Le feuilleton vitriot ne passionne pas

Il a eu les projecteurs braqués sur lui au début du mois de février alors que la campagne battait son plein, sur fond d'altercation entre deux équipes de candidats. Le marché du centre-ville de Vitry (Val-de-Marne) était alors devenu celui où un colistier de la République en marche, désavoué par sa tête de liste, promettait à un autre de lui « niquer sa race ».

Cinq mois se sont écoulés, jour pour jour, au cours desquels le Covid-19 a sévi et le maire de Vitry a changé, à la suite d'un coup de théâtre que personne, ou presque, n'a vu venir.

Dans une ville où la participation a plafonné a seulement 22,61% (la plus faible de France) le 28 juin, date du second tour des municipales, difficile ce mercredi de trouver des habitants ayant voté. 

«Je ne pouvais pas», élude Daniel, sorti d'une allée avec un masque sur le visage et des sacs de fruits à la main. Il a suivi cette élection qui devait être une formalité, mais qui a eu un écho bien au-delà des frontières vitriotes avec l'élection surprise de Pierre Bell-Lloch (PCF) provoquantun déchirement au sein du parti entre la section locale et le département. Pierre Bell-Loch étant considéré comme un «traître» par les uns, et comme un maire sorti d'un scrutin dont la «légitimité» est «incontestable» pour les autres.

Pour cette habitante d'Ivry croisée un peu plus loin, dont le fils a été élu sur la liste de Philippe Bouyssou (PCF), l'élection de Vitry est «scandaleuse». «Quand on vote, c'est pour la tête de liste, pas quelqu'un qu'on n'identifie pas», balaie cette sympathisante de gauche qui dénonce une «magouille» et une élection qui n'aurait pas dû «se passer comme ça».

Certains habitants ne savent même pas qui était le maire précédent. Vitry détient le record du taux d'abstention des villes de plus de 1 000 habitants. Au premier tour, elle était déjà la ville du Val-de-Marne où les habitants s'étaient le moins déplacés pour voter.

«Oui j'ai voté, indique enfin une habitante qui quitte le marché. C'est bien monsieur Kennedy qui est repassé ?» interroge-t-elle. Une autre, qui n'a pas voté mais est au courant du «putsch» ne voit pas de mal dans le fait d'avoir «un peu de changement, avec de la jeunesse».

(par Fanny Delporte, le Parisien)