Les 40 Hadîths-An-Nawawî /Comment

TREIZIÈME HADITH

Abû Hamza Anas Ibn Mâlik (qu'Allah soit satisfait de lui), le serviteur du Prophète ﷺ, a dit que le Prophète ﷺ a dit :

" Nul d'entre vous ne sera véritablement croyant avant qu'il n'aime pour son frère ce qu'il aime pour lui-même ".

(Rapporté par Bukhâri 13 et Muslim 45, 71)

Sa parole : " Abû Hamza Anas Ibn Mâlik (qu'Allah soit satisfait de lui), le serviteur du Prophète ﷺ, Anas Ibn Mâlik Al-Ansâri est appelé le serviteur du Prophète ﷺ parce que lorsque le Prophète ﷺ arriva à Médine, Mâlik, le père de Anas, s'en fuit de Médine, parce qu'il détestait le Prophète. Il partit pour le Shâm [région englobant la Syrie, la Palestine, la Jordanie et le Liban] où il mourut mécréant. A cette époque, Anas était encore un enfant. Sa mère l'amena alors au Messager d'Allah ﷺ et dit : " Voici Anas, il va te servir ". Le Prophète ﷺ l'accepta, l'éleva et invoqua pour lui :

" Ô Allah, accorde lui beaucoup de biens et d'enfants et bénis lui ce que Tu lui accordes ".

(Rapporté par Bukhâri 1982, 6334, 6344 et Muslim 2480-2481 - hadith de Anas et sa mère Umm Sulaym)

Il fut au service du Prophète ﷺ pendant dix années, de son arrivée à Médine à son décès. Il obtint de ce fait de grandes vertus et fut élevé par le Prophète ﷺ, tout ceci découlant de la bonne conduite de sa mère (qu'Allah l'agrée).

Sa parole : " Nul d'entre vous ne sera véritablement croyant ", c'est à dire que sa foi ne sera pas parfaite et cela ne signifie pas l'annulation de la foi.

(Voir Kitâbal Imân Al-Kabîr dans Majmû' Al-Fatâwa 7/257-258)

Avant qu'il n'aime pour son frère ce qu'il aime pour lui-même. Cela signifie que celui qui n'aime pas pour son frère ce qu'il aime pour lui-même, sa foi sera incomplète. Ce n'est pas ici le frère de sang qui est voulu, " son frère " signifie tout musulman, puisque les croyants sont des frères, comme Il le dit (exalté soit-Il) :

" Les croyants ne sont que des frères ".

(Coran 49:10)

Il doit donc aimer pour son frère le bien qu'il aime pour lui, car les musulmans sont comme une seule âme et un seul corps. Tous sont peinés par les afflictions des autres et chacun d'entre eux se réjouit de la joie de l'autre, ils tirent profit les uns des autres et se repoussent le mal les uns des autres. Tels sont les musulmans.

Fait partie de ce qui est impliqué par la parole : " avant qu'il n'aime pour son frère ce qu'il aime pour lui-même " que le musulman déteste pour son frère ce qu'il déteste pour lui-même. Ainsi, de la même manière que vous détestez le mal et la nuisance pour vous-mêmes, vous devez les détester pour votre frère. Ceci implique que vous ne lui causez pas de tort, ni de mal, ni ne le trompez, ni le trahissez, puisque vous détestez ces choses pour vous-mêmes. Ce hadith fait partie des paroles concises du Prophète ﷺ qui contiennent beaucoup d'enseignements.

Il montre également, la perfection de la foi de celui qui dispose de cette caractéristique. Quant à celui qui n'en dispose pas, sa foi est incomplète. Il incite aussi à la fraternité entre les musulmans et les échanges d'intérêts abstraits et concrets. Parmi les intérêts abstraits : le conseil sincère et l'enseignement, ordonner le convenable et interdire le blâmable. Par les intérêts concrets : l'aide financière s'il y en a besoin.

Ce hadith ne se restreint pas à l'aide financière de votre frère, ce n'est pas l'unique but. Il implique quelque chose de plus important : si vous le trouvez commettant un péché, vous le lui interdisez et le conseillez en secret. Puisque vous détestez ce péché pour vous-mêmes, vous le détestez pour lui également. De même, vous lui enseignez si vous le trouvez ignorant d'une affaire religieuse, vous lui enseignez et le guidez. Ceci est plus important que de donner de l'argent. Il faut donc que ceci soit propagé aux musulmans.

Source : Commentaire du Live d'An-Nawawî p.200-202 - Cheikh Al-Fawzân