1000 films pour aimer le Western

LA ROUTE DE L'OUEST de Andrew Mc LAGLEN

The Way West 1957 USA

Sortie le 5 juillet 2024  chez Sidonis Calysta

Édition Collection Silver Blu-ray + DVD Présentation du film par Patrick Brion

« Robert Mitchum, star hors normes » : documentaire de Jean-Claude Missiaen + Galerie de photos + Bande-annonce

Voilà ce que nous appellerons un western hémiplégique : il fonctionne qu’à moitié : est-ce du seulement à l’ablation de vingt minutes d’un film qui dure néanmoins 120 mn ou simplement  à l’approche bipolaire ? Nous reviendrons sur nos propos après la présentation scénaristique

Un lot de courtes scènes mi comiques , mi sérieuses  ouvre celle-ci avec un humour facile et un esprit patriotique  qui donne dans le cinéma simpliste , moral et patriotique digne de celui d’un Walt Disney. L’histoire va se reposer sur 3 protagonistes imposants : William J. Tadlock (Kirk Douglas) un ex-sénateur veuf et père d’un enfant qui en 1943 dans le Missouri organise une expédition presque surhumaine qui va connaitre des drames   et  et des déceptions emmenant des colons vers les terres vierges de l’Orégon , Dick Summers (Robert Mitchum)  un guide et conseiller qui connait et même devine les difficultés de ce voyage éreintant et Lije Evans (Richard Widmark)

Ces premières trente minutes sont un peu pompeuses ;mais la trame va prendre un  autre cours et offrir une vision moins conventionnelle de ce monde migratoire où il sera question de frigidité, de frustration sexuelle , d’infanticide , d’adultère , de virginité ; phantasme thèmes qui furent  rarement évoqués dans le western genre familial

Pour concrétiser cela d’autres personnages vont entrer en jeu : Amanda Mack  (Katherine Justice ) qui refuse tout contact avec son époux Johnnie  (Mike Witney ) qui va regretter ses positions et son comportement qui vont l’amener au malheur  Mercy McBee (Sally Field) une écervelée  et  aguicheuse d’autres moins problématiques :  Rebecca Evans (Lola Albright ) attiré par les rêves pas si utopiques du sénateur et femme d’autorité Brownie  (Michael McGreevey ) son fils amoureuse de la provocatrice , le prêcheur Weatherby  (Jack Elam ) passager clandestin, hurluberlu adopté par tout un chacun. L’entreprise humaine va devoir lutter contre la nature rebelle et pas toujours acessible et à la rencontre parfois conflictuelle des indiens loin de se laisser mener par le bout du nez notamment après la mort accidentelle d’un enfant.

Rendons justice à ce western dévalué Le script est vigoureux malgré ce que nous avons souligné l’interprétation est forte et, la réalisation prenante. L’histoire est inspirée d’un roman de A.B. GUTHRIE reconnu comme un, chantre de l’Histoire de l’Ouest qui a vu ses romans adaptés au cinémaLa captive aux yeux clairs (1952) The Big Sky de Howard Hawks qui traitait de l’expédition de trappeurs vers le Haut Missouri chez les Indiens Pieds-Noirs et d’une rivalité -plus pesante que dans notre film - entre  deux hommes pour une indienne envoutante ,Duel dans la boue (These Thousand Hills) de Richard Fleischer 1959 . son travail traitait d’êtres marginaux , de conquérants nouveaux et d’êtres sans patrie réelle cherchant une terre promise fut traduit en France chez Actes Sud et souvent présenté par Bertrand Tavernier auquel il faudra rajouter ses romans policiers Wild Pitch (1973) sous le titreRetour de bâton, Paris, Gallimard, Série noire no 2347, 1994--- The Genuine Article (1977)Le Produit d'origine, Paris, Gallimard, Série noire no 2429, 1996 --- No Second Wind (1980)Les loups sont innocents, Paris, Gallimard, Série noire no 1827, 1981 .IL fut l’adaptateur  d'un roman de Jack Schaefer, pour un des plus beaux westerns : 1953 :L'Homme des vallées perdues (Shane), film de George Stevens et d’un autre de  en 1955 :L'Homme du Kentucky (The Kentuckian), film de  et avec Burt Lancaster,

