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Rubrique "Cours: la liberté du sujet". Suite du billet N°2522.
Extrait de "Cours de philosophie", A.Mendiri, Connaissances et Savoirs.
Prochain Billet demain dimanche 16 septembre (Libres commentaires liturgiques)
Les conceptions de la liberté qui précèdent laisseront bon nombre de lecteurs insatisfaits. Car s’il faut, selon Spinoza, pour que le sujet soit libre, que le moteur de l’action humaine, à savoir le désir, soit traversé par la connaissance du bien de telle sorte que ce désir devienne désir du bien en question, il n’en reste pas moins vrai que ce n’est pas le sujet qui fait le choix volontaire d’acquérir cette connaissance et donc d’être habité par un désir qui le libère de tout autre choix, illusoire par définition. Mais en fin de compte il semble que ce ne soit qu’un concours heureux de circonstances sur lequel le sujet ne possède aucune prise volontaire que le désir devienne désir du bien et en conséquence expression d’une authentique liberté.
Il en va de même dans le cadre des conceptions de Nietzsche. Le sujet ne choisit pas la « volonté de puissance » qui l’habite. Il ne choisit pas les besoins qui sous-tendent cette « volonté de puissance ». Nous sommes à vrai dire très proche des conceptions de Calliclès, même si cette interprétation chagrine les disciples de Nietzsche, selon lesquelles il y a, parmi les humains, une élite capable d’assumer la vie et ses désirs sans retenue et un immense troupeau de « faibles » inapte à faire de même et qui, afin de se justifier, invente la morale pour culpabiliser les « forts » et si possible les empêcher d’étaler leur puissance, celle-là même que les « faibles » envient secrètement. Là encore, l’exercice de la liberté ne résulte pas d’un choix volontaire. Tout sujet est condamné à « devenir ce qu’il est ».
Il nous faut donc examiner les conceptions qui soutiennent l’existence d’une liberté dont le sujet est pleinement responsable.
Rappelons que le principe du déterminisme selon lequel tout phénomène possède une cause et que les mêmes causes, dans les mêmes conditions, produisent les mêmes effets, est un principe méthodologique sans lequel aucune activité scientifique n’est envisageable mais aussi, dans sa forme extrême, une conception métaphysique visant à ruiner toute idée de liberté. Intéressons-nous donc en premier lieu aux considérations de spécialistes des sciences humaines à propos des relations entretenues entre l’idée de déterminisme et l’idée de liberté.
C’est ainsi que le sociologue français Bourdieu (XX° siècle) souligne que le déterminisme, loin de conduire à nier l’idée de liberté, permet au contraire d’en souligner le caractère incontournable. Tout être humain est en effet soumis depuis sa naissance à de multiples déterminismes de nature différente, déterminismes sociaux, éducatifs, psychologiques, etc. Or, il va de soi qu’au cours de sa vie et en particulier au cours de son éducation, un individu reçoit des influences diverses et même contradictoires. Il se voit donc acculé à faire des choix parmi ces influences contradictoires et par là même est appelé à construire les éléments de sa propre personnalité. C’est par le jeu des déterminismes que la liberté du sujet est amenée à prendre forme.
Les théories de l’inconscient psychique élaborées par Freud semblent au premier abord ruiner l’idée de liberté. Dans « Psychopathologie de la vie quotidienne », Freud la remet en cause sans équivoque :
« On sait que beaucoup de personnes invoquent à l’encontre d’un déterminisme psychique absolu, leur conviction intime de l’existence d’un libre-arbitre. Cette conviction refuse de s’incliner devant la croyance au déterminisme. Comme tous les sentiments normaux, elle doit être justifiée par certaines raisons. Je crois cependant avoir remarqué qu’elle ne se manifeste pas dans les grandes et importantes décisions ; dans ces occasions, on éprouve plutôt le sentiment d’une contrainte psychique, et on en convient : « j’en suis là ; je ne puis faire autrement ». Lorsqu’il s’agit, au contraire, de résolutions insignifiantes, indifférentes, on affirme volontiers qu’on aurait pu tout aussi bien se décider autrement, qu’on a agi librement, qu’on a accompli un acte de volonté non motivé. Nos analyses ont montré qu’il n’est pas nécessaire de contester la légitimité de la conviction concernant l’existence du libre-arbitre. La distinction entre la motivation consciente et la motivation inconsciente une fois établie, notre conviction nous apprend seulement que la motivation consciente ne s’étend pas à toutes nos décisions motrices. Le chef ne se soucie pas des détails. Mais ce qui reste non motivé d’un côté, reçoit ses motifs d’une autre source, de l’inconscient, et il en résulte que le déterminisme psychique apparaît sans solution de continuité ».
