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USA: processus fasciste

Publié le 07/01/2021 à 11:01 par vivelagauche Tags : pouvoir sur vie monde soi centre divers
USA: processus fasciste

Celui qui perd une élection à la régulière est le perdant et quelque part c’est de sa faute puisqu’il n’a pas su convaincre ses concitoyens de lui apporter leur soutien. Son adversaire retire de l’opération tout le mérite, puisqu’il a démontré son aptitude à convaincre une majorité électorale avec un projet séduisant.

Mais si on perd à cause de la tricherie alors on est la victime et l’adversaire est un sale bonhomme immoral qui n’arrive à ses fins que par la tromperie et l’abus de confiance à l’égard des électeurs

En choisissant le deuxième discours et non le premier, Donald Trump ne se soucie pas de la vérité mais de l’efficacité politique de ce qu’il dit auprès des millions d’américains qui ont eu confiance en lui et le soutiennent indéfectiblement. Pour un observateur extérieur , il pourra paraître absurde d’adopter cette posture alors qu’aucune preuve concrète n’a pu être apportée malgré des tentatives répétées pour démontrer la véracité de la fraude. Mais pour un politicien sans scrupule embarqué dans un projet de conquête du pouvoir ou de récupération de celui -ci , les choses se présentent autrement. Il sait que comme personne ayant une autorité reconnue auprès de ses fans, ce qu’il affirme comporte un degré de plausibilité qui empêche ses auditeurs de rejeter d’un revers de la main ses assertions du fait seulement que c’est lui qui le dit. Son électeur républicain du centre des Etats Unis n’a évidemment pas les connaissances juridiques et électorales pour se forger par lui-même une opinion sur l’existence de la fraude, il n’a pas non plus les moyens d’aller personnellement enquêter dans les états éloignés pour savoir ce qu’il en est. En la matière il est obligé de s’en remettre a ce que lui en disent les experts ,les juges et les personnes qualifiées et habilitées sensées disposer d’une compétence reconnue. Il s’avère qu’il s’agit en grande partie de cet establishment dont il a appris à se méfier à cause de déboires divers et variés dans sa vie personnelle et économique. C’est cette méfiance qui explique en grande partie son admiration pour un personnage hors normes comme Trump qui est justement la personne qui lui inspire le plus confiance et qui portait dans cette élection tous ses espoirs, alors quand celui- ci dénonce à cors et à cris la tromperie de l’adversaire il le croit tout simplement.

Même si vu d’ailleurs les arguments rationnels sur la défaite de Trump sont assez convaincants, il n’est pas étonnant que le président sortant puisse rallier autour de lui  tous les déçus d’une élection qu’ils ont somme toute perdue eux aussi avec lui et cela les rend tout disposés à le croire et à valider sa position s’il la répète avec assez de force, de conviction et de persévérance.

Pour Trump, les gesticulations qui accompagnent son départ et qui semblent ridicules aux observateurs et aux médias sont en réalité cohérentes et s’inscrivent dans un projet politique de consolidation de son électorat pour le futur.

Il quittera le pouvoir en se prétendant victime d’un complot malhonnête et se posera comme victime et de la sorte il deviendra encore plus proche de ses électeurs qui eux-mêmes se voient comme des victimes d’un système dominant qui les méprise et leur refuse la moindre considération du moins d’après eux ? L’adversaire même victorieux et quels que soient ses efforts pour pacifier la situation se verra chargé de fautes morales, sa tricherie supposée le disqualifie et autorise à l’avenir toutes sortes de transgressions pour le combattre et le vaincre. On retrouve là tout le laxisme moral que s’accorde le faible quand il combat contre le plus fort, thématique reprise dans toutes sortes de situations dans la même forme pour abolir les scrupules moraux pour les activistes minoritaires.

En se basant sur l’immoralité supposée de l’adversaire dominant et sa malfaisance on pourra allégrement justifier toutes sortes de transgressions et l’utilisation de moyens violents et de ruses diverses. De plus le sentiment de persécution et le ressentiment ainsi développés, enfermeront davantage les partisans de Trump dans l’entre soi de leur groupe victimaire ce qui les rendra indifférents aux argumentaires du camp opposés disqualifiés par avance. On construit ainsi un bouclier idéologique autour d’un mouvement qui se perçoit comme victime et détenteur de la supériorité morale ce qui lui autorise paradoxalement des excès dont ils ne se privera pas.

Si on jauge de la sorte ce qui s’est passé au congrès des Etats Unis, on sait que toutes les personnes raisonnables ont vu une bande d’excités entraver par la force le déroulement d’un processus démocratique légitime mais les partisans de Trump ont vu des héros se livrer à une effort allant jusqu’au sacrifice suprême puisqu’il y a des morts, pour combattre l’injustice.

Personne ne sait aujourd’hui ce qu’il va advenir du trumpisme mais il est important de comprendre que dans sa manière de quitter le pouvoir Trump se comporte non pas comme un malade mental mais comme un leader populiste et fascisant qui se donne les moyens de consolider son camp. Même si des républicains modérés prennent leurs distances, rien ne prouve qu’ils n’auront pas besoin de lui dans l’avenir et qu’ils ne lui tiendront pas à nouveau le marchepied du pouvoir dans quelque temps.

Rappelons comment Hitler a pu prendre le pouvoir en Allemagne et comment les conservateurs raisonnables qui le détestaient finirent par se rallier à lui pour le plus grand malheur de ce pays et du monde entier.