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LES JUIFS DE BOUKHARA.

Publié le 20/07/2015 à 18:16 par rol-benzaken Tags : maroc image enfants roman center amour monde chez histoire

Boukhara : être juif au pays de Gengis Khan

Boukhara…
Le bout du monde. La citadelle médiévale d’Asie Centrale évoque les caravanes et les voyageurs intrépides, les conquêtes guerrières de Gengis Khan, mais aussi l’aventure extraordinaire du rabbin marocain Yossef Mamane devenu, par amour, boukharien.

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Depuis l’éclatement de l’URSS, de nombreux pays, souvent majoritairement musulmans, ont émergé, aux confins de la Russie, accédant à l’indépendance en 1991. Ainsi en est-il de l’Ouzbékistan, capitale Tachkent, avec ses villes aux noms magiques : Samarkand, Khiva et Boukhara.

Environ 250 000 âmes et où de superbes mosquées illuminent la cité, sans oublier le célèbre mausolée d’Ismaël le Sassanide, des Juifs vivent depuis des millénaires. Ils semblerait qu’ils soient essentiellement venus d’Iran du temps de l’empereur de Perse, Cyrus le Grand, au VIème siècle avant notre ère.

Tudèle les mentionne dans ses récits qui datent du XIIème siècle. Les Juifs de Boukhara vivaient dans des ghettos, les "mahalas", parlant le judéotadjik, l’ouzbéko-turkmène et le russe.
En 1620, le quartier juif de Mahaleb Yin Kuhne (Vieux Quartier) est créé.
Plus tard, un deuxième ghetto, le Mahalla Y Naw (Nouveau Quartier), s’y ajoutera. Enfin, au XVIIIème siècle, un troisième quartier juif voit le jour : Amirobod. Très islamisés, les Juifs de Boukhara ont, en général, adopté les tenues vestimentaires des Musulmans.
À défaut d’abattage rituel, ils s’approvisionnaient en viande chez les bouchers musulmans.
Pour la plupart, les Juifs boukhariens vivaient du tissage et de la teinture de la soie. Il ne faut pas oublier que l’Ouzbékistan était une étape obligée de la fameuse "Route de la Soie".
Beaucoup aussi pratiquaient l’orfèvrerie.
Les Juifs boukhariens ont eu leurs grands poètes locaux tel Youssouf Yahoudi (1699-1755), Benyamine Ben Mikhaïl et Elisha ben Schmouel Ragib.
À un moment de son histoire où la communauté s’était un peu endormie, un regain d’énergie lui a été insufflé par le rabbin Yossef Mamane (1752- 1823). Originaire de Tétouan, au Maroc, le rabbin Mamane est envoyé en mission en Terre Sainte, à Safed, puis, de là, à Boukhara. Son charisme et sa foi sans faille vont re-dynamiser la communauté. Il oblige ses fidèles à abandonner leur rituel ancestral en judéo-persan pour celui pratiqué à Livourne en judéo-espagnol. Il interdit de se fournir en viande chez les goyim et de participer à des réunions de missionnaires chrétiens. Il crée un réseau d’abattage rituel, envoie des émissaires en Europe chargés d’acquérir des ouvrages de prière en nombre. Il épousa, en secondes noces, une Juive de Boukhara dont il eut trois enfants. Ses fidèles lui décernèrent le titre de Grand moullah, équivalent à celui de Grand rabbin. Yossef Mamane mourut à Boukhara à l’âge de quatre-vingt ans.

En 1843, les Juifs de Boukhara achètent des terres à Samarkand. La transaction est connue sous le nom de Makhallaï Yakhudion.
C’est au début du XVIème siècle, malgré l’interdiction formelle prévue par le statut de la dhimma en terre d’islam que les Juifs de Boukhara construisent leur première synagogue qui porte le nom de la donatrice qui a permis cette entreprise : Nodir Divan- Begi. tranquillité.
Cela ne durera pas, hélas et la révolution russe de 1917 entraînera les exactions antireligieuses que l’on sait.

D’une manière plus générale, au delà de Boukhara, la communauté juive d’Ouzbékistan a compté quelque 100.000 membres dans les années 80 : les Juifs dits "de Boukhara", qui ont essaimé dans les villes de province et les Ashkénazes, qui ont fui les purges staliniennes puis la tragédie de la Shoah et qui étaient essentiellement regroupés à Tachkent. De nos jours, la communauté juive ouzbeke, qui fait face à un retour en force de l’islam fondamentaliste, est en voie de disparition. Entre 1989 et 1992, la moitié des Juifs du pays a fait son alyah. Certains ont opté pour les États-Unis. Cette émigration vers Israël et ailleurs se poursuit au rythme de plusieurs milliers de personnes par an. Paradoxalement, de nombreux Juifs font leur apparition au même moment. Il s’agit de quasi-marranes, les Chalas, qui ont décidé de revenir à la foi de leurs ancêtres.

Néanmoins, malgré l’émergence de ces "Nouveaux Juifs", il ne reste guère qu’un peu plus de vingt mille Juifs en Ouzbékistan, la plupart vivant à Tachkent où fonctionnent des synagogues et des écoles juives.
Grâce au mouvement Loubavitch, un Grand rabbinat d’Asie centrale siégeant à Tachkent a été fondé en 1991. Un journal, Shofar, édité en russe, continue de jouer le rôle de lien entre les communautés juives éparses du pays. Mais une chose est sûre : comme dans de nombreuses autres terres d’islam et malgré la présence d’une ambassade d’Israël dans le pays, la communauté juive de Boukhara comme celles de tout l’Ouzbékistan, est en voie de disparition.

Jean-Pierre Allali

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Enfants juifs en habits traditionnels, avec leur professeur, à Samarcande entre 1909 et 1915.