Face à la réthorique guerrière contre l'Iran, on va à la rencontre des Iraniens et de leur pays. Sans pouvoir donner une image complète de la réalité complexe de l'Iran l'idée est de décrire au mieux ma perception de la vie quotidienne...
mercredi 6 août 2008
Voilà une petite vidéo ... Pour changer... ;-) Il s'agit d'un spot en faveur d'Ahmadinejad fait, si je ne me trompe pas, après le premier tour des élections présidentielles qui ont porté Ahmadinejad au poste de président de la République islamique d'Iran. Aujourd'hui exactement 3 ans après et un an avant les nouvelles élections présidentielles, je trouvais que c'était le moment de remettre ça... Je ne sais pas si vous auriez voté pour lui, mais il faut avouer ça a du rythme non? :-) Enfin remarque... si bien peu de gens sont entièrement satisfaits de son gouvernement, il y en a encore moins qui regrettent l'avoir soutenu au deuxième tour contre Rafsandjani...
jeudi 13 mars 2008
Vote... encore :-)
Allez je vous offre un tit collage de tractes politiques… Mercredi, pendant que j’attendais une amie à la sortie de l’université, je demande un tracte à un jeune propagandiste. Il me le donne avec plaisir et se met à me parler. Si je suis étranger ? Ma langue est-elle comme le persan ? Est-ce que je peux lui écrire qque chose ? (heureusement il oublie « la liste »)
Il me répond « la parti de Khomeini ».
Malheureusement, Khomeini est mort depuis presque 20 ans et n’était membre d’aucun parti. En plus, tous les partis ici se disent « en faveur de la ligne de Khomeini ». Donc sa réponse ne me disait pas grand-chose.
Mais j’insiste et je lui demande : « ah et c’est quoi le programme de votre parti ? » Il me dit de lire le tracte.
Quand je lui demande quelles doivent être les priorités du nouveau parlement, il me dit que je peux trouver toutes les info sur le site web du candidat.
J’essaie une dernière fois avec la question : « Mais pour vous quelles sont les choses les plus importantes que vous voulez voir changer en Iran ? » Il me répond : « ça dépend uniquement de Dieu ».
mardi 11 mars 2008
Le système politique local
Vu les élections de vendredi... je vous avais promis un petit truc sur le système politique iranien... Si cela ne vous intéresse pas... tant pis :-D
Une partie du système est assez facile. Il y a des conseils communaux et des maires élus, il y a un parlement élu, un président élu. Un peu comme en France. Puis il y a le Conseil des Gardiens, un organe qui tient le milieu entre une Cour constitutionnelle et un Sénat. C’est une deuxième chambre du Parlement qui discute les lois pour voir si elles sont conformes à l’Islam (plutôt qu’à la constitution). Ce Conseil des Gardiens contrôle aussi les candidatures pour les élections (voir si les candidats n’ont pas de précédents pénaux, respectent les fondements du régime, etc…). Or en cas de conflit entre le Parlement et le Conseil des Gardiens un autre Conseil, le Conseil de « discernement de l’intérêt de l’ordre ». En gros ils interviennent pour éviter une impasse entre les deux organes du pouvoir législatif. Puis ils peuvent décider de dépasser l’Islam si c’est dans l’intérêt du régime (ce qui est drôle pour un régime islamique). Jusqu’ici je crois que l’on peut suivre. Des conseils ou commissions du genre existent plus ou moins dans tous les pays de l’Europe aussi.
lundi 10 mars 2008
To vote :-)
J’aurais voulu écrire qque chose sur ma boulangère préférée et sur l'amour de ma vie, mais vu que ce vendredi les Iraniens vont voter pour leur nouveau parlement, j’ai décidé que vous devrez attendre un tit peu et avaler deux trois choses sur les élections.
Alors commençons par la campagne électorale. En vertue de la loi, elle a commencé depuis qques jours seulement. Selon le dirigeant suprême, Khamenei, cette règle a pour but d’éviter que les candidats mettent en péril la cohésion de la république islamique avec des polémiques trop acerbes. Afin d’éviter trop de polémiques, le conseil des gardiens (une forme de conseil constitutionnel avec l’islam comme constitution) avait déjà bloqué les candidatures de nombreuses personnes, jugées pas suffisamment islamiques. On a deux types de candidats grosso modo, ceux attachés à un parti et les « indépendants ». Ces derniers valorisent surtout certains aspects de leur personnalité ou de leur histoire (p.ex. qu’ils ont été prisonniers de guerre ou qu’ils ont combattu pour les gardes de la révolution ou encore qu’ils sont médecins ou qu’ils ont obtenu un PhD.) En ce qui concerne le programme, les candidats indépendants mettent souvent plus l’accent sur la nécessité d’avoir un représentant esfahanais au Parlement national pour défendre les besoins et demandes de la ville.
