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Croquis. A gauche, le chaos des irréconciliables

Publié le 12/06/2017 à 17:00 par pcfob Tags : image monde homme france article mort histoire nature automne carte fleurs rose google pouvoir sur

 

Croquis. A gauche, le chaos des irréconciliables
12 juin 2017 Par Hubert Huertas dans Médiapart

Quel désastre ! En voix, la gauche a atteint son plus bas niveau depuis 1958. En sièges, c’est encore pire. Le parti socialiste est effondré, La France insoumise est amaigrie, Europe Écologie et le PC sont marginalisés.

D’abord ne pas détourner les yeux. Il y a dans les résultats de ce premier tour des législatives une foule d’incertitudes qui ne concernent pas seulement la gauche. Elles expriment une crise muette, puisque traduite par une absence, mais qui ne peut pas être ignorée. Ce dimanche 11 juin, dans une élection majeure, les abstentionnistes étaient plus nombreux que les votants. C’est une première, elle est sinistre, et le pouvoir serait fou de l'ignorer. La désertion des électeurs exprime un décalage alarmant entre les institutions et ce qu’en perçoivent les Français.

Décidément, l'introduction du quinquennat et l’inversion du calendrier des législatives sont en train d’accoucher d’une République dont le pouvoir exécutif, c’est-à-dire celui d’un seul homme, le président, a dissout le pouvoir législatif. Les élection législatives sont devenues l’annexe de la présidentielle, leur arrière-train, et l’on s’étonne, pardon de l’image, que les électeurs ne se passionnent pas pour un croupion !

Si le président tout-puissant, grisé comme ses prédécesseurs par les commodités du pouvoir personnel, ne mesure pas l’urgence d’une réforme institutionnelle, il en paiera les conséquences, comme Hollande et Sarkozy, en plus expéditif peut-être. Il serait d’autant plus lourdement dégagé que sa majorité est caricaturale. Il faut s’être habitué à l’impensable pour constater sans s’étonner, comme on le fait en France, qu’un parti qui dispose de 16 % des inscrits puisse obtenir 80 % des sièges à l’Assemblée nationale. Cela ne pourra pas durer toujours.

 

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Tout cela est préoccupant et pourrait être, pour la gauche en miettes, une occasion de s’inquiéter d’autre chose que d’elle-même. De faire comme si de rien n’était et d’attendre, en invoquant un automne chaud, que le fruit tombe pour le récupérer. Comme si, quand on n’a plus ni bras ni jambes, il était encore possible de saisir une balle au bond.

Hier soir, le parti socialiste a disparu. Il dominait la scène et la gauche depuis 40 ans ; il avait installé des bastions tenus par des milliers d’élus, des centaines de députés et sénateurs, il avait occupé deux fois l’Élysée, et il s’est volatilisé. Une débâcle inouïe, plus impressionnante que celle de 1993, qui passait pourtant, avec la présidentielle de 1969, pour l’échec indépassable. Eh bien, c’est fait, quand on compare les résultats, la déconfiture de1993 deviendrait presque une confiture !

Comment « Solférino », dont le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis a sombré avec le navire, en est-il arrivé là ? La réponse est complexe. Le PS a pris l'eau sur le long terme, avant de couler brutalement. Le long terme c'est la dépolitisation croissante, la perpétuation de responsables transformés en notables que les Français ne supportent plus, la conversion, derrière les impératifs de gestion, à un social-libéralisme qui désorientait ou braquait les électeurs de gauche, tout cela a miné l’édifice. Mais le court terme c'est aussi le quinquennat Hollande et l’avènement de Manuel Valls à Matignon. Ils ont accéléré la catastrophe en dynamitant ce qui était cinq ans plus tôt une majorité qui disposait des villes, des départements, des régions, du Sénat, et de l'Assemblée.

Quand Manuel Valls a décrété que les gauches étaient « irréconciliables », il est allé au bout d’un cheminement qui détruisait le PS d’Épinay, celui de François Mitterrand. Mitterrand avait institué le marche ou crève des gauches antinomiques. Le mot d’ordre était de les rendre conciliables. Quand, lors des municipales de 1977, cet homme qui venait de la droite a obligé des centaines de bons notables roses, dans le genre d’un Gaston Defferre, à faire alliance avec le PC, il a mis en place des « alliances contre nature », comme disait la droite de l’époque.

Au bout du compte, la conciliation des « irréconciliables » a amené la gauche au pouvoir, avec ses limites, ses retournements, ses variations, et cette gauche bancale a gagné les élections, tandis que les Français y trouvaient quelques acquis : la cinquième semaine de congés, la retraite à 60 ans, l’abolition de la peine de mort, les comités d’entreprise, l’ancêtre du RSA, la CMU, les 35 heures, le Pacs ou le mariage pour tous.

En théorisant la fin du parti "mi-chèvre rose mi-chou blanc", Manuel Valls a livré le PS au centre droit d’Emmanuel Macron et soldé une histoire qui vaut ce qu’elle vaut, mais que Mitterrand a fait durer quarante cinq ans.

Donc le PS est tombé par sa faute et ses retournements. C’est un fait. Fleurs et couronnes, c’est du passé, n’en parlons plus.

Mais ce constat n’explique pas tout. Il ne dit pas pourquoi cette Bérézina est devenue celle de toute la gauche, et pourquoi personne n’a pris la place que le PS avait abandonnée. C’est qu’il y a dans cette débâcle collective un autre acteur central, qui ne s’est pas hissé à la hauteur du moment historique qu’il avait pourtant su créer par son talent, au premier tour de la présidentielle.

 

 
Le 23 avril, Jean-Luc Mélenchon est devenu, par la volonté des électeurs, le numéro un de la gauche, le patron, celui vers qui se tournaient les regards. Il pouvait réconcilier les gauches, apaiser les divergences, faire venir à lui les électeurs déboussolés par cinq ans de hollandisme. Il a choisi de souffler sur les braises, d’excommunier, de dénoncer les contradictions plutôt que de les dépasser. Les socialistes étaient des « crevards », les communistes, « le néant et la mort ».

 

À sa manière, Jean-Luc Mélenchon a décrété, comme Manuel Valls, mais pour des raisons rigoureusement inverses, l’un par effondrement idéologique, l’autre au nom de la pureté, que les gauches étaient « irréconciliables » et il a accablé ses partenaires potentiels. Le résultat est là. Même dans sa propre circonscription, le Mélenchon législatif a perdu du terrain par rapport au Mélenchon présidentiel (34 % hier soir contre 39 % le 23 avril).

Le mal est fait. La gauche est affaiblie comme jamais, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne se relèvera pas, dans sa diversité et ses contradictions. Les cimetières politiques sont peuplés de ressuscités. Encore faut-il que les uns et les autres ne se contentent pas de se frotter les mains devant les malheurs du rival. Encore faut-il que chacun assume ses égarements. Et que tout le monde renonce à s’écharper au pied du monument aux morts.