Netanyahu à Washington pour parler de la deuxième phase du cessez-le-feu à Gaza

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'entretient lundi à Washington avec l'allié américain de la deuxième phase du cessez-le-feu à Gaza et doit être reçu mardi par Donald Trump.

Deux responsables du Hamas ont déclaré de leur côté que le mouvement islamiste palestinien était "prêt à entamer les négociations pour la deuxième phase" du cessez-le-feu avec Israël.

M. Netanyahu deviendra mardi le premier dirigeant étranger à être reçu par le président américain depuis son investiture, symbole de l'alliance indéfectible entre les deux pays.

Sa visite coïncide avec la reprise cette semaine des négociations, par médiateurs interposés, entre Israël et le Hamas sur la deuxième phase du cessez-le-feu.

Celle-ci est censée permettre la libération des derniers otages retenus dans la bande de Gaza et la fin définitive de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

Elle intervient aussi alors qu'Israël mène depuis le 21 janvier une vaste opération militaire dans le nord de la Cisjordanie occupée.

Donald Trump a affirmé lundi n'avoir "aucune garantie" que le cessez-le-feu en place depuis le 19 janvier dans la bande de Gaza se prolonge.

Son émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, qui était présent à ses côtés, a ajouté: "Cela tient jusqu'ici et nous avons certainement l'espoir (...) de faire sortir les otages et de sauver des vies et d'arriver, nous l'espérons, à une résolution pacifique de tout cela".

M. Netanyahu rencontre lundi Steve Witkoff, qui enchaînera dans la semaine avec le Premier ministre du Qatar et de hauts responsables égyptiens, les autres médiateurs dans ce dossier.

Le dirigeant israélien a indiqué qu'il évoquerait mardi avec son hôte "la victoire contre le Hamas, le retour de tous nos otages et la lutte contre l'axe iranien".

Au terme des libérations intervenues au cours de la première phase du cessez-le-feu, le Hamas détiendra encore une cinquantaine d'otages, morts ou vivants.

Cette première phase a aussi permis jusqu'à présent le retour dans le nord de la bande de Gaza de plus de 545.000 déplacés, selon le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

Les discussions à venir porteront notamment sur "la prévention d'un retour à la guerre, le retrait militaire" israélien de Gaza et "les critères" des échanges des derniers otages israéliens et des prisonniers palestiniens, a indiqué lundi à l'AFP un responsable du Hamas.

"Nous attendons que les médiateurs lancent la deuxième phase", a précisé le second.

- Autres priorités -

Après M. Netanyahu, Donald Trump doit recevoir le roi Abdallah II de Jordanie le 11 février.

Dès son retour à la Maison Blanche, le président américain avait proposé de faire "tout simplement le ménage" à Gaza et de transférer les Palestiniens dans des lieux "plus sûrs" comme l'Egypte ou la Jordanie, suscitant une levée de boucliers sur la scène internationale.

Il a débloqué la livraison à Israël de bombes de 2.000 livres (quelque 900 kilos), que son prédécesseur, Joe Biden, avait suspendue. Et annulé des sanctions financières contre des colons israéliens, accusés de violences contre des Palestiniens.

"Pour Netanyahu, une relation privilégiée avec la Maison Blanche est un outil essentiel", note Céline Touboul, codirectrice de la Fondation pour la coopération économique (ECF), à Tel-Aviv.

M. Trump entend aussi faire tenir le cessez-le-feu dans le sud du Liban entre Israël et le Hezbollah.

Ses conseillers "affirment que la reprise des combats au Moyen-Orient l'empêcherait de s'attaquer à (...) ses priorités les plus urgentes", estime le Soufan Center, groupe de réflexion basé à New York. Notamment la lutte contre l'immigration illégale venue du Mexique et le règlement de la guerre entre la Russie et l'Ukraine.

- Opérations meurtrières en Cisjordanie -

Mais les tensions croissantes en Cisjordanie occupée, où l'armée israélienne mène des opérations meurtrières depuis plusieurs semaines, pourraient s'inviter dans les discussions.

La présidence palestinienne a dénoncé le "nettoyage ethnique" commis selon elle par Israël, selon son porte-parole. Nabil Abou Roudeina a appelé Washington à "intervenir (...) avant qu'il ne soit trop tard".

L'armée israélienne a affirmé avoir tué plus de 50 "terroristes" dans le territoire depuis le 14 janvier. Le ministère de la Santé palestinien a compté 70 personnes tuées par Israël en Cisjordanie occupée depuis le 1er janvier.

Les discussions devraient aussi porter sur les concessions que Benjamin Netanyahu devra accepter pour relancer la normalisation entre Israël et l'Arabie saoudite, qui semblait en bonne voie jusqu'au 7 octobre 2023. Depuis, Ryad martèle qu'elle ne sera pas possible sans solution viable pour les Palestiniens.

Mais une partie de la coalition gouvernementale israélienne veut reprendre les combats à Gaza dès la fin de la première phase du cessez-le-feu. A défaut, le ministre des Finances d'extrême droite, Bezalel Smotrich, menace de quitter le gouvernement, ce qui priverait M. Netanyahu de majorité.

Le chef du gouvernement israélien pourrait devoir "choisir entre une relation privilégiée avec le président américain, ou le maintien de sa coalition", résume Céline Touboul.