1000 films pour aimer le Western

FEMMES DE FEU « RAMROT » (*) de André DE TOTH 1947 USA ( **) Etonnant western par son atmosphère de mal être, par ses décors aussi sauvages que ses protagonistes et par le renversement des codes inhérents au genre. Connie Dickason (Veronica Lake ) refuse d’obéir à son père Ben qui souhaite la marier à Frank Ivey (Preston Foster) un rancher très puissant, autoritaire et irascible. Pour tenir tête à ce dernier, elle engage Dave Nash (Joel McCrea) et va montrer sa vraie personnalité d’être vénal, arriviste et ambitieuse prête à tout pour être la première Qu’importe l’histoire dans ses détails, qu’importe-le « Happy end » traditionnel tant la facture veut poser son originalité ailleurs. Ne fusse que par son tournage dans les régions indomptées de l’Utah qui répondent à cette femme liberticide. Hormis Ford et Hathaway peu de cinéastes avaient promenés leurs caméras loin, très loin des décors pour appuyer l’atmosphère ténébreuse de cette histoire aux relents immoraux et antipathiques. Il utilise ses décors naturels dans son western en noir en blanc de façon pointilleuse (le prologue est remarquable quand il insiste sur le fait que les plaines, entourent une rivière et celle amène naturellement devant la ville lui donnant un aspect abrupte) la nature comme dans son autre western splendide « La chevauchée des bannis » est un autre personnage.

Et parmi eux le méchant se trouve l’être moins que cette héroïne qui mène la danse de façon trouble et même le héros ne semble l’être lui aussi. Il vrai que la matière première de ses rôles en revient à Luke Short écrivain puissant à qui on doit les histoires de « Ciel rouge (1948) » adapté par Wise qui instaurait déjà un climat sombre et des personnages à double jeu et un climat de grande noirceur , de « La cité de la peur (1948) où déjà la même dualité entre le paraitre et l’être existait et bien d’autres encore ( 1) . Ses personnages sont hors des définitions classiques :

La femme n’est plus le personnage falot comme celui de Rose (Arleen Whelan ) que Dave Nash rejoindra, mais un être fort dominateur et manipulateur, peu de westerns peuvent s’enorgueillir de telles figures primordiales (2) . Celle incarnait en toute innocence par Veronica Lake est ignoble ; celle-ci sous son apparence frêle cache un Dr Jeckyll ; ce sera son seul western signé par son époux, elle sera plus connue pour sa participation dans des thrillers avec Alan Ladd (Tueur à gages (1942) -La clé de verre (1942) Le dahlia bleu (1946) ) et des comédies (Les voyages de Sullivan (1941- Ma femme est une sorcière (1942) où elle excellait. Face à elle se trouve Joel McCrea dans un rôle effacé , qu’il quittera rapidement pour interpréter des personnages de plus grande prestance chez et Preston Sturges (3) Il fut dans une trentaine de westerns dont ceux de Tourneur (Stars in My Crown (1950)- "Le juge Thorne fait sa loi" 1955 et Un jeu risqué (1955) et de C.B de Mille (Pacific Express (1939)- Buffalo Bill (1944) ) entre autres.

Ce western méconnu déjà sortie en France en juillet 51 était peu redistribuée et sa ressortie démontre assez bien que le western des années 40 n’était pas qu’un monceau de caricatures mais bel et bien aussi un reflet d’une pensée spécifique, un découvreur de talents et que le sieur André Toth était en fin de compte un réalisateur , hongrois d’origine ( 5 films dans son pays ) devenu américain savait faire des westerns on ne peut plus originaux à l’instar d’un Ford autre borgne célèbre dans le genre et qu’il faut revisiter son œuvre – dont le surprenant La rivière de nos amours (1955) _ notamment ses westerns avec le sieur Randolph Scott (4) .

Il reste un des noms importants du genre qu’il privilégiât. (1) La descente tragique (1948) et Ton heure a sonné de Ray Enright 1948 tous deux avec le même acteur ( Randolph Scott) La vallée de la vengeance (1951) qui comportait déjà un personnage de mauvaise augure , Embuscade (1950) de Sam Wood (2) « 40 tueurs » de Sam Fuller et « Johnny Guitar » où la femme est le plus viril des protagonistes (3) The Palm Beach Story (1942)- Les voyages de Sullivan (1941) 2 superbes comédies américaines (4)

Le cavalier de la mort (1951) Les conquérants de Carson City 1952 La mission du commandant Lex (1952) La mission du commandant Lex (1952) Les massacreurs du Kansas (1953) La trahison du capitaine Porter (1953) Le cavalier traqué (1954) Terreur à l'ouest (1954) (*)Ramrod qui, en anglais, désigne le dispositif qui propulse une balle dans le canon des premières armes à feu (**)Le film sort en DVD chez Wild Side en février 2012 avec une superbe galerie photos , une bande annonce et une présentation originale et toujours pertinente de Bertrand Tavernier