L’adaptation de La route de l’Ouest est signée Ben Maddow, Mitch Lindemann é scénaristes pour deux tons narratifs et nous aimons à penser que l’insertion hardie de la sexualité est due plus  au premier au lire de sa filmographie marquée politiquement d’un esprit contestataire et libéral voire progressif :

BEN MADDOW  : 1948 : Les Amants traqués (Kiss the Blood Off My Hands)de Nicholas Ray –  1949,Intruder in the Dust de Clarence Brown (une adaptation du roman de William Faulkner )1950 Johnny Guitar de Nicholas Ray-- 1958 : Le Petit Arpent du bon Dieu (God's Little Acre) une adaptation du roman d'Erskine Caldwell  , 1960 : Le Vent de la plaine (The Unforgiven) de John Huston.Certains de ses écrits furent signés par un tiers car Il fit partie de la liste noire de Hollywood durant les années 1950, l'obligeant à travailler clandestinement

Ces œuvres néanmoins aussi puissantes que les romans dont ils s’inspirent et dérogent à la bienpensante morale en soulevant des comportements inhabituels emplis de forte sexualité et d’interdits

Le sieur ANDREW V. MCLAGLEN  signait ici son sixième western  et huit autres suivront notamment joués par James Stewart :  Les Prairies de l’honneur (Shenandoah)-- Bandolero ! 1968 peut-être le plus réussi des trois de cet acteur-)   et John Wayne : 1963 : Le Grand McLintock (McLintock!) 1963-- Les Géants de l'Ouest (The Undefeated) 1969-- Chisum 1970

il était le fils d’un acteur fordien Victor McLaglen (1934 :La Patrouille perdue (The Lost Patrol) - 1948 : LeMassacre de Fort Apache (Fort Apache)-- 1949 :La Charge héroïque(She Wore a Yellow Ribbon-- 1950 :Rio Grande—et surtout 1952 :L'Homme tranquille (The Quiet Man) et avait été assistant pour Budd Boetticher (1951 : La Dame et le Toréador (Bullfighter and the Lady)) , Ford  (1952 : L'Homme tranquille (The Quiet Man)) et surtout William A. Wellman (1953 : Aventure dans le Grand Nord (Island in the Sky)-- 1954 :Écrit dans le ciel (The High and the Mighty -- 1954 :Track of the Cat  un western peu connu et qui mériterait de l’être -- 1955 :L'Allée sanglante (Blood Alley) .Ceux-ci furent moins ratés

Son apport au western se concrétisa aussi sur le petit écran il réalisa 96 épisodes du western le plus long de l’histoire de la télé (Gunsmoke 1955-1975) 116 épisodes de   Have Gun - Will Travel (1957-1963) quelques-uns de Rawhide entre 1959 et 1962 et de Gunslinger 1961 avec l’acteur qui ne perça jamais Tony Young

 Fort étonnamment ou justement le reste de sa filmographie, des films de guerre surtout (La percée d'Avranches (1979)Steiner - Das Eiserne Kreuz, 2. Teil  avec pourtant des statues : Richard Burton, Rod Steiger--- Le commando de sa majesté (1980) The Sea Wolves -- Les loups de Haute Mer (1980)North Sea Hijack  -- Les oies sauvages (1978) The Wild Geese  trois  histoires avec Roger Moore, Retour de la rivière Kwaï (1989) Return from the River Kwai) ne marqua point

 Il fut un artisan géant qui s’appliquà sur ses films donnant une filmographie en dents de scie et néanmoins nous régale ; l’échange entre les indiens  venus demander justice et les colons est surprenante et les scènes d’action sont plus maitrisées que dans les oeuvrex précédentes ; sa mise en scène est plus maitrisée , plus concise et s’il n’a pas l’ampleur de ceux qu’il approchat , ; il n’en demeure pas moins un cinéaste à connaitre et cette œuvre reste la plus convaincante de son travail

