Le Bon Comportement

Le premier pilier : Tenir sa langue. Il ﷺ a dit : " Que celui qui croit en Allah et au Jour Dernier dise du bien ou qu’il se taise ! " (Rapporté par Bukhâri 2018 et Muslim 47) ; Et celui qui ne préserve pas sa langue ne sera jamais de bonnes mœurs, puisque de surveiller son langage s’inscrit parmi les solides fondations du bon comportement. Le sens de cette préservation de la langue, c’est de la maitriser, de se retenir de parler sauf si ça présente un intérêt. La parole du Prophète ﷺ : " Qu’il dise du bien ou qu’il se taise " est un appel à réfléchir avant de parler, parce que avant d’être prononcés, l’individu a autorité sur les mots, mais une fois délivrés, ce sont les mots qui le possèdent. Il est donc très appréciable pour le musulman de méditer sur sa parole avant de l’exprimer. S’il y pense, il trouvera qu’elle n’échappe pas à un des trois cas suivants :

1. Soit il apparait que c’est un bien, clair et sans équivoque, et il le dit alors, sans se gêner.
2. Soit il lui apparait que c’est un mal évident, une médisance ou un mensonge ou une raillerie ou une calomnie ou une autre forme de mal explicite, et alors, il s’y refuse et empêche sa langue de le prononcer.
3. Soit c’est confus pour lui. Il ne sait pas si c’est un bien ou un mal. Dans ce cas, il se retient encore d’en parler, compte tenu de sa parole ﷺ : " Quiconque renonce à ce qui est douteux a préservé sa religion et son honneur ". (Rapporté par Muslim 1599), et en raison de sa parole : " Renonce à ce qui suscite en toi des doutes pour ce qui n’en suscite pas ". (Rapporté par At-Tirmidhî 2518 et An-Nasâ'î 5711).

C’est là un fondement incontournable dans le registre de la moralité à savoir : que l’homme tienne sa langue, qu’il maitrise sa parole et ne dise que du bien. " Ô vous qui avez cru ! Craignez Allah ! Tenez des propos justes et droits ! " (Coran 33:70). Dans le récit, il ﷺ dit : " Que ta mère te perde, ô Mu'adh ! Qu'est-ce qui culbutera, en Enfer, les gens sur leurs visages - ou il a dit : " sur leurs nez " - si ce n'est la récolte de ce leurs langues (auront semé) ? " (Rapporté par At-Tirmidhî 2616 et Ibn Mâja 3973)

Le second pilier : Parmi les piliers de la moralité, il y a de se tenir à l’écart du superflu et de ce qui ne nous regarde pas. Il ﷺ a dit : " Il fait partie de la belle soumission (Islam) d’un homme que de délaisser ce qui ne le regarde pas ". (Rapporté par At-Tirmidhî 2317 et Ibn Mâja 3976)

L’individu fouineur n’est pas de haute moralité, parce que sa curiosité déplacée et le fait de mettre son nez dans ce qui est sans intérêt pour lui l’exclut du champ de la vertu. A contrario, celui qui n’est pas indiscret, éloigné de cette attitude, a les traits caractéristiques de l’homme bien éduqué et plus encore, c’est un des fondements du bon comportement.Le sens de sa parole " délaisser ce qui ne le regarde pas ". C'est à dire dans le respect de la norme fixée par la Révélation, non pas la norme des passions. C’est un point auquel on peut être inattentif car certains usent de ce récit en dehors de son cadre légal, comme lorsqu’on leur commande un bien ou qu’on leur interdit un acte répréhensible et qu’ils disent alors à celui qui ordonne et interdit : " Il fait partie de la belle soumission (Islam) d’un homme que de délaisser ce qui ne le regarde pas ". Il relève d’une mauvaise compréhension de la narration puisque cela concerne bel et bien le musulman, toutefois dans le respect de la norme juridico-religieuses, avec sagesse, douceur et dans un style adéquat.

Au final, la préservation de la langue est certes parmi les piliers du bon comportement sur lesquels il est édifié. Et celui qui ne tient pas sa langue ne sera pas au nombre des hommes qui se distinguent par leur moralité et leur noble attitude.

Le troisième pilier : Parmi les piliers de la moralité, il y a de ne pas écouter et suivre ses émotions, surtout la colère. Il ﷺ dit : " Ne te mets pas en colère ! ". (Rapporté par Bukhâri 6116 et At-Tirmidhî 2020) Lorsqu’il s’emporte et se fâche, l’homme ne doit rien dire, ni rien faire, parce que toute parole et tout geste posé dans la colère sort généralement du cadre des bons comportements.

On dit en blâmant la colère et en dépeignant sa laideur : " La colère est d’abord une folie et elle finit par des regrets ", parce que celui qui parle ou agit sous le coup de la colère le fait sans discipline. Par conséquent, l’homme ne doit pas se laisser aller à ses émotions et s’il est émotionnel, qu’il s’assoit. Le ﷺ a dit : " Si l’un d’entre vous se fâche étant debout, qu’il s’assoit. Si la colère le quitte (sous entendu : L’objectif est atteint), sinon, qu’il s’allonge ! " (Rapporté par Ahmad 21348 et Abû Dawûd 4782) ; Et qu’il s’abstienne de parler. Il ﷺ a dit : " Si l’un d’entre vous se met en colère, qu’il se taise ! " (Rapporté par Ahmad 2136) Son dire " Qu’il se taise " est un refus de s’exprimer lorsqu’on est sous l’emprise de la colère.  Et son dire " Qu’il s’assoit " est un refus d’agir lorsqu’on est fâché.

