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je pense et même je le souhaite au plus profond de moi, qu'un jour une école de france pays initiateur des dro
Par Anonyme, le 02.10.2024
mon dernier commentaire semble avoir été coupé. avec le smartphone c'est moins pratique. je disais que j'avais
Par Michèle Pambrun , le 15.08.2024
je m'avise de ce que vous êtes du même pays géographique que marie-hélène lafon et bergou. pierre bergounioux
Par Michèle Pambrun , le 15.08.2024
j'ai regardé, on est toujours curieux de la vie des écrivains qu'on aime, tant pis pour eux
Par Michèle PAMBRUN , le 15.08.2024
je vais l'acheter illico.
de séverine chevalier j'ai lu jeannette et le crocodile.
c'est une voix singulièr
Par Michèle PAMBRUN , le 15.08.2024
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Date de création : 08.07.2011
Dernière mise à jour :
31.01.2025
425 articles
J’étais Dora Suarez
De Robin Cook
Editions Rivage/Noir
Traduit de l’anglais par Jean-Paul Gratias
« Je rêvai à des jours où mon esprit n’était pas si vieux – je rêvai de soleil radieux et de pluie couleur d’ardoise, de petits matins où je sortais de chez moi pour découvrir que ces choses-là n’étaient pas anciennes, mais toutes nouvelles, et que j’avais encore ma place parmi elles, au même titre que tous les gens que j’eusse jamais connus, ce qui signifie qu’on est un citoyen véritable partout sur cette terre. »
L’histoire. Dans le Londres triste et glauque de la toute fin des années 80, une jeune femme, Dora Suarez, est assassinée avec sa logeuse dans des conditions épouvantables. Un flic remis en selle pour mener à bien l’enquête, va voir sa vie bouleversée par cet évènement et cette rencontre avec la pauvre Dora Suarez.
Quand tu as du mal à choisir ton exergue pour rédiger ta chronique, parce que tu as relevé cinq ou six passages de première bourre, tu sais que ça commence très bien. En fait, tu le sais bien avant, depuis la lecture dudit ouvrage. J’enfonce les portes ouvertes, mais c’est parce que j’ai l’épaule douloureuse. Ce roman Noir, ce monument de la littérature Noire, je ne pense pas qu’il ait besoin de moi pour vivre sa vie et horrifier autant que ravir ceux qui l’ont lu ou celles et ceux qui le liront. C’est le quatrième et dernier tome de la série Factory, qui met en scène un policier pour qui la mort des petites gens est aussi importante que celle des personnes « en vue ».
Mais je désire ardemment en parler, parce que c’est un sacrément bon roman, la crème de la crème tout en haut du panier (ça ne veut rien dire mais ça fait joli). Et parce que c’est si beau que je le dois bien à Robin Cook, et aussi à Dora Suarez (et Betty Carstairs).
Robin Cook était un romancier anglais qui sévissait dans les années 80 et 90. Saint Jean-Patrick Manchette le tenait en très haute estime, ce qui suffit à adouber l’individu. Ils se connaissaient et entretenaient une relation épistolaire assez fournie et intéressante (lire pour cela Lettres du mauvais temps, aux éditions de La table ronde).
Dans ce J’étais Dora Suarez, Robin Cook s’enfonce et nous emporte avec lui au plus profond de la détresse humaine, dans la grande fange obscure du désarroi, à l’endroit même où le genre humain met en terre tout ce qui reste de bien en lui, avec la pelle du Mal - l’espoir et la beauté, l’amour et la compassion, la joie et la justice, toutes ces pierres précieuses qui font de nous des joailliers de contrebande qui rechignent à montrer leurs sentiments. Sauf peut-être avec Derrière les panneaux il y a des hommes, de Joseph Incardona, je n’ai pas le souvenir d’être descendu aussi bas dans la noirceur. Mais ce qui est époustouflant, c’est que pour nous attirer si bas, dans ce lieu de perdition absolue, l’auteur n’use d’aucun artifice facile, aucune surenchère que certains utilisent avec tant de désinvolture de nos jours, vous savez, l’hémoglobine par citernes entières, les descriptions macabres comme dans un vide-greniers, toutes ces choses inutiles et indigestes qui permettent d’éviter de réellement aller au fond du sujet, justement. Robin Cook ne raconte pas, il dit. Il dit le désespérant désespoir (je pléonasmise si je veux), il décrit avec une infinie tendresse ces oubliés, ces voix inaudibles, ces fracassées de la vie, mis au ban par la société et repoussés parce que à l’écart – le chien qui se mord la queue. Et au premier rang desquels les femmes, évidemment. Objets de convoitise, sujets de querelle, excuses au défoulement des pires pulsions.