Saluons le directeur de la photographie WILLIAM H. CLOTHIER au mieux de sa forme qui travailla surtout pour William  Wellman et McLaglen - une bonne dizaine de fois-  nous offre un panorama géographique superbe soulignant une nature aussi inhospitalière que belle

Les acteurs sont aussi pour beaucoup dans cette semi- réussite dont nous aimerions l’intégralité du sujet ( 142 mn)

RICHARD WIDMARK:  fut une des figures du genre  avec 1948 :La Ville abandonnée (Yellow sky) de William Wellman---- 1954 :Le Jardin du diable (Garden of evil) de Henry Hathaway--- 1954 : La Lance brisée(The Broken lance) d'Edward Dmytryk--- 1956 :La Dernière Caravane(The Last Wagon) de Delmer Daves --- 1959 : L'Homme aux colts d'or(Warlock) d'Edward Dmytryk ---The Alamo (1960)  ---1961 :Les Deux Cavaliers (Two rode together)  et 1964 :Les Cheyennes (Cheyenne autumn) de John Ford --- 1966 :Alvarez Kelly d'Edward Dmytryk --- 1969 :Une poignée de plombs (Death of a Gunfighter), de Don Siegel et Robert Totten . il peine à s’impooser non par manque de talent mais d’aspérités dans son rôle

ROBERT MITCHUM acteur passant pour un jean-foutiste joue un rôle de guide sans grande émotion c’est normal son rôle en manque un peu. Par rapport aux films qui suivent : en 1954 :La Rivière sans retour (River of No Return) d'Otto Preminger- 1956 :Bandido caballero (Bandido) de Richard Fleischer- 1959 :L'Aventurier du Rio Grande (The Wonderful Country) de Robert Parrish son plus beau rôle dans le genre - 1966 :El Dorado de Howard Hawks -- 1968 :Cinq Cartes à abattre (5 Card Stud) de Henry Hathaway- Ce genre ne l’exemptera pas des autres puisqu’il tournera avec William A. Wellman- Edward Dmytryk- Jacques Tourneur- Don Siegel- Lewis Milestone- Robert Wise- Vincente Minnelli- Josef Von Sternberg- Henry Hathaway- Stanley Kramer- Charles Laughton dans ce qu’il considérait modestement comme son seul film acceptable :La Nuit du chasseur (The Night of the Hunter) 1955 - Richard Fleischer- John Huston- Robert Aldrich- Fred Zinnemann- Stanley Donen- Joseph Losey- David Lean- Sydney Pollack- Andreï Kontchalovski- Martin Scorsese soit un pan géant de l’histoire du cinéma

La cerise sur le gâteau reste le sieur KIRK DOUGLAS qui servit fortement le genre au point d’en être  un des piliers du western à voir sa filmographie :

1951 :Une corde pour te pendre (Along the Great Divide) de Raoul Walsh --  1952 :La Captive aux yeux clairs de Howard Hawks -- 1955 :L'Homme qui n'a pas d'étoile de King Vidor --  La Rivière de nos amours de André de Toth --  1957 : Règlements de comptes à O.K. Corral  et 1959 :Le Dernier Train de Gun Hill de John Sturges -- El Perdido de Robert Aldrich et d’autres de moindre solidité

IL est impressionnant dans ce personnage de visionnaire , excessif  intransigeant et autoritaire , charmeur et frôlant l’antipathie sans aucun effort ; il est la cerise sur le gâteau , le rôle le plus fouillé et le plus charismatique . d’ailleurs des grands cinéastes hors du western firent appel à spn talent immense : King Vidor, Howard Hawks, Vincente Minnelli, Otto Preminger, Billy Wilder, John Huston, Joseph L. Mankiewicz, Elia Kazan, Stanley Kubrick ou Brian De Palma : Chapeau bas pour cet acteur qui quitta la scène  à 103 ans après avoir été aussi réalisateur , scénariste , producteur et écrivain ;(Il faut lire sa biographie première ;Le Fils du chiffonnier, en 1988.