On attend du musulman qu’il se retienne de ces deux affaires : La parole et l’acte, au moment de la colère, jusqu’à ce qu’il retrouve son calme, parce qu’au moment où il s’emporte, il peut lancer des propos et poser des actes immoraux et incompatibles avec le bon comportement. Celui qui désire la politesse ne doit pas se laisser entrainer par les émotions, surtout en se fâchant.Dans certaines versions du récit, on trouve qu’un Compagnon a dit : " J’ai réfléchi à cela et j’ai découvert que la colère regroupe tout le mal ", puisqu’en suivant ses émotions et sa colère, il sera conduit à plonger dans de grands maux dont les conséquences ne sont pas louables.

Le quatrième pilier : Parmi les piliers de la moralité, il y a la " salubrité du cœur ". Il ﷺ a dit : " L’un des vôtres ne croira pas jusqu’à ce qu’il aime pour son frère ce qu’il aime pour sa personne ". (Rapporté par Bukhâri 13 et Muslim 45). Cette narration est comptée parmi les piliers du chapitre relatif à la moralité… Que la poitrine d’un homme soit saine, débarrassée de la haine, de la rancune, de l’aigreur, de la malveillance ou d’autres choses semblables affectant les cœurs. " Ne mets point de rancune dans nos cœurs envers ceux qui ont cru " (Coran 59:10)

Un cœur vidé de ces maux constitue la pierre angulaire du bon comportement. Celui qui a un mauvais fond et dont la poitrine est encombrée ne peut rallier les hommes dotés de moralité, puisque la corruption de ce qui est caché et sa déviance déteignent sur les apparences… " Certes, il y a dans le corps un morceau de chair : s’il est sain, alors tout le corps sera sain. Et s’il est corrompu, alors tout le corps sera corrompu. Et ce morceau est le cœur ! " (Rapporté par Bukhâri 5 et Muslim 1599)

Si le cœur de l’homme est sain, que son for intérieur est débarrassé des vices et de la corruption, alors, avec la permission d’Allah (exalté soit-Il) la moralité s’y matérialisera dans toute sa splendeur, elle y prendra la plus belle des apparences !

Dans la Loi révélée (Charia), l’éthique occupe une place privilégiée. Si le musulman est assisté jusqu’à connaitre les comportements de l’Islam et sa moralité élevée, qu’il recherche l’assistance d’Allah (exalté soit-Il) pour les réaliser, il obtiendra un grand bien et un mérite intégral dans le bas-monde et dans l’Au-delà. Quel besoin plus pressant pour le musulman que l’étude des éminents comportements islamiques, tout en corrigeant l’intention à ce stade ! L’intention peut être entachée par des desseins et des affaires qui la corrompent. Mais si l’intention est authentifiée, l’œuvre est bénie !

Ici, la correction de l’intention consiste à ce qu’il veuille délivrer sa personne de l’ignorance en procédant à l’étude de l’éthique de la Charia et des comportements islamiques ; Ensuite, il combat son âme pour les concrétiser et les adopter. " Ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les conduirons vers Nos chemins. Allah est avec les bienfaiteurs ". (Coran 29:69). Il ﷺ a dit : " La connaissance ne s'obtient qu'en apprenant, et la patience ne s'obtient qu'en s'efforçant d'être patient, et quiconque s'efforce sincèrement de trouver le bien le recevra, et quiconque s'efforce sincèrement d'éviter le mal en sera protégé ". (Rapporté par Tabarani dans Al-Awsat 2663)

Tout en recherchant le soutien d’Allah, en quémandant Son aide et Son assistance. C’est pour cela qu’il dit en avouant son amour pourMu'adh (qu’Allah soit satisfait de lui) : " ÔMu'adh, par Allah, je t’aime ! ".Mu'adh dit : J’ai alors dit : " Par mon père et ma mère ! Par Allah ! Je t’aime (aussi) ! ". Il dit : " ÔMu'adh! Je te recommande de ne jamais cesser de dire à la fin de chaque prière : Ô Allah ! Aide-moi à T'évoquer, à Te remercier et à accomplir les actes d'adoration que Tu agrées ". (Rapporté par Abû Dawûd 1522 et An-Nasâ'î 1303) ; " Ô les gens ! Aimeriez-vous déployer beaucoup d’efforts dans l’invocation ? ". Ils dirent : " Oui, ô Messager d’Allah ! ". Il dit : " Dites : Ô Allah ! Aide-nous à T’évoquer, à Te remercier et à parfaire Ton adoration ! "(Rapporté par Ahmad 7982)

De même qu’on emploie cette invocation à la suite des prières, elle est aussi une invocation absolue qui peut être formulée en tout temps. Le serviteur réclame l’aide d’Allah (exalté soit-Il) en toute circonstance et ensuite, il travaille à la diffusion de ces comportements parmi les gens, en leur servant de modèle et en les y invitant.