Au fil des images
Thèmes

travail vie merci monde bonne homme chez amis femme histoire femmes sourire soi film livre fleur air aimer pouvoir pensée douceur affiche

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· Petites critiques littéraires (286)
· Les chansons sont aussi de l'écriture (13)
· INTERVIEWS D'AUTEURS ET ECRIVAINS (6)
· Peintures et mots enlacés (30)
· Classiques contemporains (14)
· Récit de dédicaces (17)
· Humeur d'auteur (15)
· Coups de coeur (8)
· Les mots du cinéma (13)
· Coups de sang ! (4)

Rechercher
Derniers commentaires

je pense et même je le souhaite au plus profond de moi, qu'un jour une école de france pays initiateur des dro
Par Anonyme, le 02.10.2024

mon dernier commentaire semble avoir été coupé. avec le smartphone c'est moins pratique. je disais que j'avais
Par Michèle Pambrun , le 15.08.2024

je m'avise de ce que vous êtes du même pays géographique que marie-hélène lafon et bergou. pierre bergounioux
Par Michèle Pambrun , le 15.08.2024

j'ai regardé, on est toujours curieux de la vie des écrivains qu'on aime, tant pis pour eux
Par Michèle PAMBRUN , le 15.08.2024

je vais l'acheter illico. de séverine chevalier j'ai lu jeannette et le crocodile. c'est une voix singulièr
Par Michèle PAMBRUN , le 15.08.2024

Voir plus

Abonnement au blog
Recevez les actualités de mon blog gratuitement :

Je comprends qu’en m’abonnant, je choisis explicitement de recevoir la newsletter du blog "sebastienvidal" et que je peux facilement et à tout moment me désinscrire.


Articles les plus lus

· Brothers in arms (Dire Straits)
· Mistral gagnant
· L'homme aux cercles bleus, de Fred Vargas
· Entretien avec Claude Michelet
· INSURRECTION, les maîtres d'Ecosse

· Légendes d'automne de Jim Harrison
· Des roses et des orties de Francis Cabrel
· Pierre Bachelet
· Il est libre Max de Hervé Cristiani
· Récit de dédicaces
· L'alchimiste
· Pensées pour nos Poilus
· La ligne verte, de Stephen King
· L'équipage, de Joseph Kessel
· "Les enfants des justes" de Christian Signol

Voir plus 

Statistiques

Date de création : 08.07.2011
Dernière mise à jour : 31.01.2025
425 articles


pèle mèle

Misérabilis

Publié le 05/11/2016 à 12:35 par sebastienvidal Tags : vie merci monde bonne homme chez amis femme histoire femmes sourire soi film livre fleur air aimer pouvoir pensée douceur affiche
Misérabilis

Misérabilis

Revoilà Anthony Signol. Après "L'aube des fous" en 2013 il nous propose cette année un recueil de trois nouvelles. Et autant vous dire que ces nouvelles sont d'un sacré niveau. Première constatation, l'écriture de l'auteur, qui était déjà fort agréable a pris de l'ampleur. C'est bien connu, c'est en forgeant que l'on devient forgeron. L'homme a progressé dans la maîtrise de ses effets, au fil des pages nous sentons que rien ne lui échappe, que tout est sous contrôle et que par conséquent nous allons en baver !

 

Vous êtes prévenus. Lorsque vous ouvrirez ce livre, vous deviendrez une marionnette entre les mains de l'auteur. Il actionnera alors les fils avec un sourire diabolique et vous emmènera loin très loin, dans les endroits que vous souhaitiez éviter absolument, sur terre mais aussi dans les recoins de votre âme. Vous vous rendrez compte, horrifiés que vous aussi recelez une part d'ombre et de mystère.

Avec le recul je trouve que ces trois nouvelles sont très équilibrées. Il n'y a pas de faiblesse, pas de coup de mou. Chacun y trouvera ce qu'il est venu chercher et certainement plus ...

 

Dans la première intitulée "Rédemption", nous faisons connaissance avec Jack. Jack est un homme pas vraiment fréquentable, Jack est violeur en série. Il aime prendre les femmes mais peut-être que ce qu'il aime par-dessus tout c'est ce qui se déroule avant, la prise de contrôle, terrifier sa proie, resserrer son étau nauséabond autour de sa victime, percevoir la frayeur dans son regard apeuré et résigné, la jouissance avant la jouissance.

