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Date de création : 13.06.2011
Dernière mise à jour : 06.02.2025
11536 articles


Choeï-Yun, la courtisane Conte Zen

Choeï-Yun, la courtisane  Conte Zen

 

 

Choeï-Yun, la courtisane


Un haut chignon, des coques en ailes de phénix coiffant ses cheveux de jais, les joues de porcelaine, des pieds délicats,
elle avait quinze ans, Choeï-Yun,
et la taille si fine qu'au moindre souffle
on craignait qu'elle s'envolât.

 

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Au Pavillon bleu, elle était la plus sollicitée des courtisanes.
Une heure en sa délicieuse compagnie valait treize pièces d'or.
Sa mère jalousement y veillait.
Mais il est vrai qu'elle chantait comme le rossignol pro-gné,
ses doigts vous effleuraient comme la rosée,
et le regard de ses yeux noirs était déjà une caresse.

On venait de loin dans la petite ville de Yu-Hang,
pour l'ad­mirer.
Elle servait le thé, jouait de la cithare,

 

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et même aux échecs avec ceux dont la bourse était modeste. 

Seuls les riches marchands, quelque mandarin de passage,
la suivaient dans les appartements privés.

Parmi ses admirateurs, il y avait un beau jeune homme pauvre,
un artiste, qui la regardait de loin avec ferveur.

 

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Un jour, il put réunir assez d'argent pour offrir à Choeï-Yun
un modeste présent.

Il s'avança au milieu des prétendants.
Leurs yeux un bref moment se croisèrent,
et à l'instant, une douceur inconnue envahit leurs cœurs.

Houo, dans sa main, tenait un poème.

Il le donna à la jeune fille. 

Elle le prit sans un mot.
Le len­demain il était là,
mais il n'avait plus assez d'argent pour offrir un nouveau présent, et il ne put s'approcher.


La terrible marâtre veillait.


Un tableau qu'il venditpermit enfin à Houo
d'acheter un cadeau honorable.

Il fut autorisé à prendre le thé en compagnie de sabien aimée.
Ils parlèrent peu, et suivant le rituel, car chacun les observait.
Mais en s'inclinant dans un sourire
pour lui signifier la fin de l'entretien,
Choeï-Yun glissa un billet dans la main du jeune homme.

Le cœur battant, Houo le lut, dès qu'il fut hors de vue.


Ainsi était-il écrit :


Automne de pluie et de vent.

Mélancolie.

Soudain paraît mon ami Et mon cœur est guéri

 

Et quelques lignes plus bas, il déchiffra un second poème, qui l'émut jusqu'aux larmes:

 

Les bateliers hèlent les voyageurs

Certains traversent, moi pas

Certains traversent... pas moi.

 

Tout était dit.


L'amour, l'espoir, la promesse.


Deux jours plus tard,
il réussit à faire parvenir à Choeï-Yun sa réponse :

 

Hiver glacé,

Routes enneigées

Si vous êtes ma tendre amie

Main dans la main nous ferons le chemin

 

Quand il se présenta au Pavillon bleu,
Houo fut abordé par une servante :

«Suivez-moi», lui dit-elle.

Ils traversèrent la foule ;


Choeï-Yun l'attendait, installée à sa place habituelle :

«J'accorde un entretien privé à ce jeune homme, expliqua-t-elle, pour un cadeau secret qu'il me fit. »

Les hommes qui l'entouraient s'inclinèrent.


Elle pria Houo de s'asseoir auprès d'elle :

«Voulez-vous passer la nuit avec moi, demanda-t-elle,
afin de converser, et de mieux nous connaître ?

— Hélas ! répondit Houo, j'ai épuisé mes faibles ressources,
je ne suis qu'un pauvre lettré.

L'intimité de votre corps est pour moi un rêve merveilleux, etinaccessible. »

Alors ils se turent, assis tristement l'un à côté de l'autre.
Bientôt la marâtre intervint.
Elle fit signe à Choeï-Yun ; un riche marchand la réclamait.
Les jeunes gens se quittèrent.
Houo, accablé, résolut de ne plus revenir au Pavillon bleu.


Il adressa à sa bien-aimée ce dernier poème :

 

Aussi longtemps que nous mangerons le riz

de ce monde

Nous serons séparés.

Dans notre tombeau enfin

Nous dormirons ensemble

 

Une semaine plus tard, Houo quittait la ville.
Et les mois s'écoulèrent au sablier du temps.

 

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Un soir d'hiver, la neige tombée en abondance avait tout revêtu de silence.
Au Pavillon bleu, les clients étaient rares.
Un étrange visiteur se présenta, qui por­tait des habits inconnus dans la contrée.
À la main droite, il avait une bague ornée d'un serpent dragon aux yeux jaunes.

