J'ai déjà indiqué la date de la suppression de la surtaxe aérienne pour le courrier entre la Corse et le Continent: 16 octobre 1941.
Cette information m'avait été très gentiment communiquée par Laurent B. qui avait déniché cette note de service:
Ce blog a été créé le 23 septembre 2010 afin de partager avec vous ma passion pour l'histoire postale.
J'ai déjà indiqué la date de la suppression de la surtaxe aérienne pour le courrier entre la Corse et le Continent: 16 octobre 1941.
Cette information m'avait été très gentiment communiquée par Laurent B. qui avait déniché cette note de service:
Je cherchais depuis longtemps à savoir quand la liaison postale par avion avait repris entre Corse et continent après l'interruption ayant suivi l'Armistice. J'avais bien la date d'un vol d'essai le 28 août (par Givon) mais rien d'autre.
Je viens de trouver cette information dans L'Indépendant des Basses-Pyrénées du 12 septembre 1940:
La lettre présentée ci-après est moins anodine qu'il n'y paraît à première vue, tout simplement parce qu'elle date de juillet 1940, une période loin d'être évidente, à bien des égards.
L'armistice franco-allemand est signé le 22 juin 1940.
Pour ce qui est des relations postales avec l'Afrique du Nord, les services aériens s'arrêtent le 25 juin pour ne reprendre que le 21 août avec la réouverture de la ligne via Alger:
Mais la voie maritime sera aussi à l'arrêt jusqu'à la mi-juillet!
En effet, si on lit le communiqué de Vichy du 16 juillet dans La Dépêche de Toulouse, les relations postales continuent à être assurées par la voie maritime au fur et à mesure des départs des paquebots:
Cela incite à regarder avec plus d'intérêt cette lettre:
L'affranchissement se décompose ainsi:
- Lettre pour l'étranger: 2F50
- Recommandation pour l'étranger: 2F50
- Surtaxe avion pour 10g par la ligne directe: 1F
Ce que je trouve étonnant, c'est que le préposé qui a enregistré la lettre, puisqu'elle est recommandée, n'a pas informé l'expéditeur que la surtaxe avion n'avait pas lieu d'être. Plus surprenant encore, il semble que les inscriptions à l'encre violette soient de sa main:
"Par avion jusqu'à Marseille" et "Suisse".
Le Patriote des Pyrénées du 18 juillet 1940 confirme que
les correspondances par avion ne sont pas admises pour le moment.
Très souvent, les tarifs postaux dans les colonies sont alignés sur ceux au départ de la Métropole mais on rencontre parfois des pièces qui ne respectent apparemment pas ce principe.
En voici un exemple:
Carte postale illustrée "dont la moitié du recto est réservée à la correspondance, l'autre moitié à l'adresse, et dont le verso est occupé par une illustration ou gravure à l'exclusion de toute annotation manuscrite",
écrite le 23 mars 1924 et postée à TAMATAVE le 3 avril 1924, à destination de Puteaux.
Dans le sens inverse, une telle pièce aurait dû être affranchie à 15c depuis le 24 mars. On pourrait donc s'étonner et penser que cette carte aurait dû être taxée!
Que nenni! Et l'explication est fort simple:
L'arrêté promulguant la loi du 22 mars 1924 dans la colonie de Madagascar et Dépendances date seulement du 12 mai et il n'a été inséré dans le Journal Officiel de la Colonie que le 17 mai.
Ces retards d'application étaient fréquents et imposent la prudence dans la comparaison avec les tarifs bien connus des collectionneurs... au départ de la Métropole.
Dans mon précédent article, je montrais une carte postale illustrée de Madagascar avec cette surtaxe plutôt connue sur cartes spéciales éditées par Air France:
Je terminais mon propos en évoquant la possibilité que quelqu'un trouve un jour une enveloppe ouverte au tarif des cartes de visite avec cette même surtaxe.
Dites-moi pas qu'c'est pas vrai... en quelques clics sur D*, je dénichais ceci:
* Les CP5 et les CV5 sont à 40c (tarif du 12 juillet 1937), soit 90c avec la surtaxe réduite.
