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comment vas-tu michel ? http://patrici a93.centerblog .net
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merci, petite soeur! j'ai quatre-vingts ans cette année, tu vois comme le temps passe! on se fait traiter de p
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Date de création : 27.01.2012
Dernière mise à jour :
26.07.2024
379 articles
© teston photo Michel à 3 ans et 1/2
Mémoires d'autiste (Tramontane Michel) pseudonyme Teston Michel, 2008, ISBN 29509937-3-7
Retour à la terre (chapitre VII)
Ah! je m'en souviendrai de ce maudit jour entre tous où on m'emmena ici, pas seulement comme les autres fois, pour les vacances, mais cette fois pour la vie.
Quel déménagement! J'étais malade comme un chien dans le camion : un véritable ma lde mer... Tous ces tournants qui n'en finissaient pas! Mais où allait-on donc ? Pour finir, le gros camion prit une toute petite route, pas même goudronnée, où il était impossible de croiser quelqu'un. Dieu merci! on ne rencontra pas d'autres voitures. Il faut dire qu'en ce temps-là, peu de gens avaient une automobile, surtout dans des campagnes aussi reculées. J'étais tellement malade dans ce camion secoué par les trous, les bosses, les pierres et les tournants, et dont la cargaison elle-même n'en finissait pas de tanguer et de ballotter, que l'idée me vint de sauter en marche du camion. Cette idée ne me quittait pas de tout le trajet et m'obsédait, tant je me sentais mal... Mais quand arriverait-on enfin ?
Allais-je vomir ou pas ? J'étais blême, tout pâle, tout blanc, et le voyage durait depuis plus de deux heures. Le chauffeur, une brute, ne faisait évidemment pas le moindre cas de moi. Il parlait comme si de rien n'était avec mes parents. Nous étions au moins cinq dans la cabine avancée du camion : le chauffeur et son adjoint, le païré, ma mère, et moi-même qui avais une dizaine d'années. Je me souviens que pour essayer de me consoler je pensais à mon chat, encore plus mal loti que moi : le pauvre, on l'avait mis dans un panier d'osier où on l'avait mis de force, et on avait refermé le panier, véritablement verrouillé par un bâton amovible fait exprès pour ça. J'espérais pouvoir au moins tenir le panier sur mes genoux dans la cabine du camion. Mais le chauffeur, cette brute épaisse, l'avait mis derrière avec les meubles au milieu de tout un bric-à-brac...
Mon pauvre chat! Non seulement il devait avoir lui aussi le mal de mer, mais en plus, dans son panier, il ne pouvait pas faire le moindre mouvement. De quoi devenir fou de douleur, de quoi faire une crise de claustrophobie!
Enfin on arriva... Pas plus tôt descendu de ce maudit camion où j'étais si malade, je me sentis infiniment mieux. Le calvaire était fini! Maintenant , c'était sûr, je ne vomirai plus. La digestion allait reprendre son cours. Les couleurs me revenaient déjà au visage, tant j'étais content d'être enfin sorti de ce maudit camion.
- Maman, maman! le chat est derrière, il doit s'étouffer. Va vite le sortir! donne-le moi!
Le chauffeur regarda ma mère d'un air entendu, comme s'il se moquait de moi. Mais ma mère sortit tout de même le panier du camion et me le donna.
- Tiens! le voilà, ton chat... Mais surtout n'ouvre pas le panier car il t'échapperait, il se perdrait et tu ne le retrouverais plus.
- Mais alors, qu'est-ce qu'il faut faire ? Demandai-je.
- Il faudra patiemment le dresser à rester ici.
- Quand le sortira-t-on du panier ?
- Ce soir, peut-être, quand on aura fini de déménager et que les portes de la maison seront bien fermées...
Je pris alors le panier de mon chat qui ne cessait de miauler, et je me mis à l'écart, laissant les hommes décharger le camion rempli de meubles.
C'est donc dans cette vieille ferme perdue au flanc de la montagne qu'on allait habiter maintenant? me demandai-je, en regardant le pays où nous étions arrivés.