Un soir Jack est de sortie, il s'est mis en chasse. Mais tout va dérailler. Il va faire la rencontre d'une femme peu ordinaire, une femme qui n'a pas peur, pire même, une femme qui fait naître en lui de la crainte.

 

Dans ce premier uppercut, l'auteur, au début, nous malmène en douceur. Nous ne voyons pas les pièges qu'il nous tend et avançons totalement bernés. Le face à face est fascinant, l'épreuve de force de haut vol. Nous nous régalons de voir le méchant malmené mais nous ne savons pas ce qui l'attend, ça nous prend les tripes. Avec un grand savoir-faire, sans artifices inutiles, le sieur Signol parvient à nous faire prendre conscience que le méchant est aussi humain que nous. Jack a un cœur et est capable d'aimer. Il a une vie claire et un côté noir. Cette révélation nous horrifie peut-être plus que ses travers. Cela nous met mal à l'aise.

Mais le pire nous attend. A la fin de l'histoire l'auteur nous brise sans aucune pitié. Le retournement absolu, la souffrance ultime. Je me suis répété une bonne douzaine de fois "Non ! ce n'est pas possible, pas ça ! Non s'il te plait tu ne vas pas faire ça !".

 

Pas du tout remis de ce terrible coup de massue nous entrons dans la seconde et superbe histoire. Galica. J'ai adoré. J'ai retrouvé une ambiance, quelque-chose que je ne n'avais pas retrouvé depuis très longtemps. Dans "Galica" nous nous retrouvons dans l'Antarctique, sur la base éponyme. Là, coupés du monde et complètement isolés, une poignée d'hommes et de femmes font des recherches scientifiques. Une immense tempête approche. Lors d'une fin de journée comme une autre une équipe rentre de mission en catastrophe. Il s'est produit un accident de forage. Et tout dérape ...

Encore plus qu'avec la première nouvelle, nous ressentons cette sensation d'être à la merci de l'auteur. Nous sommes des pantins désarticulés, des poupées de chiffon qu'il malmène sans retenue, sans pitié. C'est délicieux et c'est affreux, Anthony Signol aurait-il réveillé le sado-maso qui sommeille en chacun de nous ?

 

Page 101 on ne rigole plus. L'ambiance, en quelques mots fait dérailler notre calme, d'un coup l'inquiétude nous enveloppe de son étreinte étouffante et devient notre ombre.

Page 118, second choc. On est pourtant juste en train de se relever. L'inquiétude s'est muée en angoisse, ça y est nous y sommes ... Nous naviguons dans une ambiance d'isolement dans laquelle règne un sentiment d'hostilité.

Dehors le froid mortel et la tempête déchainée et à l'intérieur quelque-chose de peut-être pire ... On fait le grand écart entre "The thing" de John Carpenter et le fameux premier "Alien". Au fil des pages la phrase de l'affiche du film me revient et colle à la perfection à Galica "Dans l'espace, personne ne vous entend crier".

 

Ce climat de tension palpable, minée par ce danger encore invisible qui menace est insupportable pour les nerfs. On suffoque, on remue, on bouge son corps pour se soulager et vérifier que l'on est chez bien soi et pas à des milliers de kilomètres, dans le grand désert blanc. Quelle épreuve mes amis !

P 130. Le coup de grâce. Mais non, je sais que ce n'est pas fini. Mon esprit usé est à la fois glacé et surchauffé, il se demande ce que l'auteur lui a réservé, et il tremble, Oh oui il tremble, et vous aussi vous tremblerez, Oh oui bien sûr que vous tremblerez !

 

Dans toute cette adrénaline, dans toute cette peur bleue (petit clin d'œil perso hé hé hé) la beauté est là, présente comme une fleur épargnée dans un champ dévasté. Je veux parler du style. Il jaillit quand on ne s'y attend pas comme page 158 "Une pensée victorieuse caresse clandestinement le voile de mon esprit".A chaque page l'auteur nous démontre que l'on peut faire peur avec élégance.

 

C'est les doigts gourds et les poumons gelés que nous abordons l'ultime nouvelle. Elle s'appelle "Eternité".

