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Rubrique "Sens et statut de la foi". Suite du billet N°2535.
Extrait de Philosophie pour tous, Tome II, A.Mendiri
Prochain billet demain samedi29 septembre.
Le plaisir n’est donc pas une évidence. Ce n’est pas une sensation neutre. D’ailleurs la notion même de sensation introduit un ressenti qualitatif, une différence qui témoignent que l’Etre que nous habitons respire le sens. Le plaisir n’est plus un mystère mais la manifestation du sens. Mais comme nous savons, ce sens a ceci de particulier qu’il ne s’impose pas, qu’il n’est pas une évidence transparente, qu’il ne se dévoile qu’à l’analyse de la réflexion ou aux yeux de la foi. Car le plaisir est là comme une réalité qui va de soi, qui ne pose pas problème, qui amène seulement les êtres qui le connaissent à le maintenir, à le renouveler, à désirer qu’il se perpétue, tissant un lien et un attachement à la vie quasi instinctif et irrationnel. Le « mal » nous interpelle. Mais non le plaisir, une des manifestations du « bien ». Tous les hommes se posent la question du « mal ». Celui-ci inspire nos révoltes, nos rejets de l’hypothèse du sens, nos souffrances. Bien peu se posent la question du « bien ». Bien peu s’étonnent de sa présence et s’interrogent sur sa signification et sa portée métaphysiques. Le « bien » incarne la norme. La norme renvoie à une évidence qui ne fait plus problème. A la question « Pourquoi le mal si Dieu existe » devrait pourtant recevoir comme écho logique mais alors « pourquoi le bien si Dieu n’existe pas ». Certes, un tel constat ne nous dédouane pas de prolonger notre réflexion sur l’existence du « mal » et de tenter d’éclairer ses origines et d’en rendre raison. Mais c’est là un sujet d’étonnement qui signe incontestablement le tout début d’un questionnement véritablement philosophique en la matière.
Ce que nous avons développé concernant le plaisir peut se poursuivre d’une manière semblable à propos de l’existence de ce que nous appelons la beauté. Certes, la notion de beauté soulève très vite des objections que celle de plaisir généralement ignore. La beauté relève, dira-t-on, d’un jugement subjectif. Ce qui est beau pour un sujet ne l’est pas pour un autre. « Des goûts et des couleurs on ne discute pas » affirme le proverbe populaire. Pour beaucoup, après cette sentence, le débat est clos alors même qu’il n’a, à vrai dire, pas commencé. En somme le plaisir ne semble pas soumis à interprétations, tout au moins son existence en général alors que l’idée de beauté fait entrer le sujet dans la sphère de l’interprétation et de la subjectivité.
Pourtant l’analyse permet de redresser ces jugements à l’emporte-pièce. Il convient tout d’abord de noter que seul l’homme est capable de porter un tel jugement relatif à la beauté ou à la laideur. Cette possibilité de jugement est à l’évidence liée à la possession de la conscience et de la pensée. Peu importe dans l’immédiat qu’un accord spontané ou universel ne se fasse pas à propos de telle ou telle réalité. Ce qui pose un premier sujet de réflexion et d’étonnement c’est qu’un être, l’homme, est capable de se dévoiler et de juger telle ou telle réalité sous l’angle d’un jugement de ce type. Cela semble signifier que la réalité est telle qu’un tel type de jugement peut être porté et nous devons nous interroger sur l’origine ultime de cette possibilité.
Certes l’homme ne semble pas avoir l’apanage de cette sensibilité à la beauté des choses. S’il possède un privilège par rapport au monde animal, ce n’est peut-être pas la sensibilité à la beauté elle-même mais le fait qu’il en soit conscient et au-delà qu’il soit capable de créer de la beauté par la médiation d’œuvres d’art. Mais nous reviendrons sur cette dernière question ultérieurement. En effet, nul besoin d’être un éthologue de haut vol, d’être un spécialiste du comportement animal, pour constater que certaines formes, les apparences chatoyantes qu’elles revêtent, jouent un rôle dans les processus de reproduction au sein du monde animal. La plupart du temps, au sein des espèces animales, les mâles se caractérisent par des formes que nous jugeons belles, qui nous impressionnent par leur richesse au niveau des apparences, et qui semblent indispensables afin d’attirer l’attention des femelles. Notons d’ailleurs, de manière plaisante, que l’humanité inverse quelque peu la qualité des apparences entre ses composantes mâle et femelle. Notre espèce fait partie des exceptions, heureuses pour nos compagnes, en la matière. Mais tel n’est pas le problème essentiel qui doit, pour l’heure, nous occuper.