A vrai dire, Freud condamne l’idée de libre-arbitre. Il rejoint tout à fait Spinoza en affirmant que cette idée est une illusion suscitée par la conscience et qui provient du fait que nous ignorons les causes qui agissent sur nous. En l’occurrence, les causes en question sont pour l’essentiel de nature inconsciente et à ce titre inaccessibles au sujet conscient. C’est à ce titre que Freud peut affirmer que « le déterminisme psychique apparaît sans solution de continuité », c’est-à-dire constitue une chaîne continue, sans interruption, de causes, puisque aux nécessités clairement identifiables et conscientes- lors de grandes décisions notamment- viennent s’ajouter les déterminismes inconscients qui par essence, nous échappent.
Pourtant, si on prend en considération l’ensemble des écrits de Freud, cette proclamation du « déterminisme psychique absolu » ne va pas de soi. Voici ce qu’il écrit dans « Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci » :
« …même en possession de la plus ample documentation historique et du maniement certain de tous les mécanismes psychiques, l’investigation psychanalytique…resterait impuissante à rendre compte de la nécessité qui commanda à un être de devenir ce qu’il fut et de ne devenir rien d’autre. Nous avons déjà dû admettre que, chez Léonard de Vinci, le hasard de sa naissance illégitime et l’excessive tendresse de sa mère exercèrent l’influence la plus décisive sur la formation de son caractère et sur sa destinée, le refoulement survenu après cette phase d’enfance ayant conditionné et la sublimation de la libido en soif de savoir et l’inactivité sexuelle de toute sa vie. Mais ce refoulement, après les premières satisfactions érotiques de l’enfance, aurait pu ne pas avoir lieu ; il n’aurait peut-être pas eu lieu chez un autre individu ou eût pu avoir bien moins d’amplitude. Il nous faut reconnaître ici une marge de liberté que la psychanalyse reste impuissante à réduire. De même, le résultat de cette poussée de refoulement ne peut être considéré comme le seul possible. Une autre personne n’aurait sans doute pas réussi à soustraire la plus grande partie de sa libido au refoulement, par la sublimation en soif de savoir. Soumise aux mêmes influences que Léonard, elle aurait subi soit un durable préjudice du travail de la pensée, soit une prédisposition indomptable à la névrose obsessionnelle. La psychanalyse reste donc impuissante à expliquer ces deux particularités de Léonard : sa tendance extrême au refoulement des pulsions et son extraordinaire capacité à la sublimation des pulsions primitives ».
Ce texte, contrairement au précédent, conduit donc à « reconnaître une marge de liberté que la psychanalyse reste impuissante à réduire » et, soulignons-le, non pas sur des aspects anecdotiques ou secondaires de notre vie psychologique mais sur des orientations fondamentales de notre personnalité. D’ailleurs, nous avions déjà signalé que la frontière entre la vie psychologique normale et la pathologie mentale résidait précisément pour Freud dans la perte de la liberté intérieure, absence traduite par l’expression « C’est plus fort que moi ».
Ainsi, comme nous pouvons le constater, de grands noms des sciences humaines, Bourdieu et Freud notamment, tout en donnant toute leur place aux déterminismes qui nous affectent, ne nient pas pour autant la liberté humaine. Bien entendu, ces conclusions purement empiriques, issues de leurs travaux expérimentaux, ne troubleraient guère les tenants philosophiques du déterminisme absolu comme Laplace ; ce dernier aurait pu faire observer en effet que cette liberté conservée n’est qu’apparente, car assise sur l’ignorance de la totalité des causes qui agit sur nous.
A.Mendiri