Distantes d’une centaine de kilomètres, balancées entre l’Afrique subsaharienne et l’Afrique du nord, Agdz et Zagora regardent parfois ensemble vers l’Ouest pour les échanges et le commerce, en direction de Taliouine, capitale du safran, de Foum-Zguid, de Tata, de Taroudant et de l’autre Sud, Atlantique. Là où se jettera leur fleuve nourricier. Mais c’est quand même un tout autre monde !

Toutes les deux sont articulées autour d’un axe principal où se tiennent les marchés. Elles se déploient aussi dans la palmeraie géante qui couvre le territoire. Au sud d’Agdz, on pourra visiter l’impressionnant Ksar de Tamnougalt du XVIème siècle. Certains porches sont encore ornés de motifs berbères et juifs. D’autres kasbahs sont intéressantes comme celle d’Igdaoum. Au sud de Zagora, passé l’Oued, le Ksar de Amzrou est tout à fait étonnant et bien conservé. Une communauté juive importante y vivait et l’on peut voir le mellah (quartier juif) et la synagogue jouxtant la mosquée. On y fond toujours de l’argent pour la fabrication de bijoux.

Une autre étape, dans le village de Tamegroute, peut vous émouvoir. Un théologien du XVIIème siècle y fonda une zaouïa (sorte de sanctuaire) liée à une mosquée. Voyageur, il fit l’acquisition de milliers de traités manuscrits de sciences, de médecine et de religion. Quatre mille d’entre eux sont gardés sous vitrines dans la bibliothèque du village, dont un traité du Coran du XIème siècle sur peau de gazelle.

Dès la sortie de Zagora, on sent que le désert, tant désiré et appréhendé, approche. Des plus grandes zones caillouteuses (hamadas), des petites dunes (Tinfou) annoncent la vision prochaine des immensités sablonneuses sahariennes. La dernière porte d’entrée s’appelle M’Hamid…