En pleine terre ou en pot, elle s’est invitée depuis des années dans les jardins des Français, séduits par son côté bohème et ses magnifiques plumeaux décoratifs. Très populaire, l’herbe de la pampa n’est pourtant pas sans danger pour nos écosystèmes.
Cette plante exotique, originaire d’Amérique du Sud, est pourtant considérée comme une espèce invasive. À ce titre, aux yeux de la loi, l’herbe de la pampa est formellement interdite – et vous pouvez être sanctionné si vous en avez chez vous.
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Depuis le 2 mars 2023 et un arrêté publié au Journal officiel du 6 avril 2023, la Cortaderia selloana (nom scientifique de l’herbe de la pampa) fait partie des « espèces végétales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain ». Envahissante, vraiment ?
L’herbe de la pampa, dont un plant peut vivre jusqu’à 15 ans, « se propage par multiplication sexuée », explique le Conservatoire botanique national de Brest. Les plumeaux mâles « émettent des graines par milliers que le vent peut transporter à plusieurs kilomètres à la ronde ».
L’herbe de la pampa est reconnaissable à sa taille et à ses grands plumeaux décoratifs. (©L.Bouvier / AdobeStock) Largement présente en FranceLa quasi-totalité des graines de chaque épi fécondé est fertile. Une fois déposées au sol, les graines ne mettent que trois semaines pour germer, si la température est favorable (22 à 25°C).
Conservatoire botanique national de Brest
Bien qu’elle soit tombée en disgrâce au fil des années, l’herbe de la pampa pose un problème majeur : elle est implantée quasi partout en France et elle est difficile à éradiquer.
Un coup d’œil sur la carte fournie par l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) met en lumière l’expansion de la Cortaderia selloana, présente dans les trois quarts de l’Hexagone.
« Surtout en Nouvelle-Aquitaine, en Occitanie et le bassin méditerranéen », énumère auprès d’actu.fr Sylvie Varray, chargée de mission « Espèces exotiques envahissantes » à la Fédération des Conservatoires d’espaces naturels.
Une menace pas que pour la flore localeQuand on importe une plante - ici, de l'Amérique du Sud à la France -, une période d'adaptation s'impose. Soit la plante ne survit pas, soit elle s'adapte, se reproduit.... Quand sa croissance devient telle qu'elle prend la place des espèces indigènes (locales) et qu'elle forme une population autonome, elle devient une espèce envahissante.
Sylvie Varray Chargée de mission "Espèces exotiques envahissantes" à la Fédération des Conservatoires d'espaces naturels.
Des racines profondes, une résistance au gel comme aux fortes chaleurs, des extraordinaires capacités de reproduction et de repousse… En plus d’une large présence en France, l’herbe de la pampa est (comme évoqué plus haut) difficile à éradiquer une fois installée.
Elle ne menace d’ailleurs pas que la flore : la santé humaine aussi, en raison de ses pollens « très allergisants », poursuit Sylvie Varray. Comme il s’agit d’une plante exotique, « elle ne libère pas ses pollens au même moment que les autres plantes indigènes, ce qui allonge la période au cours de laquelle les personnes allergiques souffrent du pollen ».
La chargée de mission pointe un autre problème (plus technique) causée par l’herbe de la pampa : « en poussant sur les rails, ses profondes racines fragilisent les installations ferroviaires », confie Sylvie Varray. Ce peut être dangereux pour la circulation des trains, « sans compter que ça coûte très cher en intervention ».
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Alors si on la croise très facilement en France, l’herbe de la pampa n’en est pas moins dangereuse. Raison pour laquelle le gouvernement a plusieurs fois fait évoluer la loi (depuis un premier arrêté en février 2018 et jusqu’à août 2024 plus récemment).
Depuis, conformément au Code de l’environnement, il est formellement interdit de détenir, d’utiliser, d’échanger, de commercialiser, de transporter et d’introduire en France des plants de Cortaderia selloana.
« Le Code de l’environnement s’adresse à tout le monde, les particuliers comme les professionnels », insiste Sylvie Varray. Quelques dérogations sont possibles, « mais dans un cadre très précis », comme l’étude en laboratoire.
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Vous en avez dans votre jardin ? Il va falloir arracher vos plants et les détruire.
Parmi les techniques d’éradication possibles listée par le Conservatoire botanique national de Brest, on peut compter :
- L’arrachage (mécanique ou manuel), un travail « long et difficile [qui] consiste à extirper la plante du sol en emportant le maximum de racines » ;
- Le bâchage des souches, pour empêcher la plante « de capter la lumière et retarde [r] voire annule [r] la reprise de la plante » ;
- Le traitement chimique, en recourant à des herbicides spécifiques aux graminées. Mais attention, « leur utilisation reste délicate en milieu naturel ».
Pour Sylvie Varray, il vaut mieux privilégier le compostage de la plante (une fois arrachée et broyée), ou aller déposer les plants en déchetterie – comme un déchet vert.
- L'herbe de la pampa est dans tous nos jardins, mais elle est pourtant interdite : attention à l'énorme amende
L'idéal est de gérer l'éradication de l'herbe de la pampa avant que les plumeaux ne se forment, car ce sont eux qui contiennent les graines. La formation des plumeaux intervient en août/septembre, c'est donc entre janvier et juillet qu'il faut détruire la plante.
Sylvie Varray Chargée de mission "Espèces exotiques envahissantes" à la Fédération des Conservatoires d'espaces naturels.article actu.fr https://actu.fr/planete/l-herbe-de-la-pampa-est-dans-tous-nos-jardins-mais-elle-est-pourtant-interdite-attention-a-l-enorme-amende_62177486.html