Finie la petite ville! finis les copains! on repartait à nouveau à zéro! car je me souvenais du précédent déménagement de mes parents, quelques années plus tôt : il avait déjà fallu tout quitter et cela avait été dur.
A présent, j'étais à l'intérieur de la maison. Ma mère arrosait le sol avec une bouteille d'eau et balayait la poussière...
- L'armoire à glace, vous la mettrez ici dans ce coin, disait-elle aux déménageurs.
- Quelle est cette odeur ? dit soudain quelqu'un, on dirait de l'eau-de-vie ?
- Mais madame, dit le déménageur, à ma mère, vous ne voyez pas que vous arrosez lesol avec une bouteille d'eau-de-vie ?
- Ah! bon ? dit ma mère, et elle renifla l'odeur de la bouteille.
Effectivement, ce n'était pas de l'eau pure, mais une bouteille de gnole qui traînait dans la maison et que le propriétaire précédent avait laissé là, on ne savait pourquoi.
Tout le monde se mit à rire.
Les voisins étaient déjà venus en renfort. Il faut croire que ce n'était pas le désert complet, dans ce pays où on arrivait quand même à avoir des voisins! L'arrivée des Fraisson, aujourd'hui, c'était le grand événement du quartier... D'ailleurs, pour les voisins, le père Fraisson, le païré, était un enfant du pays...
Ils parlaient en patois avec le païré et ma mère, patois auquel je ne comprenais quasiment rien. Ils semblaient se connaître depuis toujours, alors que moi je ne les avais jamais vus de ma vie.
Quelle touche, ils avaient, ces braves gens! Des bleus de travail, complètement délavés, rôtis, blanchis, raclés par l'usure et le soleil, et rapetassées par dessus le marché! Ils avaient une casquette sur leur tronche avec un air de montagnard rougeaud.
A l'école, en Ardèche, on appelait ces gens-là des pageots, des pacoulins ou des padgellasses, c'est-à-dire des paysans du Plateau ardéchois qui avaient mauvaise réputation. On pensait, à tort, bien entendu, que les gens du Plateau étaient des arriérés, des gens méprisables. Ils faisaient honte à tout le monde. En ville, c'est-à-dire du côté d'Aubenas, en patois Ooubénasse, on les reconnaissait de loin, à cent mètres, sinon à un kilomètre.
Même mes professeurs en soutane se moquaient sans cesse d'eux et des paysans. Entre deux phrases ou deux démonstrations de mathématiques, ils avaient toujours des réflexions de ce genre:
- N'importe quel imbécile peut comprendre ça... Si vous ne comprenez pas ça, il ne vous reste plus qu'à garder les moutons...
Je n'étais pas fier, car moi, justement, je gardais les moutons à toutes les vacances...
Si on était fils de paysans, il ne fallait pas s'en vanter à l'époque... Quelle honte!...
Eh bien! cette fois, on en avait pour notre déplacement! Il n'y avait plus rien à dire. On était ici en pleine pacoule, le pays des pageots, et les padgélasses, c'étaient nous!
La journée se termina dans la fatigue, l'agitation et le surmenage. Pour achever cette journée mémorable, ma mère me montra un lit en fer, un lit sans suspension aucune. Le matelas était une authentique paillasse, c'est-à-dire un sac rempli de paille. Elle mit cette paillasse sur mon lit avec un drap et une couverture en me disant:
- Tu coucheras là!
Je regardai ma mère dans les yeux, et voyant qu'elle ne se moquait pas de moi, qu'elle ne manquait pas de sollicitude, je m'étendis aussitôt sur le lit, résigné et un peu étonné devant l'aspect rudimentaire et ancestral de ce lit. Mais à la guerre, comme à la guerre, je n'avais pas le choix, de toutes façon. Le lendemain, ce n'est pas le chant du coq qui me réveilla mais les hi-han puissants de l'âne qui était couché juste au-dessous de moi dans l'étable. J'eus de la peine à me reconnaître au réveil. Depuis hier matin que de choses avaient changé dans mon environnement! Plus rien n'était pareil! Les bruits familiers de la petite ville avaient disparu. Ici, c'était le silence éternel, ponctué seulement, de temps en temps, de cris de bêtes, d'oiseaux, ou même de parents ou de voisins. Les odeurs aussi avaient changé. Ici, c'était le plancher des vaches. Il y avait des odeurs de fumier ou de bouc, toutes ces odeurs caractéristiques de la ferme, et puis aussi, l'odeur envahissante des foins auquel j'étais allergique, sans le savoir encore. J'en éternuais déjà. J'avais sans doute attrapé déjà un bon rhume des foins.