Si la campagne électorale bat son plein avec les candidats tractant un peu partout en ville (aux mosquées, sur le campus de l’univ, dans les centres commerciaux,…), une autre campagne avait déjà commencé bien avant : celle du gouvernement ayant pour but de convaincre les gens d’aller voter. Comme vous voyez sur la photo, cette campagne explique en même temps combien il est important pour le gouvernement (dans la forme de Khamenei), l’islam et le feu dirigeant suprême Khomeini (ou son esprit) d’aller voter. Relisez aussi l’autre post : to vote or not to vote pour comprendre qu’il ne va pas de soi que les gens aient voter. Pourtant le gouvernement fait tout pour.
Ainsi si tu vas voter tu reçois un cachet dans l’équivalent de ta carte d’identité qui indique que tu as été voter. Ce cachet facilite ensuite certaines démarches administratives (obtention de visa, inscription ou…). La participation au vote est donc considérée par le gouvernement comme un signe de soutien au régime. Ce qui est vrai et faux à la fois. Vrai pcq effectivement souvent ceux qui rejettent le régime en bloc n’iront pas voter. Faux pcq il y en a qui n’y vont que pour le cachet. Puis ensuite personne n’a oublié les paroles de Rafsandjani après l’élection du réformateur Khatami en 1997 : "ce vote est un vote contre le régime". Certains disent effectivement qu’un taux de participation élevé en combinaison avec un vote en faveur des réformateurs ne signifie pas un soutien au régime. Pour d’autres au contraire même un vote en faveur des réformateurs exprime un soutien pour le régime en place tout comme le désir de le « réformer ».
Ben voilà… ah oui faudrait encore que je vous dise qque chose sur le système politique ici…ce sera pour mercredi…puis je vous promets avant le nouvel an vous aurez droit à ma boulangère et l'amour ;-)
mardi 22 janvier 2008
To vote or not to vote
Le 14 mars les Iraniens éliront un nouveau parlement, Je lisais dans le journal Kayhan (conservateur) ajd qu'on s'attend à un taux de participation élevé. Parmi ceux qui s’opposent au gouvernement actuel la question clé est: aller voter ou pas? Pour les présidentielles de 1997 ils avaient massivement voté pour Khatami, président réformateur, plus par peur de l’autre candidat (Nateq-Nouri, un conservateur d’extrême droite) que par conviction que Khatami allait tout changer. Certains de ceux qui ont voté pour Ahmadinejad aux dernières présidentielles ont fait le même raisonnement : « surtout pas l’autre » (Rafsandjani, considéré à tort ou à raison comme corrompu). Pour les élections parlementaires la question se pose différemment, on ne peut pas simplement raisonner par la négative et voter contre qqu’un. Et puis en allant voter, on risque de perdre et de renforcer la légitimité d’un gouvernement dont on ne veut pas… En même temps si l’on ne vote pas, on perd d’office. Les réformateurs en ont déjà fait l’expérience qques fois. Question épineuse…
Autre débat : le temps, il fait froid ! Un peu moins mnt mais la semaine avant mon arrivée les villages et certaines villes au nord avaient souffert des coupures de gaz, parce qu’à cause du froid exceptionnel (pas arrivé depuis 30ans), le transport n’était plus garanti tandis que la consommation augmentait énormément. Puis sans gaz, les fours pour le pain ne fonctionnent pas… Pour épargner du gaz les bureaux des ministères et autres services étatiques ont été fermés pendant 5 jours, comme d’ailleurs les écoles puisque la neige ne permettait pas aux enfants de rejoindre leur école. On ne le penserait pas mais la question énergétique est assez délicate en Iran…
Cet été Ahmadinejad décida de rationner la consommation d’essence. Différentes raisons furent invoquées, mais la peur de possibles sanctions internationales a sans doute joué un rôle dans cette décision. Vu que l’Iran, à cause du manque de capacité de ses raffineries, est un importateur net de pétrole raffiné (même si grand exportateur de brut), le pays dépend énergétiquement à certains niveaux de l’étranger. L’idée d’Ahmadinejad de diminuer la dépendance du pétrole et ‘utiliser davantage le gaz comme combustible pour les voitures n’était dans cette perspective pas mauvaise. Le problème est qu’il y a un manque non pas de gaz, dont l’Iran détient d’énormes réserves, mais bien de stations de service distribuant ce gaz. Du coup on se trouve dans une situation où l’on doit faire la file pour l’essence à cause du rationnement et pour le gaz à cause du manque de distributeurs. Situation non-idéale, mais comment limiter la consommation interne et diminuer les subventions étatiques qui rendent le combustible presque gratuit, sans toucher à la situation économique des gens et du pays ? Heureusement comme étranger on ne doit pas gouverner le pays que l’on visite, mais si vous avez des suggestions je les passerai aux instances compétentes ;-)
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