Ce constat est à la fois d’une grande banalité tout en soulevant des problèmes métaphysiques considérables. Il est vrai que l’humanité juge de la beauté des formes en fonction de son rapport particulier et spécifique à la réalité, à ses modes propres de perception et donc de dévoilement de cette réalité. Il y a là, indépendamment de toute autre considération, la nécessité apparente d’un jugement propre à l’espèce, bref les fondements d’une subjectivité, non pas ici individuelle, mais commune à l’espèce. Certes, si ce jugement propre à notre espèce est susceptible d’être porté, c’est sans nul doute que les formes qui se dévoilent s’y prêtent d’une certaine façon, qu’elles rendent objectivement possible un tel jugement. De même que pour la présence du plaisir, rien n’impose logiquement que la réalité soit telle que les formes et les différences qu’elles incarnent doivent engendrer cette sensation de beauté, cette émotion liée à sa présence à l’Etre.
Car proclamer que le jugement esthétique ou portant sur la qualité des formes est purement subjectif ou est une invention arbitraire de l’humanité est un bien pauvre argument. Si l’Etre était tel que ce jugement n’était pas possible, personne n’aurait pu le formuler. L’homme n’est pas un démiurge. Il ne se situe pas en-dehors de l’Etre. Il n’est pas étranger à l’Etre. Il est façonné de part en part par l’Etre qu’il habite. S’il est vrai que la beauté ne peut être l’objet d’un jugement absolu, éternel, figé, il n’en reste pas moins vrai que dans les relations spécifiques que l’homme établit avec l’Etre, certaines formes sont susceptibles de provoquer une émotion liée à une certaine sensation d’harmonie, de plénitude mais aussi, nous allons le voir, de gratuité, et d’autres pas. La présence de cette possibilité n’est pas une création de toutes pièces, un délire arbitraire de l’imagination, mais une présence qualitative qui s’impose et qui sourd des entrailles même de l’Etre. Il faut donc en rendre compte.
Qu’est-ce qui peut amener un sujet à ressentir l’impression de beauté et comment rendre compte que ce qui est beau pour notre espèce semble l’être également pour des espèces très éloignées si on en juge par l’effet que les apparences concernées peuvent jouer sur les membres de ces espèces lors de la reproduction notamment ? La première question est relative aux critères de beauté ; la seconde soulève le problème de son caractère apparemment général alors même que les capacités de perception sont, à l’évidence, différentes.
Doit-on dire que lorsqu’un sujet juge que des formes sont belles, cela signifie qu’il perçoit que ces formes sont parfaitement adaptées à leur fonction ou bien qu’elles renvoient à une forme de plénitude de l’être ou de la réalité concernée ? Mais qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire que d’évoquer « une forme de plénitude » ? Est-ce à dire que cette ou ces formes semblent avoir atteint une certaine perfection, autrement dit qu’elles semblent coïncider, faire corps avec l’ « idéal » de cet être ou de cette réalité ? Mais là encore, qu’est-ce qui se cache derrière les mots utilisés ? Ceux-ci ont-ils la capacité à nous donner des informations d’ordre ontologique ? A quoi peut bien renvoyer ce que nous avons désigné par l’ « idéal » des réalités concernées ? Veut-on dire par là qu’il semble que ces réalités sont ce qu’elles sont de part en part, qu’elles ne contiennent aucun non-être, qu’elles coïncident totalement avec ce qu’elles incarnent ?
A.Mendiri