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Prana : pour Anne Le Maître |
L'air tisse l'univers, le souffle, l'homme.
Atharva Veda
Ruah...
L'air est chaud. Je viens d'installer, une flottaison sur une langue d'eau s'introduisant en terrain sec. Sensualité reptilienne d'une eau, tiédie au soleil, qui donne la vie sous les aulnes. Les arbres se parlent, frémissent.
Je fait silence. J'avance en terre sacrée.
Des centaines, voire, des milliers de menhirs couvrent la région. Le sol n'est que vibration, mémoires, à fleur de peau. Le sol recouvert d'aiguilles de pin,est craquant comme du pain frais, souple, sous mes pas. Les fougères expriment leur joie de côtoyer ces ancêtres de pierre. Elles donnent de la fraîcheur à mon regard qui se pose sur un camaïeu de verts, divin.
Dans ce territoire situé entre Plouarnel, Erdeven, Carnac et Crucunio,se trouve un menhir qui porte le nom de : Chaise de César. Je me dois de le trouver, de m'asseoir sur ce trône,, comme on le fait sur celui de Sarah Bernard, à la Pointe des poulains de Belle-Île.
N'y ont droit que les rêveurs, les autres passent à côté de tellement de choses !
Il est difficile d'installer dans de tels endroits sacrés. Si chargés d'histoire, de corps défunts, déposés, à même ce sol, devenus, humus.
Sans respect, tout ce que tu fais là-bas, n'a aucun sens.
Après avoir choisi, une superbe allée couverte, c'est à genoux, au plus près du sol et des ces habitants éthérés, que je trace une spirale avec mon doigt, à même me sol du grand dolmen. Je rejoins ainsi,dans ce mouvement, toute cette force puissante que m’envahit et que je partage dans ce signe de vie.
Je ne ferai pas plus.
Le retrait s'impose, digne.
Il est impossible de quitter ces lieux, sans remercier, sans empreinte au cœur.
Vous comprenez cela ?
Roger Dautais
Photo : création land art de Roger Dautais
" Prana " : pour Anne Le Maitre
Région de Plouharnel - Bretagne
***
Grand garage blanc
De quel pays abandonné me parles-tu, Gaby?
Tant de mémoires abandonnées, comme ds chalets aux volets fermés,tant d'histoires vécues,entendues, racontées, sur le chemin de halage qui menait à l'écluse. Tant de non-dits, enfouis sous l'humus de ta pensée, sur lequel pousse ton arbre.
Mais, tu ne le vois plus cet arbre de vie qui te procure de l'ombre en été. Tu ne le vois plus celui que tu as aimé, puis rejeté, pour ne garder que ta jeunesse. Tu n’entends plus tes voix intérieures, belle adolescente, que tu me confiais, sous les étoiles de Lehon ? Toutes ces mémoires refermées sur elles-mêmes et que tu refoulais pour être tranquille.
Toutes ces petites choses qui faisaient de toi, un être éclairé, dont tu ne tenais plus copmpte, je les ai ressenti comme ta part d'ombre qui grandissait, qui allait nous éparer, au moment où tu m'a lâché la main, cette nuit.
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Roger Dautais
Les écluses de Pont Perrin.
P.S
Ce texte qui évoque mes premières amours adolescents, j'avais 14 ans et qui durèrent une année scolaire, m 'a été donné, sous morphine.
Un beau rêve qui m'aura probablement accompagné dans ces grandes douleurs qui furent les miennes après l'opération.
Dès que j'ai pu prendre des notes sur mes visions, mes rêves, mes délires,, soit 5 jours après cette opération du coeur, je l'ai fait.
J'ai attendu d'être, plus en forme, mais toujours hospitalisé pour entreprendre un travail d'écriture pendant 19 jours.
C'est pour moi, une expérience unique qu rejoint, celles d'écriture automatique ou sous emprise de stupéfiants, menées dans les années 70-75, où je recherchais à incarner ces états de conscience modifiés, décrits par Castaneda pour créer, expérimenter,surtout en arts graphiques. et en musique . J'ai pratiqué seul ou en groupe.
R.D.