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3688 NOTION DE NATURE: L'IMPASSE THEOLOGIQUE

Publié le 29/04/2021 à 06:27 par cafenetphilosophie Tags : center demain image gratuit sur vie amour monde homme soi travail création dieu nature

Rubrique N°67 "Nature et impasses philosophiques". Suite du billet N°3681.

 

 

Extrait de Philosophie pour tous, Tome VI

 

 

Prochain billet demain vendredi 30 avril

 

 

  Lors du précédent billet, nous avons analysé en quoi la philosophie rationaliste issue des philosophes Grecs du grand siècle (V° siècle av. JC) défendait une notion de nature humaine qui relevait non du jugement de fait mais d’un jugement de valeur et donc d’un engagement philosophique ne pouvant s’imposer comme allant de soi pour tous les esprits, à l’image par exemple d’une conclusion mathématique.

   En effet, s’il est vrai que la raison est incontestablement le propre de l’homme, la fonction normative que lui attribuent les philosophes Grecs comme Platon ou Aristote, ne saurait être admise comme étant une nécessité incontournable et à ce titre exprimer une nature, tel que l’on conçoit habituellement cette notion de nature. Car celle-ci ne prend un sens que si elle s’impose à tous les êtres dont les caractéristiques ne sont pas choisies par eux et qui demeurent immuables, tout au moins par la médiation de leur action propre. La fourmi, non seulement ne choisit pas les caractéristiques de son espèce sur le plan comportemental, mais seules des contraintes extérieures à son espèce et a fortiori à son individualité peuvent éventuellement conduire à l’apparition d’une nouvelle espèce avec les nouveaux comportements attenants.

    Ce n’est pas le cas de l’homme qui peut librement choisir d’utiliser la raison afin de fixer les fins de son action en vue d’en exclure tout excès et d’être en conséquence raisonnable ou bien de l’utiliser uniquement en vue d’être efficace concernant l’action menée et donc de mieux servir éventuellement ses désirs effrénés ou ses passions les plus irrationnelles. De ce point de vue, dans la mesure où la nature n’impose aucun choix en la matière, il nous semble fort peu légitime d’évoquer pour l’homme l’idée d’une nature sur le plan des comportements. Ou bien, il est possible d’avancer plus modestement que la nature de l’homme consiste à en être dépourvue, dans la mesure où cette possibilité de choix pour l’homme n’est pas elle-même un choix mais un état de fait auquel nous n’échappons pas.

    Cette ambiguïté quant à la notion de nature se retrouve dans la plupart des religions, voire dans toutes, et en particulier concernant la religion chrétienne et plus particulièrement encore, à propos de sa branche catholique. Pourquoi donc ?

    Que les religions concernées avancent ou non l’idée de création divine, il semble aller de soi que pour un esprit religieux, la nature qui nous entoure et au sein de laquelle nous évoluons, est l’expression de nécessités qui nous dépassent et qui relèvent du divin ou d’une réalité absolue. Cette conception du monde est d’autant plus accentuée que nous avons affaire à des religions créationnistes et qui proclament par conséquent que l’ensemble de la nature et par conséquent la réalité humaine, sont l’œuvre de Dieu.

   Dans ce cas de figure, nous devons non seulement respecter l’ordre naturel (les esprits religieux sont souvent écologistes avant l’heure même si ce n’est pas au nom du respect de la nature pour elle-même mais au nom du respect de la volonté divine), mais qui plus est cette nature est plus puissante que nous et nous ne pouvons la maîtriser que très modestement et très partiellement. L’ordre naturel est un modèle par rapport auquel nous devons concevoir notre manière d’être et de nous comporter, d’autant que cela ne fait que respecter la volonté divine et ce, en vue de notre bien, à la fois immédiat mais également plus lointain, c’est-à-dire de notre salut, si nous entendons par salut la situation eschatologique où nous nous verrons délivrés de tout « mal ».

    Cette conception de nos rapports avec la nature et avec notre propre nature nous semble la clef de compréhension de la théologie catholique officielle concernant la plupart des problèmes sociétaux caractéristiques de notre époque. Nous pensons notamment à son rejet de la contraception d’ordre chimique ou mécanique, à sa condamnation de toute interruption volontaire de grossesse, à son rejet du mariage entre personnes de même sexe, à sa volonté d’exclure du champ des relations jugées normales les personnes homosexuelles, à sa défiance vis-à-vis de l’usage du préservatif qui fait obstacle aux processus naturels conduisant à la fécondation éventuelle, à tous les procédés de procréation médicalement assistés dès lors qu’il ne s’agit pas de personnes hétérosexuelles stériles, et enfin à toutes les techniques médicales visant à abréger volontairement la vie d’un patient dès lors que celui-ci désire simplement échapper à ses souffrances  ou bien renoncer à une existence qui a perdu pour lui tout sens.

