Muhammad l'ultime Joyau de la Prophétie

La conclusion du serment d'allégeance

Après l'acceptation des articles du serment d'allégeance et l'insistance sur son importance, les Ansârs s'apprêtèrent à entériner l'accord en serrant chacun à son tour la main du Prophète ﷺ. Jâbir rapporte que les Ansârs s'adressèrent à As'ad Ibn Zurâra en ces termes : " Ô As'ad, écarte-toi, par Allah, nous ne laisserons pas cet engagement et nous ne nous rétracterons pas ".

Voyant la détermination de son peuple, As'ad Ibn Zurâra eut la conviction qu'il était disposé à se sacrifier pour la cause d'Allah. As'ad Ibn Zurâra avait déployé aux côtés de Mus'ab Ibn Umayr de grands efforts pour appeler les Médinois à l'Islam et il était bien évidemment le chef religieux des Médinois venus faire serment d'allégeance au Prophète ﷺ. Il était dès lors normal qu'il soit le premier à prêter serment d'allégeance au Prophète ﷺ. Ibn Ishâq a dit : " Les Beni An-Najjâr prétendent qu'Abû Umâma As-ad Ibn Zurâra fut le premier à tendre la main pour prêter serment ".

En ce qui concerne les deux femmes qui étaient alors présentes, leur serment fut pris oralement, car le Prophète ﷺ n'avait jamais serré la main d'une femme avec laquelle il n'avait aucun lien familial ou matrimonial.

Le Prophète ﷺ demanda ensuite aux Médinois de désigner douze représentants, chargés de veiller à l'application des articles du serment. Neuf hommes de la tribu d'Al-Khazraj : As'ad Ibn Zurâra Ibn Adas, Sa'd Ibn Ar-Rabî Ibn Amr, Abd Allah Ibn Rawâha Ibn Tha'laba, Râfi Ibn Mâlik Ibn Al-Ajlân, Al-Bara Ibn Ma'rûr Ibn Sakhr, Abd Allah Ibn Amr Harâm, Ubâda Ibn As-Sâmit Ibn Qays, Sa'd Ibn Ubâda Ibn Dulaym et Al-Mundhir Ibn Amr Ibn Khunays. Et les trois autres étaient de la tribu d'Al-Aws : Usayd Ibn Hudayr Ibn Simâk, Sa'd Ibn Khaythama Ibn Al-Hârith et Rafâ'a Ibn Abd Al-Mundhir Ibn Zubayr.

Ces douze hommes eurent à jurer allégeance en leur qualité de représentants de leur peuple. Ensuite, le Prophète ﷺ leur dit : " Vous vous engagez pour votre peuple comme le firent les Apôtres de Jésus fils de Marie pour les leurs et je m'engage, quant à moi, pour mon peuple, c'est à dire les Musulmans ". Ils répondirent : " Oui ".

D'une manière ou d'une autre, il y eut des fuites concernant cette rencontre secrète. Le Prophète ﷺ sut immédiatement que le coupable était un démon habitant à Al-Aqaba qui avait découvert leur réunion. Le Prophète ﷺ le menaça en lui disant : " Ô ennemi d'Allah, je jure par Allah que je m'occuperai de toi ! " Il ordonna alors aux Médinois de rejoindre leur campement.

Les Ansârs étaient prêts à attaquer Quraysh

En entendant les cris du démon d'Al-Aqaba, Al-Abbâs Ibn Ubâda Ibn Nadla a dit : " Par Celui qui t'a envoyé porteur de la Vérité, nous sommes suffisamment puissants pour briser par l'épée les gens de Minâ [les Qurayshites] dès demain si tu le désire ". Le Prophète ﷺ dit alors : " Une telle action ne nous a pas été prescrite. Maintenant, retournez à vos campements ".

Ils obéirent, regagnèrent leur campement et dormirent jusqu'au matin.

Quraysh protestent auprès des notables de Yathrib

A peine les Qurayshites eurent-ils connaissance du traité conclu qu'un tumulte de plus en plus fort s'éleva dans toutes les directions. Ils se rendirent compte immédiatement qu'un tel serment de fidélité aurait des conséquences profondes sur leur vie même, ainsi que sur leurs biens. Le lendemain, une importante délégation comprenant les chefs et les grands criminels de la Mecque se mit en route pour le campement des Médinois afin de protester vigoureusement contre ce traité. Ils s'adressèrent ainsi aux gens de Médine : " Ô assemblée des Khazraj, nous avons appris que vous êtes venus ici pour emmener cet homme à Médine et que vous vous êtes engagés, à son égard, à nous combattre. Par Dieu, de tous les Arabes, vous êtes les seuls que nous n'aimerions pas combattre, cela nous serait détestable ".

Les Médinois polythéistes, ne connaissant pas l'existence du pacte secret, se mirent en toute bonne foi à jurer par Dieu que que ces allégations étaient sans fondements. Abd Allah Ibn Ubayy Ibn Salûl, un Médinois païen, prétendit que ses concitoyens ne prendraient aucune initiative sans qu'il leur en ait donné l'ordre.

Cependant, les Médinois Musulmans demeurèrent silencieux, ne niant ni ne confirmant rien. Les chefs Qurayshites semblèrent presque convaincus par les arguments avancés par les païens et ils rentrèrent chez eux frustrés.

Les Qurayshites découvrent la vérité et poursuivent les gens ayant fait serment d'allégeance

Toutefois, ils avaient des doutes. Ils commencèrent à observer minutieusement les faits et gestes des Médinois jusqu'à ce qu'ils eurent confirmation de leurs doutes : Un pacte avait bel et bien été conclu. Mais cette certitude n'apparut clairement qu'une fois que les pèlerins Médinois eurent quitté la Mecque. Fous de rage, les païens Mecquois poursuivirent les pèlerins, et réussirent à capturer Sa'd Ibn Ubâda. Ils le torturèrent, le ramenèrent à la Mecque, mais il fut finalement secouru par Al-Mut'im Ibn Adiyy et Al-Hârith Ibn Harb Ibn Umayya pour qui il protégeait les caravanes passant par Médine.

Tel est le récit du second serment d'Al-Aqaba, appelé plus tard le " Grand Serment d'Al-Aqaba ", effectué dans une atmosphère d'amour, de fidélité et de soutien mutuel entre les croyants de Médine et les faibles Musulmans de la Mecque. Ce nouvel esprit d'affection et de coopération ne peut être attribué à un caprice passager, car il provenait au contraire d'un profond changement intérieur, c'est à dire de la croyance en Allah, en Son Messager ﷺ et en Son Livre.

Cette croyance s'enracina à un point tel qu'elle resta inflexible face aux injustices et aux agressions et qu'elle se traduisit par des actes hors du commun au service de la défense et de la propagation de l'Islam. Cette foi sincère fut à l'origine des œuvres grandioses et uniques que les Musulmans réalisèrent et qui à jamais resteront dans les annales de l'Histoire.

Source : Muhammad l'Ultime Joyau de la Prophétie p.237-245