Après un petit déjeuner de fortune avec du lait de pays auquel ma mère tenait tant, mais que moi je n'appréciais pas vraiment, je me mis à faire le tour du propriétaire dans la beauté du soleil levant, en ces jours de la fin du mois de juin et du début des grandes vacances. Quelle forêt tout autour de la maison! Des châtaigniers, encore des châtaigniers, toujours des châtaigniers... Et c'était plein d'épines ces machins-là! Et il y avait aussi plein de ronces et de buissons en tous genres, plein de broussailles, de genêts et de fougères, le tout bourré de lézards à chaque pas qu'on faisait, ou même de serpents effrayants... C'est à peine si on voyait quelques autres arbres près du ruisseau, des cerisiers, des pommiers, des frênes, des pins, des peupliers, etc. Mais où étaient donc passés les petits copains d'hier, mes voisins de pallier avec lesquels je jouais aux billes dans la cour, avec lesquels on faisait des parties de gendarmes et de voleurs, avec lesquels on faisait de l'escrime à coups d'épées de bois?
- Je serais d'Artagnan, tu serais Aramis. Et toi, avec ton arc, tu serais Robin des Bois, et toi enfin tu serais Zorro... Et maintenant, les gars, si on jouait aux cow-boys et aux Indiens?...
Hélas! plus rien de tout ça! Le hameau était vide, désespérément vide de gens et surtout d'enfants de mon âge, et c'est là qu'on allait vivre!
Après un petit viron, une première petite virée matinale, je me souviens que je rentrais à la maison en disant:
- Maman, maman...
- Quoi, mon petit? Qu'est-ce qu'il y a?
- Je m'ennuie ici... Qu'est-ce que je m'ennuie...
Ma mère demeura sans réponse. Et je passai toute la journée avec ma mère à éplucher des patates, des carottes ou des haricots et à faire toutes sortes de corvées...mais des copains, je n'en avais plus, je n'en aurais plus jamais à la maison!
A mon réveil, j'entendis un bruit de casserole dans la cuisine mitoyenne. C'était ma mère qui préparait le petit déjeuner, comme elle a toujours su si bien le faire tout au long de sa vie. Bien emmitouflé dans mon lit de fer, sur ma paillasse, à demi réveillé, j'entendais les moindres faits et gestes de ma mère. Là, elle ouvrait le placard grinçant pour prendre du café en grains, puis elle ouvrait le buffet de campagne pour prendre le moulin à café, elle vidait les grains dans le moulin et elle se mettait à le tourner à la main pendant que l'eau chantait ou bouillait dans les casseroles qui étaient sur le fourneau.
- ça y est! elle a fini de moudre, pensai-je.
Elle devait mettre la poudre dans la grande cafetière en fer émaillée de blanc que j'ai vue toute ma vie. Et l'eau chaude commençait à filtrer lentement, cependant qu'un parfum de café se répandait dans l'atmosphère. Je sens qu'il est temps de me lever, pensai-je égoïstement, le café au lait est prêt et j'ai faim.
Sur la table, je trouvais alors, après m'être levé, du pain et du beurre, une boîte en fer pleine de sucre, un bol, un couteau, une petite cuillère... Savoir s'il y aurait de la confiture aujourd'hui ? Pourrait-on en manger ?...
Et le chat ? Que devenait mon chat ? Cette préoccupation dépassa soudain toutes les autres.
- Où est le chat ? demandai-je à ma mère, il n'est pas sorti ?
- Il est toujours dans le panier où on l'a remis hier soir pour pas qu'il s'en aille.
- Encore dans le panier ? dis-je scandalisé.
- J'attendais que tu te lèves pour le sortir.
