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Date de création : 13.03.2011
Dernière mise à jour :
17.02.2025
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Lundi 6 décembre 2021
Opus 42
Etude et essai sur la laque de Chine ( La plupart de ces textes sont des reprises )
( J'ai appelé et baptisé cet essai Opus 42, car 2022 contient un 4 et un 2. )
I) Avant propos
Apparue au VIIème siècle sous la dynastie des Tang, la première, les laques de Chine, notamment les laques rouges dites de « Pékin », se sont développées au fil des siècles. Leur essor s'est produit sous les Ming et les Qing, les dynasties suivantes après les Song. Leur principe de développement réside dans la succession et la superposition des couches de laque, avant la sculpture que l'on retrouve par exemple dans le Coromandel. Mon père par exemple s'était spécialisé en Coromandel, du moins il le laissait entendre sur sa carte professionnelle, car il gravait ses décors à la demande du client. Notamment à ses débuts chez Midavaine, le premier homme d'affaires français a avoir ouvert des comptoirs et fait venir des décorateurs asiatiques en France. Mon père avait pratiquement démarré chez lui.
Tous les historiens d'art s'accordent à reconnaître que c'est en Chine, et non au Japon, que serait né l'art du laque. Il aurait été importé au Japon au VIe siècle, lorsque l'influence de la civilisation chinoise s'y était imposée avec la pénétration du bouddhisme. Ce qui semble incontestable, en revanche, c'est que, après avoir été un simple mode de protection des ustensiles courants, c'est-à-dire un art indigène, ce n'est qu'un siècle plus tard que l'art du laque aurait été codifié. C'est à partir de là que les artistes japonais en auraient fait progresser les techniques jusqu'à en faire un art spécifique de leur pays. Leurs oeuvres, depuis les laques très simples et très purs du VIIe siècle jusqu'à ceux d'une étourdissante habileté du XVIIIe siècle, en témoignent sans équivoque.
Il est vrai aussi que le confucianisme a été la philosophie de loin la plus influente en matière d'art.
Il faut noter que, en français, le mot laque est masculin lorsque l'on parle d'une oeuvre exécutée dans cette matière, et féminin lorsque l'on désigne la matière elle-même. Ainsi, on dira d'un panneau décoré qu'il s'agit "d'un laque", alors que l'on précisera qu'il a été exécuté avec "de la laque".
La laque naturelle est le résultat d'une exsudation provoquée par incision sur les troncs d'arbres à laque qui poussent en Chine (il s'agit du rhus succedanea), au Japon ( c'est le rhus vernicifera) et dans ce pays que l'on nommait, jusqu'en 1946, le Tonkin, où proliférait une variété nommée succedanea dumoutieri. Le latex de ces différentes essences forestières ou de culture étant d'ailleurs identique. L'arbre n'est cependant exploitable qu'entre sa troisième et sa huitième année. Durant cette période de cinq ans, il donne, à la suite d'incisions, une sorte de résine en latex qui est un liquide crémeux de couleur et d'aspect. Les arbres ont alors trois à quatre mètres de haut et la récolte doit se faire à l'abri du soleil ardent comme de la pluie, puisque le premier provoquerait un début d'évaporation et que la seconde diluerait le produit. Le latex est récolté dans des coquilles de moules de rivière placées à la base des incisions. Recueilli dans des récipients en vannerie étanches laqués et clos hermétiquement, il est expédié en fût chez les marchands grossistes qui le traitent pour pouvoir le revendre. Les colons indochinois firent prospérer ces techniques avant que ne commence la guerre d'Indochine et d'indépendance, souvent due aux révoltes des travailleurs et ouvriers agricoles des ces entreprises de latex.
Ce sont ces opérations longues et délicates qui déterminent la qualité de la laque. Il est d'abord nécessaire de la filtrer soigneusement à travers une toile fine, par simple torsion, afin de la débarrasser de toutes les impuretés. Puis, il faut la laisser reposer pendant plusieurs mois dans des paniers de bambous laqués et clos hermétiquement par des feuilles de papier de riz bien collées. Ces paniers sont ensuite entreposés dans une cave obscure et fraîche afin de laisser la laque se décanter seule après avoir provoqué une évaporation. Le latex a déjà changé d'aspect : de blanc laiteux, il est devenu légèrement ambré. Avec le temps, le produit se divise naturellement en couches de différentes densités. Chacune correspond à des laques de qualité marchande différente, ce qui permet de les classifier en laque de prix et d'usage variés. Ces laques obtenues par décantation sont nommées laques naturelles, la couche du dessus, la plus fluide donc, donnant la qualité supérieure avec laquelle les maîtres laqueurs travailleront les dernières couches de leur oeuvre. Les couches suivantes, de moins en moins aqueuses au fur et à mesure qu'on les prélève vers le fond, sont de qualité inférieure et serviront pour les sous-couches ou pour les préparations, en les mélangeant à d'autres produits tels que sciure de bois, terre, limaille ou autres matières de décoration.