« Parfois, je me sens tellement oppressé par le crime que je crains de perdre la raison, comme ma femme Edie. Ce n’est pas seulement à cause de la terreur que les circonstances d’un meurtre m’inspirent, mais de la souffrance gratuite qui menace et frappe les gens – voilà ma souffrance. La vie, les êtres, les lieux qu’ils se sont construits, les traces qu’ils laissent derrière eux comme le sillage éphémère d’un navire, la terre elle-même – la vie est si précieuse, je redoute qu’un jour elle m’aveugle, tout comme elle aveugla Suarez.
C’est un véritable cri d’amour que pousse l’auteur avec ce roman, il déplore le gâchis, la souffrance et la douleur, il en veut à cette chienne de vie qui permet la survenue de toutes ces horreurs, et c’est une lancinante plainte qui sourd des pages, mais indocile, révoltée, un cri de combat qui se refuse à la résignation. Robin Cook disait lui-même au sujet de ce très grand roman que ce n’était plus un roman Noir, c’était au-delà, c’était un roman en deuil.
C’est aussi un roman de l’obsession, celle du tueur et celle du flic, réunis dans la même turpitude, courant après l’insaisissable, parce que ça recommence toujours.
Alors pourquoi vous aventurer dans cette nuit si obscure, si malsaine, me demandez-vous ? À cause de l’écriture, bien sûr, c’est toujours pareil, l’écriture, le juge paix. Le style et ce qu’il porte, cette révolte, cette indignation, cet amour pour son prochain. Si vous avez lu les extraits plus avant, vous savez.
Je vous laisse avec un dernier, pour la route, et pour le plaisir.
« Pourtant, dans le monde où je vivais et où je travaillais, le bien n’était qu’un rêve fade comparé à la réalité du mal, à moins qu’elle ne renaisse à la vie par le miracle d’une main disparue mais caressante, d’une nuit de fête, de la passion rare d’un baiser destiné à nulle autre, et gravé sur sa joue par l’être unique qui ne fut créé que pour le lui donner. »
Quelqu’un capable d’écrire des lignes si sublimes ne doit jamais être oublié et toujours lu.
Mais je crois que la phrase qui en dit le plus long sur ce roman et les intentions de l’auteur, c’est celle-ci, une pièce unique, taillée dans un fragment de poésie :
Ainsi, avec des intentions sinistres, j’entre dans une pièce obscure comme une mariée en noir.
Robin Cook est mort bien trop tôt. Il était venu à Tarbes à la fin des années 90, avec Hervé Delouche (journaliste) qui l'interviewait. Quel homme incroyable. Je me rappelle sa souffrance de voir que les jeunes ne savaient rien de la guerre d'Espagne, et il se chargeait de la leur raconter dans les bars de Rodez. Je ne crois pas que J'étais Dora Suarez était sorti. Je l'ai probablement lu après. Je ne sais plus. En tout cas, Robin Cook disait qu'à écrire, il frisait chaque fois la folie, et je pense qu'avec J'étais Dora Suarez... J'ai un immense amour pour les romans de ce grand, sorti d'Eton et d'une famille de la haute qu'il a envoyé bouler. Je me rappelle son béret, son regard qui ne vous quittait pas quand il vous prenait la main pour vous remercier. Cher Robin Cook.
J'enrageais lorsque je voyais ses romans côtoyer sur les rayons des bibliothèques, ceux de l'homonyme américain, qui écrivait des thrillers médicaux. Je regroupais ceux de l'Anglais, pour leur faire de l'air.
Robin Cook (le nôtre, le vrai, celui qu'on aime) avait d'ailleurs à moment donné pris un pseudo, Raymond Derek...
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