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Les attributions de l'Etat

Publié le 07/08/2021 à 11:38 par vivelagauche Tags : prix sur vie france place mode travail société pouvoir
Les attributions de l'Etat

L’attribution dès sa naissance à chaque citoyen d’un numéro national d’identification doit être regardé comme l’un des fondements de la société dans laquelle vivent les français et plus largement les occidentaux en ce début de 21ème siècle. C’est le seul moyen de comprendre l’affrontement paradoxal qui se traduit par des manifestations à répétition contre le vaccin anticovid19 qui rassemblent chaque semaine un nombre de manifestants certes relativement faible mais absolument pas négligeable. Ces perturbateurs très motivés qui se mobilisent avec tant d’obstination contre des mesures que l’ensemble de la société, comme le confirment les sondages,  juge comme raisonnables dit quelque chose des violences sociales que contient l’ordre démocratique républicain.

La mobilisation intervient contre des mesures de contrainte individuelle prises au nom de l’intérêt général qu’il est difficile de contester  lorsqu’on se place dans une perspective de gestion technocratique de l’intérêt public. Personne ne peut objectivement nier l’avantage formidable que procure la vaccination pour échapper aux formes graves du covid19. Personne ne peut considérer que la présentation d’un passe sanitaire n’est pas  un moindre mal pour éviter un confinement général, catastrophique à tous les points de vue.

Ces mesures de bon sens prises par le pouvoir, le sont pour préserver la santé de chacun et de tous, mais elles sont d’abord  des mesures individuelles fortement coercitives. C’est là que réside le hiatus qui renvoie à des considérations plus générales sur le fonctionnement de la société actuelle. L’Etat républicain et démocratique se targue de fonctionner dans le  souci exclusif de l’intérêt général et pour y parvenir il développe une stratégie paternaliste bienveillante mais aussi coercitive qui se déploie tous azimuts. Tous les aspects de la vie, tous les comportements, toutes les séquences font l’objet d’une attention tatillonne soit pour aider et encadrer soit pour réprimer avec plus ou moins de vigueur.

Cette manière de penser le rôle de la puissance publique est devenue si familière que personne ne s’en offusque et qu’au contraire la « morale » la plus commune la légitime en permanence. Au point que l’infantilisation des citoyens qui l’accompagne n’est désormais dénoncée  que par des extrémistes dont on soupçonne qu’ils aimeraient bien jeter le bébé avec l’eau du bain.

Pourtant cette bienveillance s’accompagne pour le citoyen d’un nombre élevé de contraintes plus ou moins faciles à supporter. Chacun de nous est tenu de se plier à de multiples règles et obligations sociales qui tiennent désormais beaucoup de place dans la vie. Il est fastidieux d’en faire l’énumération tant elles sont nombreuses.  L’école, le travail, la retraite, les impôts, les assurances, le formalisme administratif omniprésent maintenant numérisé de plus en plus, etc. On peut dire qu’à cause de ce filet dense de contraintes sociales dictées par la bienveillance publique, toutes les vies se ressemblent. Le consensus moral approuve globalement le mode de vie ainsi façonné parce que chaque petite contrainte est justifiée « pour  le bien individuel et de tous ».

Il existe cependant des citoyens qui pour de multiples raisons ressentent davantage les contraintes imposées que les bienfaits supposés de l’omniprésence de l’Etat comme bienfaiteur tutélaire.

Le mouvement  des gilets jaunes découlait déjà d’un ressenti de contraintes individuelles insupportables imposées  à chacun au travers du prix du carburant et des réglementations de l’automobile quand l’Etat prétendait les justifier par  une politique « écologiste » conforme à l’intérêt général. La destruction répétée des radars routiers était une manière de remettre en cause la volonté de l’Etat d’exercer une surveillance coercitive sur les citoyens pour en obtenir un comportement individuel « conforme avec l’intérêt général ».  