La laque adhère sur toutes sortes de matériaux, outre le bois, comme les métaux, cuivre, argent, étain, maillechort, or, aluminium, mais aussi comme la pierre, le ciment, le verre, le cuir, le papier et même le pyrex. Cependant, pour bien la faire accrocher sur les supports offrant peu d'aspérités, elle a besoin de prises, et l'on procède dans ce cas à un sablage destiné à rendre la surface moins lisse. En revanche, elle brûle les tissus, exception faite de ceux en soie naturelle. Les bois les plus adaptés à recevoir la laque ne doivent pas être trop durs, ni trop denses, afin que les premières couches de laque puissent bien y pénétrer. De plus, ils doivent avoir un grain aussi régulier que possible et ne pas avoir de veines dures et de veines tendres alternées de façon trop marquée, ni présenter de noeuds ou de défauts. Le noyer de nos campagnes, le tilleul, le tulipier ou l'acajou constituent les meilleurs supports qui soient.
Sur les matières qui supportent la chaleur sans déformation, la laque est durcie par une cuisson au four entre 150 et 250° C. Commencé à 96° C, le durcissement de la matière donne, jusqu'à 120° C, des laques de teinte claire alors qu'à 180° C ses couleurs foncent de plus en plus, jusqu'à prendre un aspect brûlé. Ces laques oxydées à chaud sont extrêmement résistantes et dures et c'est par ce procédé que les japonais décoraient traditionnellement les armures ou les gardes de sabre. Sur toutes les autres matières, la seule manière de faire durcir la laque est de la placer dans une atmosphère humide et tiède où une fermentation naturelle et l'oxydation de l'eau agiront peu à peu. Une fois durcie, la laque naturelle n'est attaquable par aucun dissolvant et résiste aux agents chimiques de toute nature, tout comme elle résiste aux bactéries. Elle constitue d'ailleurs un excellent isolant électrique et résiste à la chaleur jusqu'à 400° / 450° C puisqu'elle ne commence à se carboniser qu'à 550° C. En revanche, la laque liquide est un produit extrêmement nocif qui provoque chez certains sujets une allergie. Cette dermite superficielle, si elle n'est pas grave, est très désagréable et peut atteindre une personne qui, sans toucher la laque, se penche simplement dessus.
Pour obtenir des laques naturelles transparentes mais colorées, il faut baratter à la main, à l'aide d'une palette en bois, la couche supérieure du mélange décanté. Selon la durée de l'opération et la vitesse de rotation, on obtient au bout de dix - douze jours, une belle couleur qui va du blond clair au brun foncé. C'est cette laque ambrée naturelle qui constitue le produit de base du travail de décoration du laque. La laque noire est un autre produit de base, sans doute le plus beau. Il s'obtient également par barattage de la laque naturelle, mais en utilisant une barre de fer doux au lieu de la palette en bois. Le récipient doit être en grès, et non en vannerie comme il est d'usage pour obtenir la laque ambrée. C'est l'oxyde de fer de la barre métallique qui, au contact de l'air, noircit la laque transparente. Quant aux laques de couleur, elles sont extrêmement difficiles à obtenir. Le point de départ est toujours la laque barattée de première qualité dans laquelle on mélange des pigments végétaux en poudre. Le rouge s'obtient avec du vermillon, le jaune avec de l'orpiment, le vert en ajoutant de l'indigo à l'orpiment, le blanc étant en principe impossible à obtenir. Cela étant, il faut bien comprendre que très peu de matières colorantes conviennent à la laque, la plupart ayant pour effet d'empêcher celle-ci de durcir, ou de la faire tourner au noir au cours de son durcissement. Dans l'atelier de Jean Dunand, c'est son fils Bernard qui se lancera dans la mise au point de laques de couleur. Il parviendra à varier les tons et les valeurs de façon tout à fait remarquable, encouragé par son père qui trouvait dans ces innovations matière à les utiliser personnellement.
