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31.01.2025
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Rubrique "Le dévoilement du sens". Suite du billet N°2212.
Extrait de 3Le dévoilement rationnel du sens", A.Mendiri, Ovadia.
Prochain billet demain samedi 11 novembre.
Croire pour comprendre, comprendre pour croire
Cette confiance accordée à la raison conduisait donc à une très haute idée de l’homme. Pourtant, les millénaires qui ont suivi ont conduit tout à la fois à déchanter concernant ses capacités à répondre aux questions métaphysiques et dans le même temps ont considérablement renforcé la confiance qu’on pouvait lui accorder dans le domaine scientifique et technique.
Rappelons schématiquement de quoi il s’agit. L’histoire de la philosophie est marquée par une succession de systèmes depenséetrès divers dans leurs conclusions, aucun d’entre eux ne s’étant trouvé à même de s’imposer à tous les esprits, comme c’est le cas pour les mathématiques et aujourd’hui à propos de l’activité scientifique. En effet, à partir du XVII° siècle, l’humanité a connu une seconde révolution intellectuelle avec l’invention de la science moderne, invention où le rôle des mathématiques a encore été déterminant.
Il faut dire que jusqu’à cette époque, les mathématiques étaient considérées comme une science abstraite, entièrement rationnelle mais étrangère à la nature physique, et les sciences de la nature comme une activité concrète, essentiellement fondée sur l’observation attentive et rigoureuse de la nature. Or, Galilée notamment ainsi que les principaux physiciens du XVII ° siècle, ont inventé la science moderne dès lors qu’ils ont repris à leur compte l’intuition de Platon, elle-même inspirée par Pythagore et qui consistait à penser que le monde était structuré mathématiquement. Les mathématiques se présentaient comme le langage même de la nature.
En conséquence, les mathématiques, science des formes et des nombres et des relations entre les figures et les nombres, proposaient à la physique ou science de la matière en mouvement des structures au sein desquelles semblaient se couler les phénomènes naturels. C’est cette alliance historique entre les mathématiques et les sciences de la nature qui est à l’origine de la science moderne et qui lui doit ses développements considérables au XX° siècle, notamment avec Einstein et sa théorie de la relativité, véritable géométrisation du réel physique.
Ainsi, les mathématiques ne sont plus réduites aux opérations, somme toute limitées de simples mesures, mais sont-elles la colonne vertébrale de tout savoir scientifique. Rappelons, afin d’illustrer le propos, que sans la géométrie de Riemann, pour laquelle il n’y a que des courbes dans l’espace qu’il prend en considération, la physique de la relativité pour laquelle toute masse crée une courbe de l’espace, n’aurait pas pu trouver le langage adéquat pour être écrite.
Or, nul ne doute de la véracité et de l’efficacité de la science moderne et contemporaine. Cette efficacité est amplement vérifiée par ses applications techniques. Par exemple, l’industrie nucléaire civile et l’armement nucléaire n’auraient pu voir le jour sans les conclusions et l’avancement de la science théorique sur la composition atomique de la matière. Mais avons-nous affaire ici à un savoir incontestable ou plus précisément à un savoir authentique sur la nature du réel, savoir que la philosophie aurait été incapable d’établir ?
Avant d’apporter une réponse à cette question, revenons sur l’impuissance proclamée de la philosophie à aboutir à un savoir qui fasse l’accord des esprits à propos des grandes questions métaphysiques portant entre autres choses sur les origines ultimes du monde, sur son sens éventuel, sur l’existence deDieu, sur la nature intime du réel, sur nos destins individuels, sur la mort, sur la présence du « Mal » et a contrario de la beauté, du plaisir, des satisfactions de toutes sortes etc.
Face à cette impuissance, la raison s’est parfois résolue à l’expliquer, à la théoriser rationnellement. Telle fut l’entreprise de Kant au XVIII° siècle. Si la raison a échoué dans ce type d’entreprise métaphysique alors qu’elle a démontré avec éclat sa fécondité en matière mathématique et scientifique, c’est simplement parce qu’elle n’est pas faite pour cela. Son usage en matière métaphysique est stérile et illégitime. La raison, par l’intermédiaire de l’entendement ou de la faculté de comprendre, ne peut raisonner de manière féconde que sur des données offertes à son intuition entendue ici comme perception. Je puis utiliser mes facultés de l’esprit pour affirmer que si j’échauffe une barre de fer, elle va se dilater car la cause (l’échauffement) et l’effet (la dilatation) font l’objet d’une intuition sensible.