Je me précipitai sur le panier d'osier et je tirai le bâton pour libérer le chat qui fit un bond de joie. Le pauvre! il devait être tout courbaturé.
- Donnons-lui un peu de lait de notre vache, dit ma mère.
Elle mit une goutte de lait dans une vieille assiette fêlée et la donna au chat qui, affamé, se mit à lever la queue de joie et à laper le lait avec sa fine languette.
- Je crois qu'il s'adaptera bien ici, dit ma mère, il sera mieux ici qu'en ville. On va le garder dedans pendant deux ou trois jours avant de le laisser courir dans le jardin ou autour de la maison.
J'étais content de voir manger mon chat.
- Et maintenant, bois ton café au lait qui se refroidit, dit ma mère.
A ce moment-là mon frère aîné, le Mariussou, entra soigneusement pour ne pas laisser partir le chat.
- Le Michélou ne va pas garder les moutons aujourd'hui ? dit-il.
- Si! il ira répondit ma mère, quand il aura fini de déjeuner.
- Quels moutons ? dis-je.
- Eh! bien, tu sais bien que l'oncle Gustou garde les moutons qu'on a achetés pour le Mariussou, il y a quelques jours ? Tu iras les garder maintenant, dit la maman.
- Les garder ? Mais je ne l'ai jamais fait!
- Ce n'est pas bien compliqué! L'oncle Gustou t'attend, il te montrera. Il est en train de les sortir... Il te montrera aussi les limites car il ne faut pas garder sur les terres des voisins...
Et à partir de demain c'est toi qui garderas le troupeau pendant les vacances... Il faut bien que tu te rendes utile!
Bon gré, mal gré, j'acceptai sans rechigner mais sans le moindre enthousiasme. Je n'avais vraiment pas envie de garder les moutons. Et la suite prouva bien que je m'ennuyais à mourir à regarder ces bêtes manger toute la journée. Et pourtant, ce fut bien ma principale occupation chaque fois que j'avais quelques jours ou quelques mois de vacances. Il faudrait bien que je me fasse à cette idée...
- Maman, répétais-je, le soir en rentrant, et plusieurs jours de suite, je m'ennuie ici dans ce pays... qu'est-ce que je m'ennuie!
Ma mère ne comprit pas ma détresse. En fait, mes malheurs ne faisaient que commencer...
Eno puto dé vido, une vie de chien, m'attendait ici, dans ce maudit pays perdu...
© Mémoires d'autiste, Michel Tramontane, 2008, ISBN 2-9509937-3-7 (Chapitre VII).
Phobie
Quand la mer se retire
Au soleil de midi
Quand sous les alizés
Elle monte lécher nos pieds entrecroisés
Quand la mousse écumeuse
Vient pétiller sur les galets
Et quand l’embrun fait frissonner nos chairs
Sous les soleils...
Quand la mer monte, monte, monte jusqu’à nos pieds
Et qu’elle se retire
Et qu’elle se retire...
Quand la mer se retire
Alors mon coeur se serre
Devant le vide qui s’agrandit
Et je m’agrippe à toi dans mon vertige...
Quand la mer revient à nous en rugissant
Menaçant de nous engloutir
Mais nous léchant les pieds
Quand elle monte, monte, monte jusqu’à nous
Alors, je sens renaître en moi des forces inconnues
Et je respire à pleins poumons
Et je vis pleinement puisque j’oublie de vivre.
Est-ce cela la vie
Est-ce cela la mort
Une alternance entre le flux et le reflux
Comme si l’on ne pouvait pas séparer l’un de l’autre
Comme si l’on ne pouvait vivre Qu’en craignant de mourir ?
Maintenant nous vivons
Quand la mer monte, monte, monte jusqu’à nos pieds
Et bientôt nous mourrons
Quand la mer se retire
Quand elle se retire
Quand elle se retire...
© Michel Tramontane
"Poèmes Méditerranéens" 1968, ISBN 2-9501967-0-5
et Romantica (Michel Teston) ISBN 2-9509937-1-0
Ci-dessous interprétation audio-musicale par l'auteur de "Phobie".