L'opération du laquage proprement dite consistait d'abord à enduire au pinceau le support préalablement préparé, en le recouvrant d'une couche de laque naturelle. Pour ce faire, seuls des pinceaux plats faits de cheveux de chinois étaient utilisables car des poils de petits-gris, d'ours ou de martre étaient trop souples, tandis que le crin de cheval, les soies de porc ou les poils de boeuf eussent été trop épais et n'auraient pas manqué de tracer des cordes dans la laque, en y laissant des marques. Il ne faut jamais perdre de vue que la consistance de la laque naturelle est assez proche de celle du miel liquide et que la moindre traînée de matière en surépaisseur se répercute d'une couche à l'autre. En raison de cette consistance, la laque ne s'étend que très lentement. Ces pinceaux, que l'on faisait venir d'Extrême-Orient, sont constitués de deux plaquettes de bois entre lesquelles sont enchâssés les cheveux sur une largeur de 1 à 6 cm et une longueur de quinze à vingt centimètres, les plaquettes de bois laissant dépasser à l'une des extrémités du pinceau un centimètre de cheveux taillés en biseau. Une fois ces cheveux usés, il suffisait de tailler le pinceau comme un crayon, puis de parfaire le biseau par frottement sur un support abrasif. La première couche de laque naturelle est d'abord mise à durcir cinq à six jours, puis elle est poncée au papier de verre très fin. On procède ensuite à un entoilage en lin qui va armer la laque et servira à cacher la structure du bois. Cette toile fine, collée elle-même avec de la laque naturelle, est mise à son tour à durcir pendant cinq à six jours. Ensuite, on enduit le support de plusieurs couches de laque mêlée à de la sciure de bois tamisée très fine, afin de boucher les pores du tissu et faire disparaître toute trace d'ondulation. Cette sorte de mastic est appliquée avec une palette en corne. Chaque couche ( il doit y en avoir autant que nécessaire pour que la surface devienne absolument plane ) doit ensuite sécher en chambre humide pendant six à quinze jours puis, une fois séchée, être poncée à l'eau avec de longues pierres de corindon. Les couches suivantes sont des laques à la terre tamisée appliquées avec des pinceaux en poils de queue de buffle. Cette terre indochinoise, qui peut aussi être du kaolin, est de plus en plus fine au fur et à mesure que les couches se superposent. Il ne peut y en avoir moins de cinq, mais cela peut aller jusqu'à quinze. Chacune étant à son tour bien évidemment poncée à l'eau après six à dix jours de durcissement en atmosphère humide. De plus, entre chacune de ces couches à la terre, on alterne une couche de laque naturelle destinée à nourrir les précédentes et à les durcir.
Une fois toutes ces opérations de préparation terminées, la surface du support est tout à fait plane. C'est alors seulement que l'on applique les laques décoratives. Cinq à six couches seront de nouveau nécessaires en utilisant des laques de qualité de plus en plus belle qui, à leur tour, devront durcir deux ou quatre jours chacune, tout en étant successivement poncées au charbon de bois. Une fois finement matée, la dernière couche est alors polie en employant de l'eau et du charbon de bois en poudre, puis en utilisant de l'huile et une terre extrêmement fine placée sur du coton. La dernière finition s'effectue bien souvent avec la paume de la main et de la poudre de corne de cerf calcinée. L'ensemble, une fois terminé, n'aura pas plus de trois à quatre millimètres d'épaisseur et il aura fallu un minimum de six mois pour le réaliser, sinon neuf sous nos climats tempérés européens.
Les procédés de décoration de la laque sont innombrables. Le plus simple est la laque peinte qui est obtenue en dessinant le motif décoratif avec une pointe sèche, puis à le reprendre avec des laques de couleur qui forment, ainsi superposées, un léger relief. On dispose ainsi de toute la palette des laques de couleur, opaques ou transparentes, qui peuvent être employées en aplats, à contours francs ou dégradés ou en effets nuagés. La laque d'or est obtenue en appliquant le métal en poudre broyée très fine ou en feuilles sur de la laque fraîchement posée, et par des procédés qui varient suivant qu'on la veut mate ou brillante.
