Cinq ans, 10 000 € et 140 jours pleins de voyage, c’est le temps qu’il aura fallu à Yves Robert pour réaliser son challenge.Originaire des Yvelines et désormais installé à l’Île-d'Yeu, il a évité les lignes à grande vitesse comme le TGV et s’est concentré sur les trains régionaux pour réussir son défi.

Il souhaitait s'arrêter dans chaque gare, à l’image de Marcel Proust, pour contempler "les noms des gares, qui ont toute une histoire à raconter." Son but ultime ? Terminer ce périple dans la plus ancienne gare encore en activité en France, la gare de Versailles-Rive-Droite, ouverte en 1839 et jamais remaniée.

Yves Robert à la gare de Versailles-rive-droite •© Yves Robert

Pendant des heures à bord des trains, Yves a observé le paysage et les passagers qui montent et qui descendent. 

Ce qui m'intéressait, c'était de voir le paysage, regarder par la fenêtre, même si parfois, l'été, la végétation dense masquait un peu la vue

Yves Robert

 

Un contact direct avec la France lui a permis de vivre des moments uniques, comme celui de la gare de Pontchâteau, où son grand-père est parti pour la Première Guerre mondiale, ou encore l’arrivée à la gare de Saint-Gilles-Croix-de-Vie "on est pas à Venise mais on en est pas loin."

Pendant des heures à bord des trains, Yves a observé le paysage et les passagers qui montent et qui descendent. •© Yves Robert

Au-delà des simples voyages en train, Yves a aussi vécu des moments marquants, comme ces rares arrêts à la demande sur certaines lignes. Il raconte : "Un jour, en Bretagne, j’ai frappé à la vitre du conducteur pour qu’il s’arrête dans une gare fantôme afin que je prenne une photo."

Il a également croisé des personnages hauts en couleur, comme ce couple se disputant bruyamment dans un train ou encore le conducteur du tire-bouchon qui effectue la liaison entre Auray et Quiberon qui klaxonne joyeusement pour saluer les passants.

Au total, Yves Robert a parcouru environ 200 km par jour à une vitesse moyenne de 33 km/h, mais chaque trajet avait ses particularités. "C'est quand même fatiguant de passer des journées entières sur la route, parfois pendant 7, 8, 9, jusqu'à 15 heures d'affilée." Malgré ces longs voyages, il n'a reçu qu'une seule amende en cinq ans en région parisienne.

Gare de Valencay •© Yves Robert

Son goût pour les voyages remonte à son adolescence, lorsqu'il a commencé à sillonner la France à vélo. À 15 ans, il réalise un aller-retour de 360 km entre Bois d’Arcy et Argentan. "Je suis accro aux déplacements sans but précis, un mélange de défi et d'originalité."

Sa passion ne s'est pas arrêtée aux frontières françaises : il a aussi fait le tour du monde avec sa femme, sans prendre l'avion.

Aujourd'hui, à 77 ans, Yves vient de prendre sa retraite et veut ralentir le rythme. "J’aimerais maintenant trouver quelqu’un pour écrire un livre sur mes voyages."

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