 

356

https://www.gros-delettrez.com/

 


L'homme était riche,
et il obtint sans peine un entretien avec la perle des courtisanes : Choeï-Yun.

Elle commença à jouer pour lui sur sa cithare un air mélancolique, en l'accompagnant de sa voix mélodieuse.

Le visiteur la regardait avec bonté.
Soudain, il leva un doigt, le posa sur le front de la jeune fille,
en disant par deux fois ces mots :

Dommage, dommage.

Et il s'en alla, aussi mystérieusement qu'il était venu.


Le soir, en se couchant,
Choeï-Yun vit dans son miroir une tache noire,
qui était apparue à l'endroit où l’étranger l'avait touchée au front.

Elle se lava avec énergie, mais la tache ne s'effaça pas.
Les jours qui suivirent, elle s'étendit au contraire à tout le visage.

Quelques semaines plus tard,
Choeï-Yun, la face noire et
crevassée comme celle d'un démon, avait perdu sa beauté.

Les clients refusaient désormais de payer pour la voir,
ou l'entendre chanter.

Elle devint un objet d'horreur.
La marâtre la plongea tout entière dans un baquet,
l’injuria, la battit.
Rien n'y fit.


Alors on voua la malheureuse aux plus basses besognes :
fille de cuisine, souillon,
souffre-douleur des plus humbles servantes,
elle devait coucher à l'écart, sur un tas d'ordures.

 

Houo apprit un matin de la bouche d'un voyageur
l'histoire extraordinaire d'une courtisane de la petite ville
de Yu-hang.

Il s'enquit de son nom.
Quand il connut la déréliction où était tombée sa tendre amie,
il vendit tous ses biens,
et même un champ qu'il avait reçu en héritage.

Il se présenta au Pavillon bleu
et proposa à la marâtre de racheter sa fille.


Celle-ci yconsentit, trop heureuse de se débarrasser d'un monstre.

Ils s'en allèrent en silence.
Choeï-Yun avait caché sa face noire sous un pan de son manteau.

 

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Ils vivaient heureux.
Mais Choeï-Yun ne se consolait pas d'offrir
à son bien-aimé le spectacle de sa face de démon :

« Ô mon mari, mon maître, mon ciel ! disait-elle,
comme j'aimerais vous présenter un visage plus convenable ! »

Houo la rassurait,
mais il souffrait parfois de devoir cacher son épouse,
et chacun murmurait qu'une telle laideur
était la punition des dieux pour quelque hor-rible méfait.

Il allait tous les mois à la grande ville
pour vendre les tableaux qu'il peignait.


Un jour, il rencontra un homme étrange,
qui portait à l'index de la main droite une bague
sur laquelle était gravé un serpent dragon aux yeux jaunes.

 

356

 

« Pourquoi peignez-vous des femmes sans visage ? »
demanda avec bonté l'étranger.

 

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Artisho - Paolo Borges

 

Houo, qui se sentait le cœur un peu lourd, raconta son histoire.

«Je suis médecin, dit l'homme,
me permettez-vous d'essayer sur votre épouse
une recette dont j'ai le secret ? »

Houo accepta,
à la condition que Choeï-Yun ne dévoile pas sa face noire.


L'homme vint dans la maison.
Il se fit apporter une bassine remplie d'eau,
où il traça avec son index des signes mystérieux.

 

 

bassine

 

« Que votre épouse se lave avec cette eau, dit-il,
elle retrouvera son visage d'autrefois. »

Choeï-Yun s'exécuta.


Elle redevint si belle
que la lumière du soleil pâlissait devant la nacre de ses joues.


Mari et femme remercièrent avec effusion leur bienfaiteur.


Celui-ci avait disparu, et ils surent que c'était un immortel.

 

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Quel soit le voile des apparences,
le Zen va droit au cœur de l'essentiel.

 

Cette terre même est le pays du lotus de la pureté

Et ce corps même, bel ou disgracié, est le corps 

du Bouddha.

 

Dicton zen

 

Conte Zen

 

 

L'amour au-delà du passé de la personne ?
L'amour au-delà de l'apparence physique ? 
L'amour au coeur de l'essentiel?
Dans chaque conte zen on peut puiser une réflexion personnelle...

Brigitisis

Merci pour les partages de ces images trouvées sur le net.

 



Commentaires (1)

marssfarm le 05/01/2020
Merci Brigitte du conte conté.
En notre époque il n'est plus politiquement correct puisque le noir y est synonyme de laid & le blanc de beau.
Au-delà des appas rances on voit parfois de belles personnes peu photogéniques. Cela vient du fait d'une beauté intérieure que donc la pellicule ou les pixels ne peuvent rendre.
Good year to you.
http://marssfarm.centerblog.net


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