Parmi les procédés les plus spectaculaires, une place spéciale doit être réservée à la coquille d'oeuf noyée dans la laque, dont Jean Dunand fit un grand usage. Ce procédé était déjà utilisé par les japonais pour décorer des poignées ou des fourreaux de sabre, mais c'est Jean Dunand qui, le premier, l'utilisa en grandes surfaces pour remplacer le blanc qui n'existait pas dans les laques colorées. L'emploi de cette matière inattendue, car il s'agit véritablement de la coquille des oeufs de poule ou de cane, lui permit d'obtenir des blancs craquelés d'un effet très subtil et spectaculaire. Après avoir été lavée, puis débarrassée des peaux internes, la coquille est écrasée délicatement, puis tamisée afin d'utiliser les fragments en fonction de leur taille. Chacune de ces infimes particules est ensuite posée, à l'aide d'une pince, sur une couche de laque fraîche, en les plaçant bord à bord comme une mosaïque et en les disposant selon le dessin projeté. Elles sont ensuite poncées pour obtenir une surface lisse, puis noyées dans une nouvelle couche de laque transparente afin de remplir les interstices. Selon l'effet recherché, la laque de couverture (ou celle dans laquelle la coquille d'oeuf est noyée) peut être ambrée ou noire, ce qui donne également de très belles nuances.
La laque se prête bien à toutes sortes d'incrustations. Celles-ci peuvent être affleurantes, comme dans le cas de la coquille d'oeuf ou de la limaille de métaux, mais elles peuvent aussi être faites avec des matières plus épaisses, comme de la nacre blanche ou avec des coquilles aux reflets moirés, dites burgau. De même, l'ivoire, sculpté ou en plaque fine, peut être incrusté.
Autre procédé spectaculaire, la laque arrachée, moins sensible aux chocs et aux rayures. Utilisée principalement pour les piètements de meubles ou de paravents, mais aussi pour de larges surfaces de moindre qualité, elle s'obtient en appliquant sur de la laque fraîchement posée une spatule de bois qu'on appuie et qu'on soulève brusquement, provoquant ainsi par adhérence une granulation en vaguelettes qui est ensuite légèrement poncée pour adoucir le grain de la surface.
Par ailleurs, une autre technique spectaculaire consiste à graver la surface obtenue après les laquages successifs, technique dite de Coromandel. La gravure s'effectue, non pas en poussant avec un ciseau comme sur le bois, mais en retirant la matière à l'aide d'outils en forme de crochet. Cela permet d'éviter tous éclats ou écaillures qui ne manqueraient pas de se produire si l'on procédait autrement.
Une des plus belles qualités de la laque, et ce qui la différencie de tous les produits d'imitation, c'est la profondeur de sa matière : le regard, ne s'arrêtant pas sur l'aspect poli de la surface, pénètre au sein de l'épaisseur des couches superposées où joue, par transparence, la lumière sans jamais être réfléchie véritablement.
II) La laque de Chine ou les Laques Chinois
Des incisions pratiquées dans l'arbre à laque laissent donc suinter une résine visqueuse, qu'on épure par des filtrages et une ébullition lente. À l'état semi-fluide, le laque, prêt à l'emploi, sera coloré, le plus souvent en noir ( sulfate de fer ou noir de fumée ) ou en rouge ( cinabre ), parfois en vert, en jaune, en bleu ; il peut aussi être le véhicule de poudres d'or ou d'argent. Il peut s'appliquer sur des tissus, des métaux, le cuir, la vannerie, la porcelaine, mais a surtout été employé sur le bois, directement ou sur une toile interposée. Le laque est posé en couches minces, chacune devant être séchée et poncée avant la pose de la suivante. À l'époque Ming, le nombre de ces couches pouvait atteindre une centaine. Le séchage doit se faire en milieu humide, à l'ombre et à l'abri de la poussière. Il se pratique dans des fosses ou sur des lacs, dans des barques. Devenu dur, soigneusement poli, le laque reçoit un décor. Le plus simple est le décor peint au moyen de laques colorés ou dorés ; il apparaît dès le Ve siècle avant J.-C. Le décor sculpté, taillé dans l'épaisseur des couches, est connu dès les Han ; il dominera la production à partir des Yuan. Le laque peut aussi être incisé, les creux, linéaires ou larges, étant emplis d'or ou de couleurs. Enfin, il est souvent incrusté de matières variées : l'argent (à l'époque Han), la nacre, l'argent et l'or ( aux époques Tang et Ming ), des combinaisons de nacre, d'ivoire, de pierres dures ( à l'époque Qing ). Le soin et le temps requis pour la réussite des laques en ont fait, à toute époque, des objets de luxe. Sous les Ming, on imita à bon marché les laques sculptés en recouvrant des reliefs préalablement ciselés ou moulés.
