Les pics de vitesse

Publié le 08/08/2024 à 23:42 par cours-pour-le-plaisir Tags : homme sur animaux sport chevaux jeux course nature vie machine enfant

L'être humain n'est pas un sprinter né. 

L'homme le plus rapide de tous les temps sur 100 mètres, Usain Bolt atteint une pointe de vitesse de 44 km/h c'est un record absolu qui n'a pas été battu y compris durant les JO de Paris.

Un guépard peut atteindre 90 voir 100 km/h, certains lévriers 70 km/h sur de courtes distances.

Mais nous sommes endurants.

A l'époque de la préhistoire, les chasseurs coeuilleurs parcouraient sûrement 10 à 20 km par jour. C'étaient des nomades, comme peuvent l'être certains animaux herbivores, tels les gnous et zèbres, qui suivent des parcours de grandes migrations. Suivaient-ils les troupeaux migrateurs ?

Tout cela est difficile à dire.

On pourrait toutefois considérer que le trail running est le sport qui se rapproche le plus du comportement primitif de nos lointains aïeux, il fait ressurgir quelque chose enfoui dans notre ADN, c'est donc à mon sens une discipline noble qui nous fait voyager dans notre passé secret.

Pourtant l'être humain, même s'il n'est pas né pour le sprint du moins en comparaison d'animaux véloces tels que félins ou équidés, n'en est pas moins subjugué par cette discipline.

Pourquoi s'échiner à vouloir courir 100 mètres en moins de 10 secondes, quand nous pouvons faire. 10 fois 100 1000 ou 100000 mètres en quelques minutes ou quelques heures  ?

Courir vite, c'est bien, courir longtemps c'est mieux.

Si le sprint est la discipline reine des jeux olympiques, il n'en reste pas moins qu'il n'est qu'une composante de la course à pied.

Le sprint est cette faculté d'atteindre une vitesse élevée pendant un court laps de temps, ou une puissance si nous parlons de vélo ou d'haltérophilie, de manière à nous propulser. 

Ces quelques secondes peuvent être des dizièmes, centièmes ou millièmes lorsque l'effort est extrême. 

Dans un 5 ou 10 km, cette propulsion nous donnera la faculté de monter en régime. Cette intensité est appelée zone anaérobie alactique, c'est-à-dire au-dessus de notre intensité normale. Elle répond à une situation d'urgence, sans doute dans la nature est-ce la même qui nous fait sur-réagir à un danger réel ou supposé, un peu comme les gazelles qui aperçoivent le lion dans la savane, ou le crocodile surgir de la mare où elles s'abreuvent. 

C'est une réaction hyper rapide où notre cerveau lui-même perd ses connexions neuronales ordinaires. C'est ce qui dans la nature nous permet de rester en vie face à l'imprévisibilité.

En course, c'est un effort supra-maximal qui nous donnera l'envie de ''lâcher les chevaux'' pour dépasser un concurrent ou attraper un wagon d'autres coureurs, accélérer lors d'une arrivée serrée, ou sentir l'adrénaline lors d'un départ chaud bouillant. 

C'est la zone 3 dite de haute intensité.

C'est vrai que dans un marathon elle ne sera pas très utile, pas plus que dans une course de trail de plus de 20-25 km.

Les lactates prennent le relai et nous redonnent le contrôle sur notre organisme. Elles définissent la zone rouge, celle à ne pas dépasser mais que nous nous empressons de déborder pour notre propre plaisir, celui des spectateurs ou juste pour le désir d'un chrono. 

Les lactates vont nous réfréner et nous faire ressentir la fatigue. Elles vont chercher à nous ramener vers notre zone de confort, l'aérobie. Nous voyons alors les minutes défiler et notre meilleur temps s'éloigner. C'est alors qu'il faut relancer et pour surpasser la douleur, créer à nouveau cette perte de contrôle par notre cerveau, il sera nécessaire de renouer avec la zone 3. Cet instant peut être très furtif mais c'est de la nitroglycérine dans le moteur. Une pincée suffit pour relancer toute la machine.

En course à pied, notre foulée est irrégulière. Nous jouons avec la filière 3 en permanence comme l'enfant qui cherche à se soustraire à la surveillance de ses parents.

Ce moteur, cette impulsion il faut la travailler à l'entraînement pour la reproduire en compétition. 

Il faut pratiquer durant nos séances du fractionné court jusqu'à 1 minute pour retrouver cette sensation. 

Le chasseur, s'il veut attraper sa proie doit être en capacité de se surpasser et se transcender et c'est ce que nous devons rechercher aussi à l'entraînement. Pour autant nous devons à mon avis, mais je me suis renseigné et cet avis est partagé par la plupart des coachs que j'écoute sur les podcasts ou sur youtube, nous devons ne pas dépasser un effort de 8/10 pour ne pas risquer la blessure. Pour cela il faut se baser sur son ressenti en fixant après chaque séance de qualité une note de difficulté sur 10. 

En conclusion, je vous dirai que l'anaérobie alactique n'est pas une zone à négliger si nous préparons une course moins de 2 heures.

Elle nous donnera la faculté de nous surpasser le jour J. 

Sportivement