    Toutes ces interdictions donnent aux yeux de nos contemporains une image inhumaine et complètement décalée par rapport à son époque à l’Eglise catholique. Pourtant, ces interdictions sont prononcées au nom certes d’une supposée volonté divine mais également par voie de conséquence pour le bien des hommes, puisque le Dieu qu’elle évoque est « infiniment bon ».

    Le paradoxe de ces positions très intransigeantes consiste dans le fait qu’elles ne découlent pas directement des textes dits « sacrés » auxquels l’Eglise se réfère mais au nom d’une théologie conçue au XIII° siècle par St Thomas d’Aquin (qui d’ailleurs à la fin de sa vie désirait brûler la totalité de son œuvre) et qui avait pour finalité de traduire en termes rationnels le cœur des croyances chrétiennes et ce, en s’appuyant sur la philosophie d’Aristote et plus particulièrement sur sa conception de l’idée de nature.

      Ce travail sans doute nécessaire d’acculturation, de traduction des éléments de la culture hébraïque dans les termes de la culture grecque, est à l’origine, selon nous, de l’éloignement de la théologie catholique de l’esprit même des écrits du Nouveau Testament et en particulier des Evangiles, et même, à de multiples égards des textes de l’Ancien Testament, c’est-à-dire, en définitive de l’ensemble des écrits bibliques.

    En effet, que nous disent, pour l’essentiel, ces textes ? Dès les premiers textes de la Bible, à savoir les deux récits de la Genèse, Dieu est certes à la source de la création, mais l’homme, créé « à l’image de Dieu », libre, créateur, responsable, se voit confier la mission de dominer la nature et d’achever l’œuvre créatrice. Mais encore faut-il qu’il accomplisse cette mission en étant fidèle à sa vocation, autrement dit en restant un être « à l’image de Dieu", étant entendu que Dieu est conçu comme étant « Amour » (St Jean) puisqu’il a renoncé à sa toute -puissance exclusive en partageant la valeur et le sens de l’Etre, tout ce qui est vraiment au-delà des apparences, avec une ou plusieurs créations. Il est « Amour » mais « Amour-agapè », amour gratuit, amour qui n’attend aucune contrepartie, puisque l’émergence libre de la création ne lui apporte aucun avantage ontologique particulier.

    De ce fait, il est demandé aux hommes de faire Alliance avec lui afin de partager la plénitude de son existence où tout Mal se verra éradiqué, où toute limite par essence liée à la condition de finitude sera surmontée. Cet appel à une Alliance de la part de Dieu ne relève pas d’un désir d’être obéi, d’une exigence morale, mais d’une exigence ontologique. Car si les hommes veulent partager la condition de la plénitude divine, faut-il encore qu’ils acceptent d’assumer la nature de cette plénitude, à savoir l’Amour-agapè.

    Mais les hommes sont des créatures libres. Elles peuvent à ce titre refuser, ignorer, ne pas tenir compte de cette promesse ontologique, ne pas y croire, la ranger dans le rayon des illusions et des mirages proposés par la croyance religieuse. Tel est d’ailleurs le péché par excellence. Le péché ne relève pas d’une faute morale, mais d’une erreur d’appréciation de nature ontologique.

    Toujours est-il que les hommes ont donc le choix entre être « à l’image de Dieu », fidèle à cette image, en particulier dans son action de maîtrise de la nature et de sa propre nature biologique ou bien d’inventer un type d’homme dégagé de ce lien réel ou illusoire établi avec Dieu. Là encore, puisqu’il y a choix, qu’il n’y a aucune nécessité imposant une manière déterminée d’être homme, la notion de nature humaine apparaît comme un mésusage sur un plan théologique cette fois, au même titre qu’il y avait un mésusage de cette notion lorsque les philosophes rationalistes faisaient de la raison raisonnable l’alpha et l’oméga de la norme devant être observée en vue d’être véritablement un homme.

   Il nous restera donc à examiner à l’aune de ces considérations l’ensemble des interdits prononcés par l’Eglise et qui, à ce titre ne nous semblent ni pertinents, ni légitimes et ce, au nom même de la foi qu’elle défend.

A.Mendiri