Le plus ancien témoin de l'art du laque - un fragment à reliefs proches de ceux des bronzes - a été découvert en 1980 sur le site d'Erlitou ( Henan ), à un niveau datant du XVIIe siècle environ avant notre ère. De la phase d'Anyang de la dynastie Shang (XIVe-XIIe s. av. J.-C.), on a trouvé en 1973 des pièces de bois laqué rouge et noir, sur des motifs sculptés dans le style des bronzes contemporains. Les tombes royales d'Anyang ont livré d'autres vestiges portant des incrustations d'os et de coquillages.
Sous les Zhou, à partir de la période des Royaumes Combattants ( 453-221 ), apparaissent les laques peints. Parmi les étonnantes découvertes faites en 1978 dans la tombe du marquis Yi à Suixian ( Hubei) qui date des débuts de la période, on relève des vases sur piedouà décors géométriques ; de grands cylindres peints de façon vivante de motifs curvilignes, d'arbres et d'animaux; des statuettes de cervidés et de canards polychromes ; des instruments de musique et d'immenses portiques laqués à trois étages supportant des dizaines de cloches de bronze.
Des trouvailles que l'on date des alentours de 300 avant notre ère, à Jincun au Henan, et surtout à Changsha au Hunan, ont révélé une grande recherche dans le décor de coffrets, de boucliers, de plats, de bols. Des personnages, des animaux, des motifs imités de ceux des bronzes incrustés, sont peints en rouge ou en jaune sur fond noir. Le même décor polychrome revêt, entre autres, d'étranges figurines rituelles et des coffres à vêtements ornés de nuages s'enroulant autour d'animaux et de phénix.
À Xinyang, au Henan ( env. IIIe s. ), outre des instruments de musique laqués et des objets de table ou de toilette préfigurant ceux des Han, on a trouvé de curieux supports de tambours faits de deux grands oiseaux dressés sur des tigres accroupis. Sur une pièce du musée de Cleveland, des serpents lovés remplacent les félins.
À l'époque des Han occidentaux ( 206 av.8 apr. J.-C. ), les laques tendent à supplanter les bronzes dans les tombes des grands personnages. La découverte essentielle a été, en 1972, celle des trois sépultures de la famille du marquis de Dai à Mawangdui, près de Changsha ( Hunan ). Celle de la marquise ( peu après 165 av. J.-C. ) contenait plus de 180 objets de laque, celle de son fils, 316. Il s'agit d'une vaisselle de table, plats, plateaux, coupes à alcool ovales, etc., d'objets usuels et de toilette, dont des coffrets contenant de petites boîtes à fard. Les pièces sont peintes avec délicatesse de rinceaux et de motifs géométriques, d'un rouge éclatant sur fond noir. En outre, deux des coffres protégeant le cercueil de la marquise ( devenue célèbre par le prodigieux état de conservation de son corps ) portent despeintures polychromes de nuages largement brossés, peuplés de petits personnages mythiques ou réalistes, de fauves, d'oiseaux. Ce sont là, peut-être, les chefs-d'œuvre de l'art du laque peint.
Plus tardive d'un siècle environ est l'abondante production d'ateliers impériaux, situés en majorité au Sichuan. Leurs œuvres ont été trouvées en des lieux aussi dispersés que la Mongolie du Nord, la Corée, le Gansu, l'Asie centrale et même Begram, en Afghanistan. Sur des plateaux, des boîtes, des coupes aux anses saillantes, le décor est composé de personnages et d'animaux peints très librement ou de rinceaux plus classiques. Certaines pièces sont ornées de reliefs, d'autres d'incrustations d'argent. Les coupes portent parfois de longues inscriptions qui témoignent du soin apporté à leur réalisation : on y relève le nom des ateliers, celui des nombreux artisans et contrôleurs responsables de la fabrication, et des dates s'échelonnant entre 85 avant et 71 après J.-C. Les pièces sont souvent consolidées par la pose d'une toile noyée dans les couches de laque. De l'époque Han datent les premiers exemples de « laque sec », procédé permettant d'exécuter des pièces légères et résistantes en modelant des tissus imprégnés de laque sur un noyau enlevé par la suite.