On se retrouve avec le vaccin qui s’impose à chacun et le passe sanitaire qui est le moyen administratif de le vérifier dans une démarche similaire qui va encore un peu plus loin puisqu’elle vise à faire de nombre de personnes qui ne sont pas agents de l’Etat des auxiliaires malgré eux pour un contrôle le plus serré possible des comportements citoyens.

On comprend que tous ceux que « l’ordre social » actuel laisse au bord du chemin pour de multiples raisons soient très en colère contre une système de surveillance généralisé qui veut se mettre en place au nom de l’intérêt général.

Pourtant l’Etat providence n’est pas une invention d’Emmanuel Macron, c’est le moins qu’on puisse dire et la tendance de l’Etat à prendre en charge sous une forme bienveillante ou coercitive chaque individu avec ou sans son consentement correspond à un mouvement général qui est identique dans l’ensemble des sociétés occidentales. Malgré le fonctionnement libéral de l’économie productive de services et de marchandises cette prise en charge socialiste de l’individu est la réponse de l’ensemble des démocraties occidentales pour assurer un grand bien être collectif à une majorité d’habitants.

Il s’avère qu’une minorité non négligeable ressent davantage la coercition que le bénéfice social concomitant, c’est elle qui se mobilise et alimente l’actualité chaque samedi.

La présence de radars pédagogiques dans les villes permet de constater que les radars peuvent être utilisés de plusieurs manières et que la répression par la sanction n’est pas nécessairement pour un Etat le moyen principal voire unique  de gouverner les citoyens.

Le bonapartisme naturel  d’Emmanuel Macron, dans lequel il a été conforté par les spécificités de son élection, l’avait conduit à prendre les mesures coercitives qui devaient inciter les gilets jaunes à investir les rond points de la France entière. Nul doute qu’il est le fondement de sa conception du pouvoir politique. Il est particulièrement à l’aise quand drapé dans l’intérêt national il brandit des mesures de contrainte.  Il se pense comme un technocrate compétent et informé (ce qu’il est) mandaté pour défendre l’intérêt général et il s’estime légitime à user de la force publique sans ménagement ni limite. Cette manière de voir est sans doute approuvée par une majorité de français adeptes du « pouvoir fort » tel que le prônait le général de Gaulle. Pourtant la crise des gilets jaunes avec tous ses effets et les concessions qu’il a été obligé de faire auraient dû le convaincre que la violence de l’Etat doit être usée avec modération car elle incite à la violence  de la rue.

Paradoxalement, c’est pourtant pour ne pas rendre la vaccination obligatoire que le gouvernement s’est résolu à l’adoption du passe sanitaire, qui est une usine à gaz, dont on peut penser que l’application sera vite assez chaotique. Nul doute qu’aux yeux du pouvoir son intérêt est avant tout de précipiter une partie de la population dans les salles de vaccination. Pour les décideurs l’effet incitatif a sans doute beaucoup plus d’importance que l’aspect répressif qui trouvera rapidement ses limites devant toutes sortes d’obstacles pratiques.

C’est malgré tout une loi dont l’affichage répressif a un objectif préventif pour amener autant que possible vers la vaccination un nombre élevé  de français qui risque d’être le détonateur des mouvements sociaux de l’automne.

Sur un plan plus général, le temps est sans doute venu de repenser en  profondeur quelles sont les attributions de l’Etat. Sa fonction est -elle de prendre en charge la totalité du devenir de chaque citoyen en prenant en sa faveur toutes sortes de dispositions bienveillantes et pour le contraindre toutes sortes de dispositifs répressifs ? Ou bien y a-t-il une limite et faut-il admettre que chacun puisse disposer de plus de liberté individuelle pour construire sa vie comme il l’entend ?

N’y a t -il pas un nouveau modèle à construire où l’individu bénéficierait d’un espace personnel beaucoup plus large ?

Ou encore dans ses interventions, l’Etat sans changer ses objectifs fondamentaux ne devrait-il pas appuyer son action sur des moyens de persuasion  beaucoup plus importants et diminuer d’autant sa propension à brandir la répression ?