La lâcheté ordinaire

Publié le 30/07/2018 à 11:31 par rogerbenard Tags : divers bonne homme femme sur société femmes place presse chiens

https://www.bienpublic.com/faits-divers/2018/07/29/video-paris-elle-repond-a-son-harceleur-il-la-frappe

 

http://www.leparisien.fr/faits-divers/frappee-au-visage-en-plein-paris-pour-avoir-repondu-a-son-harceleur-28-07-2018-7836573.php

 

Que montre cette vidéo? 

 

Une femme est agressée par un homme  sur la voie publique sous les yeux de six femmes et cinq hommes soit onze personnes attablées à une terrasse. Au vu des images il semble que, compte tenu de la rapidité de l’agression, aucune de ces personnes n’a pu l’empêcher (bien que le coupable « non présumé » a pris le temps de prendre un cendrier sur une des tables de la terrasse, objet qui, du fait de son usage, devient, en droit, une arme par destination).

Son acte commis, l’agresseur s’en retourne sans grande hâte. Quelques hommes et femmes se dirigent alors vers lui et, selon l’article accompagnant cette vidéo:« l’un d’entre eux empoigne même une chaise pour aller à sa rencontre. Mais la situation ne dégénère pas. L’homme parlait plus fort que les autres, il hurlait »…… »*

L’individu n’est pas interpellé par les témoins comme leur permet pourtant l’article 73 du code de procédure pénale. Il est vrai qu’il parlait fort et qu’il hurlait. Devant cette attitude présentant, sans discussion possible, un énorme danger pour elles, ces onze personnes ont décidé de le laisser repartir en paix. Non mais!  Coucher les chiens!

La situation n’a pas dégénéré dit-on. Fort bien. Mais cette situation n’aurait-elle pas pu dégénérer dans le bon sens c’est à dire vers l’arrestation de l’auteur des faits par les témoins même si quelques horions auraient pu être distribués de part et d’autre?

« Vingt minutes plus tard, bien décidée à porter plainte, elle retourne au bistrot pour chercher des témoins. « Les gens ont afflué, pour m’apporter leur soutien, pour me calmer et me dire qu’ils pourraient témoigner », se rappelle-t-elle, très reconnaissante envers ses bons samaritains »*. Des bons samaritains qui n’ont quand même pas pris le moindre risque pour interpeller l’auteur des faits mais qui acceptent de témoigner. On est courageux mais pas téméraires. Cette victime n’est vraiment pas rancunière.

«J’ai beaucoup de chance d’avoir pu récupérer la vidéo, c’est un bon outil pour le combat des femmes », revendique-t-elle un brin féministe »**. Certes, mais si, pour compenser la lâcheté absolue des hommes présents sur place, on avait vu les six femmes témoins  se précipiter sur l’auteur des faits, après tout c’était jouable, et le neutraliser cela n’aurait-il pas été « un bon outil pour le combat des femmes?

« Le problème, c’est l’insécurité systématique que font subir les hommes aux femmes. Certains hommes pensent que la rue leur appartient et qu’on n’a rien à y faire »**

Non, le véritable problème est la lâcheté d’une société individualiste, désarmée moralement et matériellement par des pouvoirs successifs, qu’ils soient de droite ou de gauche. Onze citoyens se couchent devant un homme qui hurle et qui parle fort.  Une société où, quand une victime se défend et blesse ou tue son agresseur, on considère benoitement que l’affaire a « dégénéré » et  ou les ayants droit de l’auteur peuvent demander en toute bonne conscience des dommages et intérêts à la victime. Société où lorsque des policiers sont agressés physiquement, on parle « d’incidents ».

 

  • Presse

 

** Victime