Au début de notre ère, sous les Han orientaux, la popularité des laques s'estompe et ils semblent disparaître jusqu'à leur résurgence sous les Tang. Les quelque cent cinquante pièces laquées entreposées au Shōsōin de Nara, en 756, révèlent des techniques de luxe d'un très grand raffinement : boîtes, coffrets, instruments de musique sont incrustés d'or et d'argent, de nacre et d'ivoire, dans le style symétrique qui caractérise le décor des Tang. Leur influence au Japon et en Corée fut considérable.
L'ameublement asiatique - rappel sur les différentes dynasties
Ce que nous venons de voir sur les laques, leurs principes de fabrication ancestraux, a laissé la place aux laques modernes, dont la laque cellulosique que mon père utilisait, mais aussi les glycérophtaliques et les polyester à notre époque moderne, ou les laques chimiques sont très diverses.
L’origine de l’esthétique asiatique aux formes simples remonte jusqu'en 1500 av. J.-C. Dans l'Antiquité, les Chinois s'asseyaient sur des nattes de paille. Le mobilier issu de cette période montre des tapis tissés, quelquefois accompagnés d’accoudoirs, fournissant des assises accompagnés par des tables basses. L'usage des lits et des banquettes se répand après la période des Royaumes combattants.
Le début du premier millénaire a vu l’afflux du bouddhisme et l’influence des cultures étrangères. Le bouddhisme, vers l’an 200, véhicula l’idée de Bouddha assis sur une plateforme surélevée au lieu d’un simple tapis. Ceci fut adopté comme siège honorifique pour les invités spéciaux, dignitaires ou officiels, généralement lors de cérémonies. Une version plus longue fut ensuite utilisée pour s’allonger. Ceci évolua en lit et lit de repos. Le mobilier gagnant en hauteur évolua en table. Sous les dynasties Wei et Tsin (220-420), le tabouret pliant devint populaire, il est issu des tribus nomades du Nord et Ouest qui l’utilisaient pour faciliter le transport à cheval. Ensuite, des tabourets tressés en forme de sablier apparaissent. Ce design est toujours en usage aujourd’hui en Chine.
Quelques-uns des styles considérés comme chinois apparurent lors de la dynastie Tang ( 618 – 907 ). Le mobilier Tang privilégie le confort et le luxe. Par exemple, les tables et les tabourets s'empilent, les chaises avec dossier apportent plus de confort, on s'assied les jambes pendantes au lieu des talons. Le mobilier de luxe apparaît avec l'utilisation des bois rares comme le bois de rose. Les qualités requises de l'ébéniste s'inspirent directement de la peinture lettrée : simplicité, pureté, dignité, vigueur, intégrité, profondeur, maladresse archaïsante. Les meubles de bois de rose sont de trois types : siège, table, armoire ou cabinet.
Les ateliers d'ébénisterie se développent beaucoup sous les Song et les Yuan. Sous les Song ( 960-1279 ), l'usage du mobilier se démocratise dans toutes les couches de la société chinoise. Les peintures de cette époque et les fouilles archéologiques témoignent que les tables, les chaises, les guéridons, les buffets, les bancs et beaucoup d'autres meubles sont de plus en plus utilisés.
L'époque Ming est considérée comme l'âge d'or du mobilier chinois. Les meubles Ming ( couches, chaises, tables, écrans, paravents, cabinets, consoles, commodes, armoires, bibliothèques ), fabriqués par des artisans anonymes, étaient destinés aux élites lettrées. Bien qu'ils soient fabriqués à partir d'assemblages complexes de tenons et mortaises, ces meubles ont généralement une apparence simple, fonctionnelle, une structure apparente, une décoration élégante et discrète. Les lignes, carrées sont épurées et belles, les courbes, douces. Fabriqués à base d'essences précieuses telles que le huali, une variété de bois rose, les meubles sont souvent revêtus d'une laque transparente magnifiant les veines du bois.
Contrairement au mobilier Ming, le style Qing est perméable à l'influence occidentale dont il reprend souvent les types de moulures. Surtout, le décor, typiquement chinois, s'enrichit considérablement de peintures et de motifs sculptés ou gravés ( fleurs, dragons, phœnix, ki-lin ( un animal mythologique ), nuages et feuilles stylisées ) pour atteindre des sommets à la fin du xixe siècle.
Les laques modernes se sont longtemps encore inspirées de ces différentes périodes.
A suivre
Christian Diez Axnick