Juste là.

Donc, hier j'ai manifesté. Pas à Paris, pas dans une grande ville, mais dans ma ville. Parce que je connaissais beaucoup des personnes présentes, c'était plus « intime » et on a pu partagé ensemble nos points de vue sur cette drôle de semaine..

D'ailleurs, on a pas vraiment manifester, on s'est juste rassemblé autour d'une estrade.

Déjà, j'ai été surprise et heureuse de voir que beaucoup de personnes – dont pas mal de jeunes – s'étaient réunis dans notre petite ville. C'était vraiment beau de voir tout ce monde ensemble pour une même raison. Ce qui était bien aussi, c'est que les organisateurs ont invité tout le monde à prendre la parole si on en avait envie. Pour partager un poème, un discours ou juste un point de vue.

Et ce qui m'a vraiment fait plaisir, c'est qu'un jeune ose prendre la parole. Il avait préparé son texte – très beau et percutant d'ailleurs – et il parla sans trembler, comme si être devant près de 3000 personnes ne lui posait pas de problème. J'aurais bien été incapable de faire ça ! Un homme aussi est monté sur l'estrade, tout simplement pour nous désigner son gendre - de toute évidence de confession musulmane – et annoncer à toute la ville qu'il l'avait accepté dans la famille. Ça m'a fait rire. Pour moi c'est normal d'accepter le chéri de sa fille, qu'il soit musulman, noir, juif ou ce que vous voulez, mais apparemment pour cet homme, c'était assez impressionnant pour le crier sur les toits... Mais il a eu raison de le dire. Comme l'a rappelé une demoiselle peu après, les amalgames sont maintenant nos pires ennemis.

Puis, une minute de silence a été demandé. Et c'était vraiment le plus beau moment. Comment expliquer... Juste avant, il y avait un brouhaha – normal, avec 3 000 personnes – et tout d'un coup, plus rien. On voyait les gens, mais c'est comme si on avait enlevé le son. C'était vraiment émouvant, même les bébés ne pleuraient pas, il n'y avait pas un bruit. Et après, spontanément, les gens se sont mis à applaudir, encore, encore, encore. On a chanté la Marseillaise, tout doucement, sans crier. Parce que ça n'avait pas de sens de crier.

Le maire a fait un discours, nous invitant à remercier les gendarmes, policiers et autres qui ont perdu certains de leurs collègues pour notre protection. Et il nous a remercié d'être venu si nombreux. Et comme si on s'était mis tous d'accord avant, tout le monde leva des crayons, des affiches « Je suis Charlie » en l'air. Pendant longtemps, pour que ce moment ne s'arrête pas. Parce que qui sait ce que va devenir la France dans les jours, semaines, mois à venir..?

Et même lorsque c'était fini, on est resté sur la place. Et j'ai pu parler avec des jeunes, qui étaient là pour la liberté d'expression, pour montrer qu'ils n'avaient pas peur. Comme moi. Comme tout les autres. Personne ne voulait vraiment partir...

Lou qui se demande comme tant d'autres...et après ?