec les mots, on parle pour ne rien dire, on s’éparpille, on meuble le
silence… et surtout on ment.
– Alors selon vous on ne devrait jamais parler ?
– Les animaux ne parlent pas.
– Nous ne sommes pas des animaux.
– On oublie l’essentiel.
– Quoi donc ?
– Le regard. Un regard ça ne ment jamais. Ça dit beaucoup plus de
choses que les mots. »
le lac de Roue
— Je me souviendrai de toi si c'est ce qui t'inquiète tellement. Je me souviendrai de la couleur de tes cheveux. Peut-être même de l'intonation de ta voix. De ta façon de me suivre dans la forêt, sans idée, ni but précis...
— Je...Pourquoi vous me dites tout ça ?
– C’est l’angoisse de la plupart des gens, d’être oubliés. Je ne t’écrirai
jamais mais il pourra m’arriver de penser à toi… une fois ou deux… en
levant les yeux vers un pin. Je me rappellerai que pour toi, tous les pins
étaient identiques.
Arvieux
On n'entendit plus que le chant des oiseaux qui passaient d'arbre en arbre. Wilson fumait tranquillement, indifférent à cette lourde tristesse qui étreignait le cœur d'Ambre, indifférent à tout. Il aurait pu être un arbre. Il se serait contenté de vivre pour sentir la brise sur son écorce, pour voir fleurir les fleurs à ses pieds. Il aurait pu naitre et vivre sans que personne s'en aperçoive jamais. Il n'était qu'un courant d'air qui traversait les lieux sans les marquer et il les quittait avant même qu'on se rende compte de sa présence. Et elle, elle avait pensé bêtement qu'on pouvait retenir l'air.
— Parce que t’as jamais eu assez d’estime pour toi pour penser que tu pourrais être aimée toute entière d’une personne. T’as toujours cru que tu devais partager. Tu t’es toujours contentée des restes d’affection.
Longtemps j’ai cru qu’être heureux, c’était trouver une stabilité, vivre un bonheur sans tache, jamais troublé, jamais questionné. Ne pas faire de vagues. Finalement, j’ai compris qu’être heureux, ça peut être au contraire choisir de faire table rase du passé, perdre des gens pour prendre le risque d’en rencontrer d’autres. Être heureux, c’est quelque chose qu’on obtient quand on a eu le courage de tout envoyer balader et qu’on a pris le risque de tout recommencer à zéro. Être heureux, ce n’est pas la sérénité, le calme et le bonheur sans vagues. C’est au contraire être capable de tout faire voler en éclats, de tout remettre en question, toute sa vie si on le souhaite.
Elle lissa le papier et commença à lire. C'était un poème d'une dizaine de lignes, recopié avec maladresse mais sans rature :
Nos racines ne sont pas dans notre enfance,
dans le sol natal, dans un lopin de terre,
dans la prairie enclose
où jouent les enfants de la maternelle.
Nos racines sont en chaque lieu
que nous avons un jour traversé.
Ainsi, comme le gratteron, croissons-nous
en nous agrippant ici et là.
Et ces chemins qui serpentent sans fin,
et ces forêts bleuissant dans le lointain
– sans parler des montagnes de nos rêves –,
les lieux étrangers et les noms étrangers
deviennent nôtres et de nouveau étrangers.
Ils ne nous quittent pas pour de bon.
Soudain la canne du marcheur reverdit,
et prend racine, et refleurit.
— C'est un poète estonien. Karl Ristikivi
Ils disparaîtraient tous, ces autres qui lui avaient offert un livre, un bracelet, une légende sur les perce-neige, un poème... Et elle sourit. Car elle venait de comprendre, avec un mélange de tristesse et de mélancolie, qu'il valait mieux pleurer toutes les personnes merveilleuses qu'on perdait plutôt que de ne jamais les avoir connues.
Le perce-neige
Mon humble avis :
566 pages...Un beau roman passionnant et qui se passe dans mon département, à Arvieux, village typique des Hautes Alpes.
J'avais tellement aimé "Tout le bleu du ciel" que je ne peux que lire les livres suivants de cette auteure, même si le premier m'a particulièrement marqué et qu'il sera toujours difficile d'en préférer un autre.
Mais j'ai retrouvé sa belle écriture emplie d'humanité, de poésie, de pudeur...
Une ode à l'amitié, à la reconstruction, à la bienveillance, à la tolérance, à l'ouverture d'esprit, à la liberté...
Un récit sur l'amour et les amours, sur le thème de l'homosexualité, sur l'amitié, la vie familiale, l'enfance,
"Je sais qu'on a toujours des choses à reprocher à nos parents mais...parfois il faut seulement savoir profiter d'eux quand ils sont là."
la passion des livres, l'intolérance et l'incompréhension dans les familles, sur le monde des saisonniers, sur le rejet familial, les rencontres importantes qui marquent nos vies et qui restent à jamais dans nos cœurs, à celles qui nous construisent, nous font grandir, nous apportent, à celles qui nous aident à surmonter et à oublier les autres qui nous détruisent et nous font souffrir.. .
"Les gens sont comme les lieux, ils ne sont que de passage."
De l'attachement pour les personnages et beaucoup d'émotions au fil du récit...
Personnages que j'ai retrouvé dans le livre suivant : les douleurs fantômes que je présenterai demain.
Et toujours l'amour de la nature et de ses bienfaits pour guérir des blessures de la vie.
"La pluie produisait un bruit apaisant."
"Les plus beaux endroits sont toujours cachés et difficiles d'accès, répondit Tim avec patience."
Toujours des sujets graves abordés :
"Moi je me demande pourquoi on décide de faire des enfants. Je veux dire, c'est pas une obligation. C'est pas une étape à franchir absolument dans une vie avant de mourir. Ceux qui ne sont pas faits pour ça devraient s'abstenir"
Tant de sujets évoqués avec justesse et tendresse.
Message d'espoir et leçon de vie, touchant et émouvant...
Les très belles photos viennent de divers sites sur le Net.
Mille mercis à leurs auteurs pour ces partages.
Brigitisis