En revanche si je dis que tout a une cause, donc que le monde a une cause et que cette cause estDieu, mon raisonnement tourne à vide car ni le monde dans sa totalité niDieune sont des données de l’intuition sensible. L’entreprise métaphysique est vaine. La raison pure, c’est-à-dire la raison livrée à ses seules ressources, ne peut délivrer aucun savoir. Mais au-delà du fait qu’il s’agit d’une interprétation de l’échec de la métaphysique parmi d’autres, doit-on en conclure que désormais seule l’activité scientifique détient le monopole du savoir et a vocation à terme à répondre à toutes nos questions, y compris les questions de nature métaphysique ?
Cette croyance dans le pouvoir illimité de la science, qui a donné naissance au courant dit positiviste, est empreinte, selon nous, d’une grande naïveté. Notre jugement ne repose pas seulement sur son égale impuissance que l’entreprise philosophique à répondre aux questions métaphysiques. Car l’examen des conditions et des limites du savoir scientifique, et qui fait l’objet de ce qu’on appelle l’épistémologie ou réflexion sur la connaissance, relativise considérablement la nature du savoir délivré par la science.
Nous rappellerons à cet effet trois limitations fondamentales de ce type de savoir. En premier lieu, les vérités scientifiques, celles qui portent sur l’explication des phénomènes, bref sur les théories, sont des vérités provisoires. Elles n’ont de sens que par rapport au niveau du réel que l’on est à même de prendre en considération, grâce à nos moyens techniques d’expérimentation, aux outils mathématiques dont nous disposons, au savoir antérieur dont nous sommes tributaires. C’est ainsi que pour s’en tenir à un exemple spectaculaire, la physique classique de Newton considérait et vérifiait que la masse d’un corps, c’est-à-dire sa quantité de matière, était constante alors que la théorie de la relativité d’Einstein établit théoriquement et expérimentalement que la masse croît avec la vitesse.
En second lieu, nous ne savons pas si nos explications ou nos théories doivent être considérées comme de simples interprétations humaines du réel ou bien si elles correspondent de manière plus ou moins éloignée mais fidèle quant à la direction prise, au réel lui-même. Einstein, reprenant en cela une image proposée par Descartes, comparait les données de l’expérimentation auxélémentsdu cadran d’une montre mécanique. Nous observons ce cadran, les aiguilles, leur mouvement etc. et nous nous demandons comment cela peut fonctionner. Comment va-t-on procéder ?
En premier lieu, le chercheur va élaborer ou imaginer un mécanisme susceptible d’en rendre compte. Ce mécanisme sera testé expérimentalement s’il est à même d’expliquer tous lesélémentsque nous sommes en mesure d’observer à ce stade de l’avancée de la science. Peut-être d’ailleurs que plusieurs mécanismes différents pourront remplir cet office. Dans ce cas, les chercheurs choisiront le plus simple ou à tout le moins, ce qui est une conclusion assez proche, celui qui est le plus en accord avec le savoir antérieurement établi. Or, en dépit des résultats éventuellement positifs de l’expérimentation, qu’est-ce qui peut nous assurer que le réel, la nature,Dieusi l’on veut, n’ont pas inventé un autre type de mécanisme ?
Si c’est le cas, et rien ne permet d’écarter cette éventualité, la vérité scientifique serait de nature purement pragmatique. Elle serait telle en fonction de son efficacité, de son utilité en vue de prévoir la succession des phénomènes, et non en fonction de sa vérité, si nous entendons par vérité l’adéquation de nos théories avec le réel effectif. Or, il s’agit là d’un débat métaphysique au sein même de l’activité scientifique qui n’est pas tranché, si tant est qu’il puisse l’être un jour.
Enfin, une troisième limite caractérise l’investigation scientifique et celle-ci n’est pas une des moindres. La science ne peut par méthodologie que se poser des questions susceptibles de faire l’objet d’un contrôle expérimental. A ce titre, elle ne s’intéresse qu’aux aspects des phénomènes qui peuvent se mesurer, autrement dit à l’aspect uniquement quantitatif de ce qui est. Toutes les dimensions qualitatives du réel, que ce soit la question de sa beauté éventuelle, de son sens ou de sa raison d’être, des valeurs devant conduire notre action etc. lui échappent par la force des choses. Bref, par nécessité méthodologique, la science déserte la totalité des questions dites métaphysique ainsi que celles des valeurs. Le biologiste peut nous indiquer en quoi le clonage d’un être vivant ou d’un homme est théoriquement possible, il ne peut se prononcer sur sa réalisation éventuelle qu’en tant que citoyen et non en tant que scientifique.
A.Mendiri