Dans cette histoire l'auteur fait preuve d'une grande originalité et de beaucoup d'imagination, c'est un régal. Dans l'ambiance nous retrouvons un petit côté "Zone 7" de L'aube des fousmais c'est en même temps totalement différent, c'est tout le talent de notre King corrézien. De quoi parle-t-on ?

Simon est ... "différent", il travaille pour Valérian, il installe des pompes sous terre. Un jour, alors qu'il est en train de faire son job dans une cavité, une terrible détonation déchire l'air. Simon est enseveli. Après de gros efforts, quand il mettra le nez dehors, le monde qu'il connaissait aura disparu ...

 

Dès les premières lignes une pensée récurrente occupe mon esprit. Simon serait-il le frère caché de Forrest Gump ? Très vite le récit tend vers un genre de "Forrest Gump dans the twilight zone". Mais avec ses qualités intrinsèques, son univers et sa magie propres.

Simon est différent, mais il est autonome et plein de bonté. Par le savoir-faire d'Anthony Signol qui parvient à narrer le récit tout en se mettant dans la tête de Simon, nous éprouvons tout de suite une énorme sympathie pour le héros. Un personnage limité mais qui possède un cœur sans frontière. Un homme qui ne calcule pas sa relation aux autres, un homme simple qui fonctionne simplement et cette attitude lui ouvre les portes du bonheur. Son monde intérieur est encadré par deux figures tutélaires, sa maman et Valérian. Simon a tout appris de ces deux-là.

 

Encore une fois, au-delà de l'aventure qui se déroule, l'auteur nous pousse plus loin, il nous fait réfléchir et dégage un horizon inaccessible à pas mal de monde. Celui des relations humaines, des actions désintéressées et de sentiments comme la compassion et l'empathie. Avec une grande subtilité il nous fait toucher du doigt la chance que nous possédons d'être vivants, de pouvoir goûter les petits plaisirs de la vie, mais sont-ils vraiment si petits que ça ?

Page 176 je suis tombé sur un passage bien plus profond qu'il n'y paraît. Un passage Saint-Exupérien ! Jugez plutôt : "La vie maintenant qu'il avait cotoyé une fin tragique, avait un goût particulièrement prononcé. Elle exhalait le parfum sucré de la victoire, l'iode des grands espaces et la merveilleuse incertitude d'un avenir encore long".Pas mal hein ?!

 

Anthony Signol n'est jamais aussi bon que lorsqu'il endosse les habits du conteur tout en se mettant dans la tête du personnage central. Sans avoir l'air d'y toucher, sans que l'on s'aperçoive qu'il nous y a invité, nous nous interrogeons.

Dans chaque nouvelle, devant les consciences dévastées et les tentations exacerbées, nous nous demandons ce que nous aurions fait à leur place. Avec tact, il nous incite à l'introspection dans le roulis de la peur et dans le ressac de la frayeur. Les nouvelles d'Anthony Signol sont bien plus que des histoires terrifiantes. Ce sont des histoires empreintes d'une grande humanité. Les personnages principaux, les secondaires, tous possèdent des qualités, des côtés attachants. Mais ils ont aussi leur inévitable part d'ombre. Ils sont terriblement crédibles, et c'est justement pour cette raison que nous éprouvons la peur ou la terreur, parce qu'ils nous ressemblent, nous pourrions être à leur place.

 

Les héros sont accessibles à nos vies, nos envergures se déploient à la perfection dans l'ombre inquiétante de Jack, Anna et Simon.

Et ces références cinématographiques ! Loin d'alourdir le sujet elles rehaussent les récits et leur donnent un champ d'une largeur inattendue.

Un des grands talents de l'auteur, c'est cette capacité naturelle (le talent c'est de parvenir à faire croire que c'est naturel !) à nous rendre les personnages si attachants. Cette méthode de nous ouvrir leur âme tout en disparaissant derrière les héros. Un magicien qui ne serait pas le centre du spectacle en somme. Un marionnettiste invisible.

 

Allez, couvrez-vous bien, prenez quelques affaires dans un sac, une arme, un couteau, de la nourriture, et aussi un objet personnel qui rappellera dans les moments pénibles que des gens tiennent à vous. Et puis partez, ouvrez ce "Misérabilis" et entrez dedans.

 

Mais n'oubliez pas de regarder derrière vous ...