Reprenant une idée de 1928 de la Compagnie Générale Aéropostale (cartes de propagande avec surtaxe aérienne réduite pour les fêtes de fin d'année, au départ d'Amérique du Sud), et sans doute pour rivaliser avec le Reich qui décide d'appliquer cette idée dans le sens Allemagne > Amérique du Sud, la France publie fin 1936 le décret suivant:
* Une coquille: "surtaxe 30c" pour Madagascar, alors qu'elle était alors de 80c (1/5ème de 4F).
À Madagascar, la presse locale ne se trompe pas:
** Documents Philatéliques n°201, 3ème trimestre 2009.
On s'y perd un peu quand on observe les plis par avion de cette époque car on trouve sur cette courte période aussi bien des surtaxes de 1F que de 1F50.
Sauf erreur de ma part, voilà ce qu'il en est réellement:
(2 septembre 1939: fermeture de la ligne Tunis - Marseille)
19 septembre 1939: réouverture de la ligne via Alger; la surtaxe est de 1F50 (dont 50c pour Tunis > Alger).
9 novembre 1939: réouverture également de la ligne directe (via Ajaccio); on trouve alors des lettres avec 1F ou 1F50 de surtaxe (choix de l'expéditeur).
25 juin 1940: arrêt des services aériens.
21 août 1940: réouverture de la ligne par Alger; surtaxe à 1F50 uniquement.
13 février 1941: le Directeur de l'Office tunisien des PTT décide de ramener la surtaxe à 1F pour rétablir la parité avec les surtaxes applicables depuis la Métropole vers la Tunisie, d'autant que, depuis 1928 en France et 1931 en Europe, les surtaxes aériennes ne doivent pas tenir compte du routage.
1er septembre 1942: augmentation de la surtaxe qui passe à 1F50
(mi-novembre 1942: arrêt des services aériens entre la Tunisie et la France)
J'en profite pour montrer une lettre curieuse:
Le 1$ vert-jaune "L'Apsara" (Danseuses khmères) représentait une valeur assez élevée à ses débuts: quand le timbre est émis fin 1931, il est le pendant du 10F "La Rochelle" en France. Ce ne sera plus le cas à la fin de sa longue carrière, un quart de siècle plus tard.
Une combinaison tarifaire justifiant un usage en seul sur lettre au début des années 30 est, de ce fait, plutôt sympathique:
- Lettre pour la France de 0 à 20g = 6 cents
- Surtaxe avion de Saïgon à Marseille de 10 à 15g = 3 x 30 = 90 cents
- Surtaxe avion de Marseille à Paris de 0 à 20g = 4 cents
soit un affranchissement de 100 cents = 1 piastre.
Ce qui est amusant, c'est qu'un affranchissement composé à 96 cents aurait aussi bien fait l'affaire! En effet, la lettre est arrivée à Marignane le 18/12 dans la journée et elle aurait dû attendre le lendemain pour prendre l'avion jusqu'à Paris comme demandé par l'expéditeur. L'acheminement le plus rapide étant privilégié, elle a en réalité pris le train de nuit PLM, ce qui lui a permis d'être distribuée le 19 au matin, après un petit couac dû à une mauvaise adresse.
Ce cas de figure était récurrent à cette époque car il n'y avait pas encore d'avion de nuit. Les journaux déconseillaient donc de payer inutilement une surtaxe pour un routage par avion jusqu'à Paris:
La présentation de cette lettre doit tout à J-F. Estel, y compris l'extrait de L'Avenir du Tonkin. Un grand merci à lui.
La loi du 29 mars 1889 permettait aux administrations d'envoyer des courriers non affranchis pour lesquels les destinataires n'avaient à s'acquitter que du montant de l'affranchissement au lieu d'être taxés au double selon la règle commune.
La TRÈS grande majorité des plis rencontrés sont des lettres du premier échelon de poids mais on peut trouver d'autres cas, nettement plus rares, notamment pendant la seconde guerre mondiale:
TARIF DE LA LETTRE DU PREMIER ÉCHELON (envoi sous bande):
TARIF DE LA LETTRE DU DEUXIÈME ÉCHELON: