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Par Anonyme, le 05.02.2025
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Par Anonyme, le 05.02.2025
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Rubrique "Le statut métaphysique de l'homme". Suite du billet N° 2626.
Extrait de Philosophie pour tous, A.Mendiri, Amazon Tome V
Prochain billet demain samedi 29 décembre.
Réponse à JP Castel qui défend la thèse de la violence spécifique liée au monothéisme abrahamique.
Votre analyse, très fouillée, très documentée, très universitaire en un mot, établit un lien étroit, consubstantiel entre monothéisme, idolâtrie et violence. Ce qui me dérange dans cette thèse c’est d’abord l’exclusivisme et le particularisme des liens entre ces trois notions ainsi que les sources causales de la violence que vous dégagez et enfin le caractère essentialiste ou anhistorique du propos.
Expliquons-nous sur ces trois points en explicitant un vocabulaire que vous jugerez sans doute, et de manière légitime, quelque peu jargonnant.
Je ne nie évidemment pas le lien pouvant exister entre la violence, tant au niveau des écrits que des actes, engendrée par le phénomène religieux et donc par la croyance en un Dieu unique. Je conteste la réduction des origines de cette violence au monothéisme dans le cadre strictement religieux, et plus largement le fait de n’aborder le phénomène de la violence que sous l’angle religieux. Pour ma part, en tant que philosophe, je suis convaincu qu’il ne faut pas s’arrêter en chemin au cours des entreprises visant à dégager le sens des choses et qu’il est impératif de remonter le plus haut possible dans la recherche causale.
A mes yeux, l’origine de la violence propre à l’humanité est d’abord d’origine anthropologique. L’homme est un être singulier au sein de la nature. Il ne possède aucun instinct, entendu ici comme canalisation naturelle imposée par son hérédité spécifique et ayant pour objet de lui permettre de s’adapter à son environnement et de préserver la continuité de son espèce. Cette absence d’instinct (hormis peut-être l’instinct de succion à la naissance) n’a rien d’accidentel. Si on prend en compte les théories de la sélection naturelle de Darwin, il semble que l’instinct entendu comme savoir inné, limité, stéréotypé, non seulement ne serait plus une aide mais au contraire deviendrait un handicap pour un être dont les capacités hors normes de son cerveau lui permettent désormais de tout apprendre et donc de développer presque à l’infini ses capacités d’adaptation.
Mais cette absence d’instinct présente une contrepartie extrêmement dangereuse, à savoir la possibilité pour un homme de déployer sa violence potentielle (c’est-à-dire l’agressivité propre à l’animal pour capturer ses proies ou pour conquérir les femelles vis-à-vis des autres mâles) sans aucune limitation naturelle ou plus précisément d’ordre strictement biologique. Cette agressivité animale peut devenir violence illimitée non seulement pour les motifs de l’animal mais peut s’appliquer ou s’étendre à des sujets purement culturels, donnant ainsi une extension des domaines de la violence sans commune mesure avec ceux que connaît l’animal.
Pourtant, il existe au moins trois antidotes à cette violence sans limite qui est source de la guerre intra spécifique, du viol, de la torture etc…(inconnues de l’animal) et qui met en danger son espèce, c’est la possibilité d’utiliser cette faculté qu’on appelle la raison, ou le cœur (au sens d’une forme de sympathie affective pour autrui) et la culture ou plus précisément l’éducation ou si l’on préfère l’habitude. Sans cela, la sélection naturelle se serait chargée de nous éliminer. Telle est la racine anthropologique, selon moi, de la violence humaine.
La civilisation grecque et la tradition philosophique à laquelle elle a donné naissance ont mis l’accent sur l’usage et le bon usage de la raison. Les textes bibliques notamment et plus particulièrement le Nouveau testament, sans compter ce que l’Occident désigne par l’hindouisme et plus tard le bouddhisme, ont mis l’accent sur le « cœur » comme source de connaissance et comme norme du comportement. A cet égard Pascal a même proclamé la supériorité du cœur sur la raison : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas ». Mais la raison, comme le cœur, ne sont rien sans l’éducation. Leurs potentialités sont actualisées par l’éducation. Les habitudes qu’elles façonnent deviennent « une seconde nature ».
Cependant, raison, cœur, éducation ou culture possèdent des perversions spécifiques, toute perversion étant un détournement du « droit chemin » ou de la norme. La perversion de la raison conduit, au XX° siècle, aux génocides planifiés, aux camps de concentration, au sens de l’histoire stalinien et ses massacres de toutes sortes à telle enseigne que certains ont pu dire de manière un peu précipitée que la raison était morte à Auschwitz.
« Le cœur » ou l’affectif ou la pensée intuitive fondée sur le sentiment peut dégénérer en passion destructrice et violente trahissant peut-être et même certainement un doute intérieur ravageur et que l’on veut conjurer ou masquer. De même enfin la culture peut susciter des éducations fondées sur la violence, cette violence étant la marque, comme chez l’individu, d’un symptôme de faiblesse, de blessure par sentiment de non-reconnaissance, par le souci d’affirmation de soi lorsque précisément sa valeur est vécue comme fort incertaine.
Quels sont au niveau des civilisations les médiations de ce besoin de violenter l’autre et de le dominer ? C’est d’abord la passion du pouvoir pour le pouvoir, le pouvoir qui devient non plus un moyen mais une fin en soi ; c’est la certitude que l’on possède LA vérité, que celle-ci soit religieuse ou politique, sentiment non traversé par la pensée critique (la raison) ou le doute (même si ce doute est surmonté) ; c’est enfin la défense aveugle des institutions qui sont les instruments de cette vérité ou de ce pouvoir.
Vous retrouvez là les éléments de la violence religieuse qui font l’objet de vos réflexions. Mais il convient toujours de démêler les perversions de ces messages de leur esprit, de l’authenticité de leur contenu. Le pathologique ne peut être juge de ce qui est sain. C’est l’inverse. De plus, il est nécessaire, lors d’une investigation philosophique qui ne s’arrête pas en chemin, non seulement de remonter jusqu’aux causes premières d’un phénomène, mais de s’attarder à la lente genèse de ce phénomène.
Expliquons-nous à nouveau sur ce point. Les Grecs ont magnifié la raison. Grâce au bon usage de celle-ci est née l’idée d’humanité au-delà des différentes cultures. Liberté et vérité partageaient désormais une communauté de destin. Cela n’a pas empêché Aristote de légitimer l’esclavage et Platon de justifier et de fonder la hiérarchie sociale. La philosophie des Lumières, la Révolution française ne se sont pas élevés contre la peine de mort ; ne se sont pas émus du sort des homosexuels, de la condition seconde des femmes, etc… Notre époque sera jugée sur le sort qu’elle réserve aux prisonniers et aux personnes âgées… En un mot, les potentialités de l’humanisme rationaliste ne sont pas entièrement déployées mais émergent peu à peu. L’homme est un être historique qui se dévoile (alethèia) peu à peu ce qu’est un homme.
De même concernant le « cœur », et donc la pensée religieuse. Le message chrétien est neuf. Il n’a que 2000 ans d’âge. Une éternité pour chacun de nous. Un temps infiniment court au regard de l’Histoire. L’institution Eglise (je pense en particulier à l’Eglise catholique) connaît toujours d’immenses rigidités en contradiction avec son message et dont certaines Eglises sœurs (Je pense en particulier à l’Eglise anglicane) mettent en lumière les évolutions qui seront inéluctablement les siennes.
Dès lors le combat contre l’idolâtrie doit se lire à l’aune des considérations qui précèdent. L’idolâtrie par excellence, du point de vue de la foi, c’est le refus de reconnaître la présence en soi de la transcendance, d’accorder crédit à son message, de vivre en conformité avec ce message, non par obligation mais par désir (C’est par excellence ce que St Paul désignait par la charité). Ce combat authentique exclut la violence. Mais il suppose que chacun de nous combattions cette soif violente de vie qui nous habite, que Schopenhauer appelait le « vouloir-vivre » et que les textes bibliques personnalisent mythiquement sous la figure du « démon ». Car cette violente soif de vie nous conduit à nous attacher exclusivement aux horizons de notre finitude, et la valeur de la vie ainsi que les satisfactions qu’elle peut apporter conduisent dans ce cadre au besoin de dominer sans partage, à n’importe quelles conditions, y compris au détriment d’autrui. Tel est le danger mortel, pour l’espèce d’abord et sans doute pour l’individu ensuite, de l’idolâtrie, c’est-à-dire de l’absolutisation indue (aux yeux des tenants de la transcendance) de la finitude et de la « chair » repliée sur elle-même (la « chair » considérée comme telle étant l’union indissociable du corps et de l’âme coupée de toute transcendance).
A.Mendiri