53 – LE VENT DE LA PLAINE- THE UNFORGIVEN de John Huston 1960
JOHN HUSTON fut un des derniers géants du cinéma des années 40 – 50 à tourner encore durant la décennie 80, il donna plus de 10 chefs d’œuvre au septième art ne fusse qu’avec Humphrey Bogart comme acteur (1). Le western s’il l’aborda rarement 2 films) ce ne fut pas son genre de prédilection ce qui n’empêchera pas d‘y apposer sa patte inimitable voire son savoir faire. L’œuvre est puissante, elle emprunte à la tragédie grecque et à la Bible ses thèmes et ses personnages, elle parle de vengeance, de fratrie et d’amour interdit enfin contrarié et d’intolérance .
Ce western insolite (une vache se promène sur le toit d’une maison, un cavalier spectral, un piano dans une plaine) montre deux femmes attendant le retour de Ben (BURT LANCASTER) sa mère Mathilda Zachary (LILIAN GISH) et sa sœur Rachel (AUDREY HEPBURN) . Cette dernière va croiser lors d’une ballade à cheval un étrange militaire Abe Kelsey (JOSEPH WISEMAN) vieux trainant la poussière à chaque passage et psalmodiant des versets religieux. La famille à laquelle s’ajoute Cash (AUDIE MURPHY) et Andy (DOUG Mc GLURE) est au complet ; Ben est depuis la mort du père le chef de famille , il s’occupe d’un troupeau de bovins, leur seule richesse , Rachel porte une admiration sans faille et pleine d’amour plus que fraternel. La morale est sauve car celle-ci est une fille trouvée mais le cavalier fantomatique affirme que Rachel est une indienne de la tribu Kiowa responsable de la mort du père adoptif .Cette révélation va semer la discorde avec le voisinage notamment avec la famille Rawlins notamment après le meurtre de leur fils et prétendant de Rachel tué par des Kiowa. Ses derniers surs de leurs droits viendront chercher Rachel.
Ce fut le premier western de John Huston et son plus flamboyant , il dessine le portrait d’une famille en souffrance , d’êtres perdus dans leur culture et nantis de préjugés, d’êtres impulsifs et racistes et d’autres tout aussi intransigeants et hautains parfois ; des individus que l’on ne peut pas toujours ramener à la raison. John Huston nous offre un florilège de scènes fortes pour illustrer ce monde : La mère jouant Mozart ans la vallée où le silence trône ou pianotant fortement face aux tambours de la tribu belliciste comme pour montrer que l’intimidation ne fonctionne pas avec eux, L’indien au service de Ben qui part capturer celui par qui le scandale est arrive avec quatre chevaux qu’il utilisera sans freiner sa course, et surtout les apparitions du tourmenté cavalier poussiéreux dont chaque passage sème la discorde.
Ben Maddow le scénariste n’est pas étranger à la réussite du film, chacune de ses participations intelligente donne des films admirable et dans le western il participa au superbe « Johnny Guitar » , réputé de gauche et libéral il fut inquiété par le maccarthysme quelques temps. Dimitri Tiomkins le musicien (2) l’un des meilleurs qui illustra le genre (Ro Bravo » - Le train sifflera trois fois » « OK Corral » « Alamo » signe une partition ui renorce le mystère et donne de l’intensité à certaines scènes
La cerise sur le gâteau est l’interprétation homogène, pas une seule fausse note qui montre que John Huston sait diriger le monolithique Audy Murphy est supportable pour une des rares fois de sa carrière, Joseph Wiseman qui deviendra célèbre pour son interprétation du « Dr No » est énigmatique à souhait dans ce rôle de soldat humilié, de père blessé et dément, Audrey Hepburn dont ce fut la seule intrusion dans le western est toute innocence et quelque peu fourbe, légère et décidé, enfant et femme à la fois et la palme revient à Burt Lancaster le frère ainé ordonnateur et vecteur de la fatalité, il est le meneur d‘hommes, le gérant de la famille et le bloc indestructible, il en impose et nous concevons assez bien e choix de Visconi d’en faire un seigneur dans « Le Guépard »John Huston signe un des plus beaux réquisitoire contre le racisme et nous comprenons pourquoi Clint Eastwood intitula son western tout aussi accusateur « Unforgiven » et qu’il s’inspirera de la personnalité de l’auteur pour camper John Wilson dans « Chasseur blanc, Cœur noir »
(1) Le faucon maltais – Le trésor de Sierra Madré – Key Largo et African Queen
(2) Signa plus de 120 musiques de films dont une trentaine pour le western